Édito - Il faut le dire

Sommet G5 Sahel à N’Djamena : la chaise vide d’Emmanuel Macron.

Un peu plus d’une année après le sommet de Pau (13 janvier 2021), sommet que nous avions à l’époque qualifié de « sommet serval » (cf. édito Delta News N° 251 du 15 janvier 2020 intitulé PAU : sommet serval), c’est-à-dire un sommet pour marquer son territoire, le président français Emmanuel n’a pas jugé utile de se joindre à ses pairs du G5 à N’Djamena. Une excuse est toute trouvée : la COVID-19. Comme les présidents africains sont « naturellement immunisés contre la COVID-19 », il n’est pas nécessaire qu’ils fassent eux aussi la politique de la chaise vide ! Mais, ce que le Président français, devrait savoir, s’il s’intéressait quelque peu à notre culture, c’est qu’en Afrique, on ne mange pas le repas de quelqu’un qui vous a invité à le partager en son absence.  Or tout le monde sait : que cela se tienne en Afrique ou en France, l’hôte d’un sommet du G5 est toujours la France. C’est donc elle, qui est toujours l’hôte et la politique de la chaise vide de son président ne peut être comprise pour la plupart d’entre nous africains. Il faudrait donc chercher ailleurs les raisons de cette absence physique d’Emmanuel Macron à ce sommet de N’Djamena.

 Toutes sortes de supputations, et de commentaires se font autour cette absence physique du président français. Pour notre part, nous pensons que son absence physique à ce sommet était prévue de longue date, c’est une des raisons pour lesquelles, il a convoqué un à un ces chefs d’état du G5 Sahel pour leur signifier ses attentes pour ce sommet. Les entrevues en tête-en-tête sont toujours plus ouvertes, plus détendues que des réunions en groupe. Par ailleurs, malgré les gesticulations de la diplomatie française, et la création de la force Takuba, les européens sont restés parcimonieux quant à leur aide et à leur participation militaire, à cette « guerre contre le terrorisme au Sahel ». L’Amérique n’a pas changé d’attitude, elle aide tout simplement la France d’abord pour avoir un regard sur ce qui se passe là, au Sahel et aussi pour lui signifier   qu’elle demeure une alliée sûre. La France a vainement essayé de mobiliser européens et américains dans cette guerre, comme elle l’a fait en 2011 contre la Libye de Kadhafi.  Enfin de compte, elle reste presque seule face à cette « guerre contre le terrorisme au Sahel ». Or, elleCett coûte chère et le peuple français se demande de plus en plus quelle est son utilité. Les élections approchent, l’année 2022 n’est pas loin. Il semble que le président français n’a aucune alternative à offrir à ses pairs, si ce n’est que la guerre. Comme elle est de plus en plus onéreuse en tout point de vue, il demandera à ses pairs du G5 d’en prendre les charges aussi bien matérielles qu’humaines. Il aurait certainement souhaité être porteur de bonnes nouvelles, mais comme il ne peut pas le faire et n’ayant aucune alternative à leur offrir, il préfère se consacrer à une réflexion profonde avec son équipe afin de trouver une solution à l’impasse actuelle tout en ayant en ligne de mire les élections de 2022.

C’est dire que nos dirigeants sont placés devant leur responsabilité : s’ils veulent que le Sahel retrouve la paix et la sérénité, ils devraient d’abord compter sur eux-mêmes.

…sans rancune

Wamseru A. Asama

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