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Bah N’Daw serait-t-il porté disparu ?

La dernière apparition publique du président de la Transition dans notre pays, le Colonel-major Bah N’Daw remonte au 24 novembre 2020 soit exactement 10 jours. Selon un communiqué officiel de la présidence, il a reçu ce jour l’Ambassadeur du Qatar SEM Ahmad Abdoul RAHAMAN AL-SENADY, porteur de message de l’Emir du Qatar, Son Altesse Tamim Ben Hamad AL-THANI. Des images de cette audience ont été diffusées sur les antennes de la chaîne nationale (ORTM) et sur les différents comptes sociaux de la présidence.

Le lendemain 25 novembre, à la suite de l’augmentation exponentielle des cas de Covid-19, la présidence de la Transition a officiellement annoncé sur les réseaux sociaux que « Le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, SEM Bah N’DAW présidera ce jeudi 26 novembre 2020 à 9h, un Conseil Supérieur de la Défense sur la COVID 19. »

Cette réunion ne s’est pas tenue et Bah N’Daw est resté encore une fois aux abonnés absents.

Ce n’est que le lendemain 26 novembre que la présidence de la Transition a publié un communiqué lapidaire « En raison de la découverte d’un foyer de Covid 19 au sein de la Présidence de la République, le Conseil Supérieur de la Défense, prévu ce jour 26 novembre est reporté. Tout le personnel sera soumis à un test de contrôle et les locaux désinfectés. »

Présidence de la République du Mali

Ainsi donc, depuis l’audience du 24 novembre, jusqu’à ce jour 4 décembre le président Bah N’Daw a complètement disparu des radars à un moment ou des évènements extrêmes importants, nationaux ou internationaux, requièrent sa présence.

Ainsi, le président avait deux importants rendez-vous dans son agenda du 30 novembre.

Le premier était le sommet virtuel qui a réuni le 30 novembre les cinq chefs d’Etat du G5 Sahel, le président du Conseil européen, Charles Michel et le Secrétaire général de l’ONU António Guterres. Au programme : l’avenir de la force militaire sahélienne, la Coalition pour le Sahel, ainsi que l’opération Takuba.

Cette deuxième visioconférence, qui se tenait après celle du 28 avril 2020, outre la qualité des participants était de toute première importance pour le Mali. En témoigne la teneur du communiqué final qui a mis l’accent sur  au moins deux principaux points abordés à savoir :

– le point des engagements pris lors de la précédente rencontre, par rapport à la lutte contre le terrorisme dans les pays du G5 Sahel, en particulier en ce qui concerne « le rétablissement de la présence de l’État et des services de base dans les zones fragiles ;

– la question de la lutte contre la pandémie de la Covid-19, en particulier sur l’allègement de la dette que l’Union européenne a promis aux pays africains.

Selon Le président du Conseil européen, Charles Michel, cette question sera soumise aux membres du Conseil européen, qui s’est engagé à faire avancer, de manière coordonnée, les forums multilatéraux pertinents pour alléger la dette des pays africains.

A regard du menu de cette rencontre, l’on se rend compte que la présence de Bah N’Daw, sauf raison impérative était souhaitée. D’autant plus que la rencontre se faisait par visioconférence et qu’il n’avait même pas besoin de quitter ses bureaux de Koulouba.

Le même 30 novembre, mais à une heure différente s’est tenue la réunion inaugurale du Groupe de suivi et de soutien à la Transition au Mali (GST-Mali) mis en place par les partenaires du Mali, afin d’inscrire leurs actions dans un cadre commun.

Créé par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA lors de sa rencontre du 9 octobre 2020 au cours de l’examen de la situation de notre pays, ce groupe, co-présidé par l’Union africaine (UA), les Nations unies et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), doit accompagner et soutenir le Mali, qui fait face à des défis multiformes, dans la mise en œuvre de la Charte de la transition et de sa feuille de route.

Cette réunion, à laquelle participaient  le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine, la présidente du Conseil des Ministres de la CEDEAO, le Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations Unies et d’autres personnalités revêtait, aux dires du premier ministre Moctar Ouane qui présidait la cérémonie d’ouverture « une importance capitale en ce qu’elle est destinée à mobiliser les partenaires bilatéraux et multilatéraux au plan africain et mondial afin d’aider le Mali dans un régional et international particulièrement difficile.

Cette rencontre vise également à coordonner et harmoniser, conformément au mandat du Comité, les efforts des partenaires pour soutenir le Gouvernement de Transition et le Peuple maliens dans le cadre des priorités et des réformes contenues dans la Charte de la Transition. » Il a ajouté que « Le peuple et le Gouvernement du Mali apprécient hautement la présence à leurs côtés, de frères, voisins, amis et partenaires, disposés à nous apporter leur expertise et leur assistance, en vue de réussir la Transition en cours, expression de la volonté de notre peuple d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays, en posant les fondations devant lui permettre de mettre fin durablement à l’occurrence des crises. »

Qu’est-ce qui a bien pu empêcher le président Bah N’Daw d’honorer de sa présence la cérémonie d’ouverture d’une si importante réunion de haut niveau. Mais là ne s’arrêtent les questions sans réponse car il est de règle au Mali, que le Chef de l’Etat reçoive les hauts dignitaires d’Etats ou d’organisations internationales en visite officielle dans notre pays. Cette fois-ci, ces personnalités n’ont pas eu l’honneur de rencontrer Bah N’Daw. Personne n’oserait imaginer une faute protocolaire au vu du parcours et de la personnalité du Premier ministre Moctar Ouane, fin diplomate s’il en est. Alors refus ou empêchement dirimant du président de la transition ? Telle est la question.

Ce 30 novembre était assurément une journée chargée pour Bah N’Daw qui a fait annoncer qu’il s’adressera à la Nation dans l’Edition de 20h de l’ORTM.

Mais voilà, à l’Edition et à l’heure dites, de Bah N’Daw point. Or, et cela n’est pas anodin, il s’agissait de son premier message à la Nation. Il n’y eût non plus ni explication, encore moins d’excuses. Les maliens qui commencent à vivre le syndrome de la Covid-19 ont ainsi été laissés à leur sort. Et les questionnements devenaient de plus en plus insistants. Sans recevoir la moindre réponse.

Enfin, toujours sans explication, c’est le Premier ministre Moctar Ouane qui a présidé le Conseil des ministres d’avant-hier mercredi 2 décembre alors que le président Bah N’Daw est à Bamako.

Que se passe-t-il serait-on tenté de se demander. Bamako croule sous les rumeurs, les hypothèses. Malikilé, pour sa part s’en tient à des éléments factuels objectifs en écartant d’emblée des problèmes de santé. Car autrement les annonces sur l’adresse à la nation n’auraient pas eu lieu.

Il reste l’hypothèse de désaccords politiques au sommet qui amène un président nommé par son vice-président, chose unique dans les annales de l’histoire, à bouder s’il est contrarié.

A défaut de démissionner.

Moctar Sow, source Malikilé Numéro 743 du vendredi 04 décembre 2020

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