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MALI 2021, 61 ans d’indépendance bien compté. La nouvelle diplomatie malienne entre flegme et sang froid.

Ces derniers temps, le Mali s’est trouvé sous les feux de l’actualité, une croisade d’ampleur a été orchestrée à l’international. Cette croisade multiforme aux tournures insidieuses, aux allures vicieuses, a été portée aussi et amplifiée par les seconds couteaux à travers des messages d’amalgame et de déstabilisation. Ceci expliquant cela, voilà tout le sens de la campagne médiatique et diplomatique dont le seul dessein était le pourrissement généralisé de la situation intérieure à des fins non encore avoués. Mais tout ceci a du bien, en cela qu’elle a permis de jauger nos capacités, de nous révéler à d’autres comme un État conservant encore ses attributs.

Les autorités actuelles de la transition malienne n’ont jamais fait mystère de leur volonté d’assumation réelle du pouvoir d’État, qu’on veuille faire échec à cela s’explique allègrement quand on sait que  » Les États n’ont pas d’amis mais ont des intérêts « . Mais il serait bon pour tous d’admettre que la nouvelle génération au pouvoir au Mali, ne mettra en avant que nos propres priorités. Malgré la faiblesse actuelle de notre État, elle refuse l’asservissement et le suivisme aveugle qui avaient cours dans la gestion des affaires publiques au Mali.

Oui, le ton et la posture ont bel et bien changé, désormais le Mali se fait respecter. La visite du Ministre des Armées Françaises, Florence PARLY, au Mali le 20 septembre 2021, marque le point de départ de relations plus équilibrées, de partenariat respectueux de notre État et de ses institutions. Rien de surprenant, Assimi GOITA ne traîne aucune casserole dans le milieu des casinos, il n’a pas non plus de penchant bling bling connu, pour être tenu voir subir par voie de conséquence chantage et diktat. Fort du soutien et de la volonté de millions de maliens, le Colonel peut marcher fièrement : aucun complexe démodé à cultiver et n’en déplaise au nègre de service, en mission commandée.

Hassoumi MASSAOUDOU a la mémoire historique courte, d’autres avant lui et BASSOUM, ont mieux incarné cette posture de suppôts. Ils sont tous relégués dans les poubelles de la mémoire collective des peuples africains. Le Mali ne sera jamais la 19 ème province de la CEDEAO, la CEDEAO n’est pas une fédération, à peine est-elle une confédération d’États. Cette CEDEAO-là, ferait mieux de revoir très rapidement son protocole additionnel sur les coups d’État constitutionnels et sur la bonne gouvernance pour enfin tenir compte des peuples dans leur désir d’intégration économique et de développement. Oui, la CEDEAO n’est pas l’Irak et le Mali n’est pas le Koweït. On ne refait pas l’histoire, Monsieur le Ministre…

Le Mali millénaire et éternel, bien qu’en ce moment affaibli et trahi par certains de ses élites, revient et revendique l’appropriation et la gestion de ses propres problèmes en dehors de tout paternalisme de mauvais aloi, de toute condescendance mal placée. Certes, nous restons ouverts à l’international, comprenons bien la nécessité et le besoin de coopération et des coopérations mais nul ne nous imposera un agenda caché en criant au loup le premier. Il reste également entendu que personne ne pourrait limiter l’horizon de nos relations, nous indiquer avec qui discuter et sous quel label.

Les thuriféraires et autres valets de la France-Afrique peuvent continuer leurs sirènes dogmatiques démodés, « ces militaires maliens sont au panthéon de la société et à mille lieux du banc de la société malienne et africaine ». Ils demeureront dans la respectabilité et dans la conscience de leurs compatriotes tant qu’ils resteront fidèles à la lutte du peuple pour plus de justice sociale, pour le respect de la dignité de l’homme malien. Oui, ces militaires maliens n’ont que faire de la démocratie de kermesse, incapable d’organiser le ramassage d’ordures dans nos cités ; incapable d’assurer l’adduction d’eau à nos communautés, dans nos centres de santé et dans nos lieux de cultes ; incapable de réguler la circulation routière dans nos cités (pour ne citer que les plus basiques de nos besoins en souffrance). Ces militaires et leurs peuples vous laissent la magie des élections, baquette de miracles qui règlent tous les problèmes. Nous avons ici, au Mali 238 partis politiques, plus de 100 syndicats, 42000 associations ; bien des élections ont déjà été organisées depuis 1992 et pourtant la situation est loin d’être reluisante. Alors chers Messieurs portent flingue, la solution immédiate à nos maux, n’est pas l’élection.  Gardez l’image d’épinal de la démocratie que vous voulez nous vendre, nous n’en sommes pas preneurs. Oui les nouveaux dirigeants maliens bien en phase avec la majorité de leurs concitoyens et totalement décomplexés, ne se laissent plus impressionner : voilà qui est difficile à admettre et à accepter.

