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Délinquance financière : Plus d’une cinquantaine de hauts fonctionnaires menacés par l’OCLEI

« Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. » Ce sont là les mots prononcés par Bah N’DAOU président de la transition à l’occasion de son investiture. Et les maliens sont là et ils guettent toute action gouvernementale et surtout les actions des organes et structures de lutte contre la corruption allant dans le sens de l’impunité zéro.

De ce côté-ci, les choses semblent bouger avec les activités de la dernière-née des structures de lutte contre la corruption : l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI), ce qui ne fait pas du tout plaisir à certains cadres et pas des moindres. En effet, plus d’une cinquantaine de hauts fonctionnaires, des syndicalistes renommés, des ex-ministres, des gouverneurs, des préfets, des ex-secrétaires généraux, des contrôleurs financiers, des agents de péages, des impôts et des douanes etc. sont concernés pour plusieurs dizaines de milliards de CFA et sont convoqués à répondre au pôle économique ! La lutte sera féroce car, déjà certains commencent à dire que les activités de l’OCLEI sont illégales.

Qu’est-ce qui fait que l’OCLEI provoque une levée de boucliers contres ses activités ? A analyser de près, c’est la méthode employée par cette jeune structure. En effet, à la différence des autres structures qui travaillent sur les irrégularités de gestion et de procédures, l’OCLEI s’attaque et s’intéresse directement aux biens mal acquis.  Dans une caricature simple, il fait les investigations sur les agents publics dont les réalisations (biens) en nature ou en espèces dépassent de loin leurs revenus légaux (salaires par exemple). Sa création qui est une conséquence de la ratification par notre pays de la convention des Nations Unies contre la corruption est une grande révolution dans les stratégies de lutte contre la corruption tant par la rapidité de traitement des investigations que par son caractère concret. Une maison, un champ, un compte bancaire, un terrain, bref un bien matériel ou financier est facilement traçable et évaluable en espèces, au besoin. Au Mali, l’impunité et l’arrogance des fortunes de certains agents publics dans les manœuvres frauduleuses avec des richesses extraordinaires choquent l’entendement et réduisent les cadres honnêtes à la malédiction voire au découragement.

L’OCLEI, par sa méthode est un temple difficile à percer. Sa discrétion et sa confidentialité faisant obstacle. Nos radars ont pu cependant ausculter quelques bribes d’informations qui feront trembler des prédateurs de la république en cols blancs dans les jours à venir. Ceux-ci n’expliquent-ils pas les sorties suspectes de l’UNTM contre l’OCLEI ? En effet dans son cahier de charges pour un préavis de grève de 72 heures à compter du 18 novembre, l’UNTM exige « l’arrêt immédiat des activités illégales de terrain de l’OCLEI » !

Plus d’une cinquantaine de dossiers concernant des anciens ministres, des directeurs nationaux, des gouverneurs, des préfets, des maires (anciens et en fonction), des contrôleurs financiers, des syndicalistes renommés, des agents de péages, des impôts, de douanes, des directeurs d’entreprises publics, etc. sont en route vers le pôle économique !  Des cadres des finances accusés d’enrichissement illicite de plusieurs dizaines de milliards de FCFA et supposés être de bailleurs de fonds des certains syndicats dont nous taisons volontiers les noms, ont été entendus il y a quelques jours au Pôle économique. Au cours de ses investigations, l’OCLEI aurait fait des découvertes de richesses déconcertantes chez tous ces cadres. Richesses évaluées à plusieurs dizaines de milliards de nos francs. Ainsi un agent qui ne touche pas plus de 400 000 (quatre cent mille) FCFA par mois, posséderait plus 200(deux cents) maisons et terrain à Bamako et environs ! Au nom d’un seul agent et de ses enfants, des transactions financières de 1à 5 milliards de FCFA par an. Ces différentes investigations auraient mis à nu des créations de sociétés fictives fournisseurs et prestataires essentiels des ministres et chefs de service, des auto-attributions en violation de toute procédure de plus 100 titres de propriétés. Cette pieuvre corruptrice aurait étendu ses tentacules sur tous les secteurs de la vie publique dont les syndicats. Il n’est donc pas étonnant que les syndicats dont une des vocations est la lutte pour la moralisation de la vie publique donc contre la corruption soit en porte-en-faux avec sa vocation en tentant d’intimider l’OCLEI, qui devrait être son allié naturel.

Habituellement, un syndicat se bat pour l’amélioration des conditions des travailleurs mais quand il profite de la faiblesse de l’Etat pour s’opposer aux opérations de moralisation de la vie publique, là le Pr. Clément Dembélé et les autres associations de lutte contre la Corruption auront de la matière et de quoi inonder la bourse du travail, siège de l’UNTM. A une autre époque, les auteurs de cette honteuse tentative auraient été corrigés « au lycée de Bamako-Coura » mais, comme tout semble toléré au nom de la « sainte démocratie » et de la liberté syndicale, alors taisons-nous et faisons confiance à notre justice 

Colombo

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