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Le piège du sommet FRANCEAFRIQUE de Montpellier : La Leçon.

Actuellement les relations entre Paris et plusieurs pays africains sont tendues à
cause de maladresses diplomatiques qui nécessitent un apaisement. Au même
moment, nous sommes surpris de constater que l’Élysée ouvre la brèche d’une
autre provocation celle de défier les chefs d’États africains par l’organisation du
sommet Françafrique sans les représentants officiels et légitimes du peuple
africain. Cette méthode est une remise en question de leur leadership, mais
surtout du concept international de l’approche bilatérale des relations inter-
Étatiques. Le concept de Françafrique est une variable indéterminée et floue qui
continue à hanter les peuples africains. Le sentiment populaire exprimé par les
africains au sujet de la Françafrique, réfère à l’expérience malheureuse qui a
abouti au contrôle de l’âme et l’identité culturelle de nos dirigeants. Comme
conséquence, ceux-ci sont devenus inféodés et assimilés. Plusieurs dirigeants
et politiciens africains qui ne sont pas encore désaffranchis et qui ont prêté
allégeance sont otages du piège de l’asservissement, devenant hélas ! captifs
des vertus illusoires de la méthode occulte de la Françafrique. Le récent sommet
impliquant la jeunesse africaine, tenu à Montpellier renferme tous les
ingrédients, toutes les séquelles liées aux conditions objectives d’une mutation
des fondamentaux de la Françafrique et une volonté affichée de reconquête d’une
catégorie d’africains susceptibles d’être considérés comme des sujets
vulnérables propices à une politique d’exploitation, d’instrumentalisation et
d’asservissement.
Malgré le changement de format, ce sommet n’est pas différent des autres
sommets antérieurs à cause de son caractère d’aliénation et son double visage
suspect. Le rideau ne s’est pas encore fermé complètement sur le sommet, que
déjà des révélations alimentent les réseaux sociaux sur le piège concernant la
délégation de jeunes maliens qui ont participé à cet événement. M. Ismaël Diallo
exprime son sentiment de honte en ces termes. « C’est du théâtre, du cinéma et
qu’il a pitié de ceux qui ont participé à ce sommet parce qu’ils sont manipulés »
Du côté de l’opinion publique, celle-ci s’intéresse aux motivations de la grande
mobilisation de la jeunesse africaine sur le territoire français autour d’une
activité de séduction dont les concernés semblent ignorer toute la mesure de
l’intérêt caché. D’après l’écho de certaines critiques, l’ombre du piège de la
Françafrique plane sur la « jeunesse africaine innocente » au cœur du débat. Pour
paraphraser M. Diallo, « ces jeunes qui prétendent représenter l’Afrique et les
africains sont-ils la voix autorisée pour faire valoir l’intérêt de l’Afrique, sont-ils
capables de donner du sens aux relations inter-étatiques, ont-ils la légitimité
suffisante pour être porteurs du bon message et l’essence de l’importance des
rapports entre la France et l’Afrique ?» Le système est aux manœuvres pour
conquérir l’esprit et le cœur des jeunes africains qui représentent la vitalité de
nos sociétés. Néanmoins, il faut reconnaître que parmi les participants, il y’avait