La paire exécutive Assimi – Choguel par le calme et la sérénité opposés aux traquenards, aux jeux et enjeux de la géopolitique en cours, dérange et détonne. Dès lors, rien d’étonnant à la levée actuelle de bouclier contre le Mali et son peuple, contre la Transition et sa trajectoire. Le schéma et la méthode manquent d’originalité : Scoop RFI, rumeurs, sorties tonitruantes d’officiels français, recours aux services de supplétifs et mercenaires politiques africains. Eh bien, il faudrait certainement plus, pour distraire ces autorités actuelles de la transition.

Les négrillons et autres apatrides peuvent continuer de rêver, l’évolution de la situation au Mali présage des lendemains meilleurs, pourvu simplement que le pouvoir de transition continue de tenir bon et ignore menaces et intimidations pour faire de l’essentiel sa boussole. Les vraies menaces pour le pays et le régime seraient de renoncer ou d’amoindrir la lutte contre la corruption ou d’en faire un exercice sélectif ; de renoncer aux réformes dont le pays a tant besoin ; de précipiter la fin de la transition sous les pressions de toute sorte ; de continuer à l’infini de sous-traiter notre sécurité et notre quiétude.

 On voudrait soumettre la transition malienne à une forte zone de secousses, de turbulences, faire échec à l’organisation et à la tenue des ANR, faire échec à toute idée d’élections vraies au profit d’une mascarade électorale à relent de nomination. On insulte à longueur de journée notre intelligence et notre bon sens à travers chantages et menaces : sanctions de la CEDEAO, fermeture des frontières, entrave à la circulation des biens et services, fermeture des guichets de la BCEAO, des comptes extérieurs, gel des comptes individuels de responsables, interdiction de voyages pour les responsables et leurs familles, gel de l’apports des bailleurs de fonds (UE, BM, FMI …). « L’Essentiel des forces politiques maliennes » dixit Hassoumi MASSAOUDOU, cherche à faire peur aux populations, en laissant entendre que si le Mali ne donne pas droit aux injonctions d’aller aux élections pour Février 2022… les salaires seront gelés.

Eh bien la transition malienne ne sera pas escamotée, elle ne sera pas traitée comme un processus au rabais et elle sera belle et bien une affaire principalement malienne. Comme prévu, les Assisses Nationales de la Refondation se tiendront en temps et en heure. Aucun malien ne sera tenu à l’écart, tous ont leur place et leur mot. Mais qu’il soit également clair qu’au Mali, le vote n’est pas obligatoire, que la participation aux forums et assisses restent libre. Par conséquent, moult cadre de concertation (60 partis + 40 associations) ne saurait prendre le processus en otage. Les résolutions des ANR souverainement adoptées seront intégralement appliquées.

L’enjeu de tout cela, serait que le Mali ne serve de modèle en Afrique et ce bien plus encore après les évènements de Guinée Conakry du 05 septembre 2021.

Alors on ressort les vieilles recettes, sous la

  • forme d’exigence démocratique « la transition ne peut avoir qu’un seul objectif, organiser des élections et dans un temps limité »
  • menace de l’invasion russe (communiste) dans les pays d’Afrique.

La vraie folie pour nous autre malien, serait de continuer de faire les choses de la même façon et d’espérer un résultat différent. Les autorités de la transition – dans la droite ligne de la prise de conscience générale et des revendications populaires exprimées au cours des manifestations monstres de l’année 2020- l’ont compris. Ces autorités travaillent à mettre en place les éléments de reconquête de la souveraineté nationale, d’indépendance dans la prise de décisions majeures.

Le dispositif institutionnel et organisationnel de la Transition autour du Colonel Assimi GOITA (sans foire ni trompette) fonctionne globalement assez bien et l’entente cordiale entre les parties maliennes (Gouvernement, CMA et Plateforme) résiste au temps. Alors la machine est à l’œuvre, il faut affaiblir le Président de Transition et le rendre malléable et corvéable à souhait. Dès lors, la tête du premier ministre est mise à prix (WANTED Choguel Kokalla MAIGA). Tout y passe, il sera dépeint sous les traits d’homme clivant, de responsable chargé d’agenda caché, de leader sans base politique … En réalité, son seul crime aura été pour les partis de l’ex-majorité comme d’ailleurs pour certains de ses alliés du M5 RFP (qui jouent en sourdines),sa fidélité aux idéaux de la lutte du peuple et sa loyauté entière au Président de Transition.

Ce qui est entrepris aujourd’hui pour éjecter Choguel de la primature ne vise qu’une chose, rendre vulnérable le Président de Transition par l’imposition d’un premier ministre dit apolitique et soi-disant de consensus, mettre en place un gouvernement « inclusif  » à la sauce politique politicienne (leur exercice de prédilection). Tout cela, pour simplement brouiller les cartes et changer la trajectoire de la transition pour qu’en définitive rien ne change. Cela aussi, les maliens l’ont compris…

Alpha Sissoko, consultant communication, Tél : 77 60 73 40.

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