Édito - Il faut le dire

ATT n’est plus !

En cette époque où le monde est devenu un village planétaire, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre : ATT est mort à Istanbul en Turquie dans la nuit du lundi au mardi vers 02h du matin.

Passés les moments d’émotions, la mort d’un homme d’état soulève toujours des discutions voire des polémiques autour de son œuvre. La disparition du président Amadou Toumani Touré, ATT pour le peuple malien, ne dérogera pas à cette règle. Les historiens se chargeront de cette tâche qui consistera à placer sa contribution dans la construction nationale.

Sans attendre ce que les historiens diront, les observateurs de l’histoire immédiate retiendront du disparu comme étant l’homme du 26 mars 1991. L’homme qui a su accompagner l’insurrection populaire enclenchée au Mali après vingt- trois ans de dictature militaire !

ATT est aussi l’homme qui a su conduire une transition exemplaire en remettant le pouvoir à un président élu, ce qui lui a donné une aura à travers le monde.

Son retour au pouvoir après une décennie par la voie des urnes en tant que candidat indépendant, a montré qu’il jouissait d’une certaine notoriété au sein de la population mais aussi au sein d’une certaine classe politique. Sa gestion « consensuelle » du pouvoir, a conduit peu à peu à la marginalisation des partis politiques. Mais cela lui a permis d’être un président bâtisseur.

Il a poursuivi l’œuvre entamé par le président Alpha Oumar Konaré dans la dotation du pays en infrastructures. Mais la politique du consensus l’a aussi amené malheureusement à la politique de l’impunité, qui a fait que le pouvoir a été banalisé. De même, il n’a pas échappé à la sempiternelle question de l’immixtion de « la famille » dans la gestion des affaires publiques. Il n’a pas non plus échappé au syndrome du 2ème mandat, car deux mois avant les élections qui lui aurait permis de passer la main, il a été déposé par une junte militaire.

Sur le plan africain, il faut reconnaître que ATT a été, un des présidents africains qui a condamné la déstabilisation de la Libye et qui a vu venir ses conséquences sur le Sahel. Il a toujours dit que le Mali seul ne pouvait lutter contre l’hydre terroriste. C’est bien plus tard, que les grandes puissances en l’occurrence la France ont vu la nécessité d’une force interafricaine telle le G5 Sahel.

En apprenant la mort du président dans un hôpital, à l’étranger, on ne peut avoir qu’un pincement au cœur. Comment plus de soixante ans après les indépendances, nous n’ayons pas encore d’un centre hospitalier digne de ce nom. Pourquoi au sein de la CEDEAO, on ne pourrait construire trois ou quatre centre hospitaliers inter-états où seraient concentrés des élites africaines qu’on mettrait dans toutes les conditions idéales de travail ? Ne laissons pas nos dirigeants ou ex-dirigeants mourir à l’étranger, cela devrait être une honte pour nous.

L’image que va laisser ATT ce sera certainement celle de l’homme qui a réussi une transition exemplaire en un moment où les pays africains cherchaient leur voie pour aller vers la démocratie. Pour le peuple malien, il sera ce président accessible, jovial et surtout simple. Dors en paix Amadou, comme on l’appelle au « sudu baba » !

…sans rancune

Wamseru A. Asama

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