de jeunes intelligents qui ont démontré par la pertinence de leurs multiples
interventions qu’ils étaient loin de confirmer les impressions d’une jeunesse
dépourvue de jugement. Cependant leur participation à un sommet élevé au
niveau de l’instance Étatique, suscite des interrogations pour les raisons
suivantes : En vertu de quel statut et avec quel mandat sont-ils invités par le
président français qui prend l’initiative d’organiser un tel sommet avec des
jeunes africains ? le lieu, les objectifs et le format ont-ils été définis par la
présidence française ? Les moyens financiers ont-ils été déterminés et supportés
par l’Élysée ou par d’autres sources de contributeurs, et lesquelles? Des
questionnements qui méritent une réponse appropriée. La tenue de ce forum
ressemble à une manœuvre pré-électorale à la veille d’une élection présidentielle
Française en plus d’un contexte géopolitique défavorable à un président sortant
qui est devenu impopulaire en Afrique subsaharienne. Cette opération de charme
découle à la fois des contingences internes aussi bien qu’externes. Le
changement d’interlocuteurs s’explique par le désaveu des populations
africaines envers leurs élites politiques qui incarnent les fonctions de
représentativité inadéquate avec les officiels français. Mais également par la
stratégie classique de financer des activités d’une jeunesse en quête de repères
et d’opportunités. En contrepartie, il s’agit d’actionner certains leviers pour
influencer leur conscience afin de rivaliser et torpiller les actions de contestation
contre la politique française en Afrique, dont certains mouvements patriotiques
sont porteurs au Mali, Burkina Faso, Niger, Algérie, Sénégal, Gabon, Cameroun,
Centrafrique, etc. La légitimité de cette méthode reposera sur la possibilité d’une
instrumentalisation des jeunes qui accepteront de mordre l’hameçon et qui
seront fatalement récupérés pour s’opposer et déstabiliser des gouvernements
responsables, courageux et insoumis à un dictat. Un des malheurs de l’Afrique
c’est d’avoir été toujours trahie par ses propres fils insouciants et cupides. Une
partie de la jeunesse africaine semble avoir démontré qu’elle ne tombera pas
dans ce piège. Cette opération de charme, démontrée au cours du récent
sommet, a été dirigée personnellement par M. Macron après son expérience avec
les étudiants Burkinabé à Ouagadougou il y’a environ 3 ans. Il a voulu imiter
l’ancien président américain Barack Obama, mais les contextes sont différents.
De plus ils n’ont ni la même personnalité ni les mêmes approches, ni les mêmes
valeurs. Partout sur le continent africain, quelques soient les acteurs ou des
interlocuteurs sélectionnés parmi la jeunesse africaine, le concept de « sommet
Françafrique » est assimilé au syndrome de servilité, de domination,
d’infantilisation, d’aliénation et de soumission. Toutefois, nous convenons que
l’organisation d’un sommet fait partie des mécanismes des relations
internationales, lorsqu’il existe la confiance et le respect entre les partenaires.
OBJECTIFS D’UN SOMMET : Les sommets ont l’avantage de contribuer à un
rapprochement constructif entre des partenaires. Au cours d’un sommet, de 3

grands projets socio-politiques, économiques et militaires sont susceptibles
d’être discutés entre partenaires dans la recherche d’une vision commune pour
renforcer la coopération. Les acteurs sont généralement des interlocuteurs
économiques, politiques, économiques et militaires. Ce qui n’était pas le cas avec
le récent sommet de la jeunesse. Plusieurs observateurs étaient curieux de
connaître le véritable objectif recherché.
Nous savons que le « sommet définit des orientations dans un cadre stratégique.
Il adopte toute résolution qu’il juge nécessaire au bon fonctionnement et à la
réalisation des objectifs ». Le député français Sébastien Nadot qui siège à
l’Assemblée Nationale s’exprime dans un communiqué daté du 8 octobre, au
sujet du sommet de Montpellier dans lequel dit-il ? « Rarement aura-t-on vu
pareille mise en scène orchestrée par l’Élysée qui ne s’embarrasse plus de rien »
« il soulève le paradoxe de ce sommet Françafrique qui s’est déroulé avec un seul
chef d’État ». Il poursuit sa critique : « qu’il aurait été inconfortable pour M.
Macron de s’afficher aux côtés de dictateurs africains qui bénéficient pourtant
du soutien complaisant et intéressé de la diplomatie française » « Ayant choisi
de faire campagne sur le thème de la jeunesse, Macron s’offre à lui-même une
belle estrade, entouré de représentants de la société civile et de la jeunesse
africaine ». M. Nadot s’interroge sur la qualité des invités à ce sommet lorsqu’il
dit : « mais là encore quels représentants? Les porte-valises des régimes anti-
démocratiques qui sévissent en Afrique. Finalement dit-il ? où est la jeunesse
africaine qui combat pour la liberté et la démocratie. Ceux qui ont à cœur la
démocratie de leur pays et attendent de la France une aide sincère en la matière
n’ont pas été invités, affirme le député » Il conclut que l’Élysée ne trouve pas
mieux que ce théâtre de faux semblants qui ne dupera personne. D’autres
observateurs pensent que l’objectif de ce sommet vise à préparer une nouvelle
classe politique de décideurs en Afrique. Autrement dit la reproduction d’une
espèce de futurs politiciens formatés, semblables à ceux qui existent déjà parmi
les dirigeants africains. Examinons maintenant le système de sommet
Françafrique depuis Jacques Foccart à Emmanuel Macron.
LES PERVERS DE LA FRANÇAFRIQUE : origine du concept
L’expression Françafrique a été utilisée pour la première fois en 1955 par l’ancien
président de la Côte d’ivoire Félix Houphouët Boigny pour définir les bonnes
relations qu’il voulait entretenir avec la France. Ensuite le concept a « été forgé
par l’auteur François-Xavier Verschave qui dériva alors ce terme comme une «
nébuleuse d’acteurs économiques, politiques, militaires, en France et en Afrique,
organisée en réseaux et lobbies. Selon François-Xavier, L’objectif visait
l’accaparement de rentes dont notamment les matières premières ». Ce système
répond à une motivation qu’il faut analyser.

