Édito - Il faut le dire

Dix-huit août 2020 : naissance d’un nouvel espoir pour le Mali – N°277

Il faut le dire…

Le chaos prédit par les alarmistes n’a pas encore eu lieu et tous les signes indiquent jusqu’ici qu’il n’aura pas lieu. Pourquoi ? Plusieurs arguments l’étayent, nous en citerons quelques- uns.
D’abord, contrairement en 2012 où la mutinerie a été brouillonne et menée par des hommes qui, à travers leurs premiers actes posés ont montré qu’ils étaient d’abord intéressés par l’appât du gain, les mutins du 18 août 2020 ont jusqu’ici montré leur maturité, leur discrétion, leur sens du devoir et la clarté de leurs objectifs qui ne sont pas en porte-à-faux avec ceux des manifestants du M5-RFP. Ensuite, en 2012, les mutins ont eu des manifestations contre leur prise de pouvoir. A contrario, en 2020, ce sont les citoyens qui ont salué leur action. Par ailleurs, ils ont réussi sans effusion de sang, à faire démissionner le président IBK qui, au préalable a usé de ses prérogatives constitutionnelles pour dissoudre l’Assemblée Nationale et le gouvernement.
Après, au centre, les initiatives de dialogues intercommunautaires qui avaient été amorcées dans les cercles de la région de Mopti se multiplient et se poursuivent. Ainsi, à Douentza par exemple, les jeudis 13 et 20 août 2020, sur l’initiative du chef de village de Douentza Boureïma Ali Cissé les chefs de tous les villages de l’arrondissement central se sont retrouvés pour trouver une solution à la vio- lence intercommunautaire. A Mopti, du lundi 17 au vendredi 21 août a eu lieu une rencontre qui a regroupé toutes les communes de la région où la violence sévit. De même, le désir exprimé par l’Imam Mahamoud Dicko lors du grand rassemblement du M5-RFP du vendredi dernier, à savoir : organiser une caravane de la paix avec les religieux et d’autres personnalités du pays, aura sans doute, une résonance favorable auprès des populations. Et même l’hydre terroriste dans sa composante malienne, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) sera favorable à cette main tendue de l’Iman car, sur le terrain, elle semble être à bout de souffle ; acculée à la fois par les FAMA et ses alliés et aussi par une organisation rivale l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS). C’est dire qu’au centre, la phase d’accalmie qui a été enclenchée pourrait se poursuivre si elle est accompagnée par les nouvelles autorités. Quant au problème du nord du pays, les premières déclarations des dirigeants de la CMA indiquent qu’ils ont bon espoir de sa résolution avec ces jeunes mutins « qui connaissent le terrain ».
Enfin, après quelques moments d’hostilité, la communauté internationale, à commencer par la CEDEAO, a compris que l’action militaire n’est que le parachèvement d’un soulèvement populaire et citoyen. Elle a aussi compris que toute action tendant à isoler le Mali ne pouvait au contraire, que renforcer l’union entre l’armée et son peuple.
Toutes ces raisons qui ne sont du reste, pas exhaustives, montrent que le chaos prédit ne se réalisera pas. Au contraire, un nouvel espoir est né. Ces derniers évènements nous donnent l’opportunité d’aller à une transition qui, bien menée et sans précipitation pourrait nous conduire vers une refondation du Mali afin d’en finir avec cette série cyclique de ruptures.

…sans rancune

Wamseru A. Asama

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