Édito - Il faut le dire

Il faut le dire – N°261

COVID-19: une opportunité pour repenser notre politique de santé publique

Il était une fois, un pays… ». Ces mots seraient certainement les premiers qu’aurait prononcés tout bon narrateur s’il lui était demandé de raconter comment il perçoit les agissements des maliens vis à vis du coronavirus, et particulièrement ceux qui les dirigent, politiquement, administrativement et moralement, autrement dit les dirigeants politiques, administratifs et les clercs c’est-à-dire les chefs-religieux : prêtres, pasteurs, ulémas, imams etc. Les agissements de ces dirigeants ressemblent à un des comptes des mille et nuits où prince et clercs à quelques exceptions près, sensés gérer leurs sujets ou leurs ouailles fuient leur responsabilité.

En effet, depuis l’apparition de cette pandémie, il faut reconnaître que le gouvernement à travers son ministre de la santé et des affaires sociales s’agite beaucoup. Toujours sur les écrans de télévisions ou dans les stations de radio, le ministre, avertissant les maliens de la dangerosité de ce virus. Il insiste qu’il faudrait donc s’atteler sur les mesures barrières afin d’éviter sa dissémination. Le ministre de la santé et des affaires sociales est devenu le communicateur N°1 dans le domaine du COVID-19. Ne serait-il pas plus judicieux de le nommer ministre du COVID-19 et de confier la santé et les affaires sociales à un autre ? Michel Hamalla Sidibé est même parvenu à faire du président IBK, l’icône du lavement des mains ! Il n’y a pas un journal télé où le président n’apparaît pas. IBK s’est adressé aux maliens au moins deux fois sur ce sujet. Comme d’autres présidents avant lui, le COVID-19 lui a donné l’opportunité d’avoir un slogan. Il a fait une an- nonce qui sera certainement la caractéristique de son ultime et dernier mandat : « Un malien, Un masque ! » On attend l’accomplissement de ce slogan.

Par ailleurs, le ministre pense-t-il être réellement dans son rôle quand il prend la place des acteurs de la lutte contre cette pandémie ? Ses sorties ostentatoires ne sont-elles pas en réalité une manière de voiler les insuffisances ? La preuve le personnel médical a été obligé de manifester pour obtenir ne serait-ce qu’un minimum d’équipement. Les patients d’autres maladies aussi dangereuses que le coronavirus, désertent les formations sanitaires et cessent de se traiter ! Pense-t-il à eux ? Jusqu’ici, quand vous sortez dans les rues de Bamako, la plupart des gens ne sont pas masqués et les kits de lavage des mains ne sont pas si fréquents. C’est dire que la campagne n’a pas pris. Monsieur le ministre du COVID-19 devrait revoir sa copie de communication, peut-être s’il se faisait plus discret et laissait la place aux vrais acteurs, les résultats seraient plus probants.

Quid de la position de nos clercs ? Ici il faut saluer le sens de responsabilité des chrétiens dont les clercs ont pris la décision de surseoir à toutes cérémonies qui regroupent un grand nombre de fidèles. En cela ils respectent la vie de leurs ouailles. Quant aux musulmans, il faut aussi féliciter les « tidjaniya » qui ont pris des mesures draconiennes pour épargner à leurs fidèles tout risque de contamination. Un des grands ulémas aurait dit, que ce ne sont pas à eux les religieux de décréter la fermeture des mosquées mais aux autorités. Il faut avouer ici que c’est une erreur de sa part. Le Mali est un pays laïc et que la responsabilité morale d’ouvrir ou de fermer une moquée revient d’abord aux fidèles de cette mosquée et principalement aux ulémas qui sont sensés comprendre et interpréter les textes sacrés. C’est donc une fuite de responsabilité, à moins qu’il y ait d’autres intérêts sordides dans le refus de fermer les mosquées pour cause de pandémie. Le gouvernement a été bien inspiré de laisser les ulémas décider, car autrement, on aurait eu une autre crise dans le pays.

…sans rancune

Wamseru a. asama

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