MOTIVATIONS : Les observateurs ont identifié plusieurs motivations qui
justifient la mise en place de ce système qui désigne des réseaux d’influence
français. 1)- Assurer la place de l’État français au niveau international, grâce à
une « sphère d’influence » en Afrique de l’espace francophone, pour garantir un
nombre important de votes à l’ONU. Ce qui explique pourquoi la France conserve
le privilège de parler aux noms des pays africains et de recourir (à leur place), à
des résolutions en faveur ou contre ces États de l’espace francophone. 2)- Avoir
un accès privilégié aux matières premières stratégiques dans les anciennes
colonies africaines. D’après les archives « ces réseaux secrets, cachés au public,
ont tenté par tous les moyens de préserver l’accès privilégié aux ressources
naturelles de ces pays pour les multinationales françaises, détournement de
fonds, soutien aux dictateurs, atteinte à l’intégrité physique, financement
occulte de partis politiques » voir (https://moroccomail.fr/2010/07/31/une-
francafrique-aux-methodes-plus-fines-2 2010-07-31) .
François-Xavier, présente et décrit la méthode sur laquelle repose ce système.

MÉTHODE DE LA FRANÇAFRIQUE : Selon certains observateurs familiers de la
tenue des sommets, « il semble que certains chefs d’État, triés sur le volet
participent discrètement à des séances préalables de briefing, de préparation aux
discutions officielles » Cela dépend de la nature et de l’enjeu du sujet. Les chefs
d’État participants n’ont pas toujours les mêmes intérêts avec la France. La
méthode Françafrique privilégie souvent une approche par affinité, excluant le
principe de transparence lorsque l’intérêt et l’importance du sujet l’exigent. Les
jeunes participants du sommet de Montpellier doivent édifier les autorités de
leurs pays respectifs sur la méthode utilisée pour leur participation à cet
événement. D’après La thèse de Verschave, une grande majorité de présidents et
dictateurs africains des anciennes colonies françaises ont été mis en place,
soutenus et protégés par l’État français. Il cite ainsi feu Omar Bongo du Gabon,
feu Gnassingbé Eyadema du Togo, Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou
Nguesso du Congo-Brazzaville, Blaise Compaoré du Burkina Fasso, feu Idriss
Deby du Tchad, etc. La nouvelle configuration unilatérale des relations franco-
africaines à travers l’organisation du sommet de Montpellier est un dispositif qui
vise à contourner les chefs d’État africains, démocratiquement élus, pour les
éloigner des discussions sur nos questions nationales. Ils ne sont plus
considérés par Macron comme des interlocuteurs légitimes, valables et
crédibles. Cette façon cavalière de les écarter est un mépris et une atteinte grave
au principe de souveraineté et de respect envers nos États et nos peuples.
L’auteur Verschave dégage quelques caractéristiques de la politique qui sous-
tend le système paternaliste de la Françafrique.
La méthode d’exploiter la cupidité de certains africains égarés n’a pas changé
comme méthode de la Françafrique. Pour financer les activités occultes de ces
jeunes, on nous parle déjà de 30 millions d’Euros mis sur la table. Il n’y a rien à
comprendre sur le devoir à accomplir. Les autorités maliennes doivent demeurer 5

vigilantes et s’assurer de la destination et de l’utilisation des fonds qui seront
alloués aux organismes maliens.

CARACTÉRISTIQUES : Selon Verschave

« 1-) une politique africaine occulte,
totalement anti-démocratique, qui ne relève pas du Ministère des Affaires
étrangères mais qui est à la discrétion de la présidence, notamment à travers la
cellule africaine de l’Élysée et, dans une moindre mesure, le ministère de la
coopération aujourd’hui disparu selon l’auteur. Il dit que cette politique est
largement occulte et échappe à tout contrôle démocratique. L’organisation du
récent sommet impliquant la jeunesse africaine, n’échappera pas à cette
politique d’opacité, car les objectifs sont obscurs et ne changeront pas, excepté
la forme et l’image des sommets.

2)- Parmi les autres caractéristiques relevées
par Verschave, il y’a aussi une présence très importante de fonctionnaires
français ou d’attachés techniques dans les pays africains concernés, pour
conseiller, guider les responsables politiques africains. L’auteur ajoute un
troisième élément non pas le moindre,

3)- une ingérence notamment militaire
dans les affaires intérieures des pays concernés ( déstabilisation et
renversement de gouvernement), rendue possible par la présence de l’armée
française ou des bases militaires dans ces pays. Un jeune participant au récent
sommet avait évoqué cette situation. A la différence des anciennes puissances
coloniales, la France a toujours conservé des troupes dans les pays africains en
vertu de divers accords militaires plus ou moins secrets comme celui signé avec
le gouvernement malien et qui est devenu juridiquement caduque.
Paradoxalement, la France n’acceptera jamais de troupes étrangères sur son
territoire. Pour rappel, à la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1967,
la France avait sur son territoire métropolitain plusieurs bases
militaires utilisées par ses alliés occidentaux de l’OTAN. A cette époque, il y’a
eu la volonté française affirmée de: « modifier les dispositions pratiquées durant
cette période, afin de rétablir une situation normale de souveraineté dans laquelle
tout ce qui est français en fait de sol, de ciel, de mer et de forces, et tout élément
étranger qui se trouverait en France ne relèveraient plus que des seules autorités
françaises ».

En 1966, le général De Gaulle décide de faire sortir la France du
commandement intégré de l’OTAN. Voir
(https://www.lexpress.fr/informations/sans-titre_741768.html)

Expérience de coopération militaire : Avec la mauvaise expérience du Mali
en matière de traité de coopération militaire, les autorités maliennes doivent
envisager dans le cadre d’une éventuelle modification constitutionnelle, la
constitutionalisation de l’installation d’une quelconque base militaire étrangère
sur le territoire malien. Cette clause n’empêchera pas le partenariat en matière
de formation militaire et d’appui logistique. Les pays du sahel et de l’espace 6

francophone doivent privilégier des accords bilatéraux en matière de défense et
de protection des populations civiles
Conclusion : « L’expression « Françafrique » rappelle une pratique sulfureuse,
pernicieuse et horrible. Elle viole les principes et valeurs démocratiques. Elle est
utilisée en général de façon péjorative pour désigner la relation spéciale qualifiée
de néo-coloniale par ses détracteurs à tort ou à raison, établie (services de
renseignement, entreprises, barbouzes, militaires etc.; entre la France et ses
anciennes colonies en Afrique subsaharienne. Elle se caractérise par le rôle des
réseaux extra-diplomatiques ». L’organisation des sommets constitue le cadre
officiel de la rencontre politique des chefs d’États africains et le président
français. Beaucoup d’observateurs sont maintenant unanimes que la politique
française a de la difficulté à comprendre, se transformer et à s’adapter aux
réalités d’une Afrique émergente qui aspire à exercer sa liberté de choix et de
décision. C’est pourquoi l’initiative d’une quelconque orientation de politique
stratégique en Afrique, appartient désormais aux africains eux-mêmes qui
décideront avec quel partenaire coopérer, décider souverainement du contenu
des actions, du lieu et du format, en fonction de leurs intérêts nationaux.
L’immixtion et l’irruption de la jeunesse africaine dans des enjeux géopolitiques
et géostratégiques entre la France et l’Afrique est une mésaventure
dangereusement suspecte, car l’effectivité du pouvoir politique réel n’appartient
pas aux jeunes, mais plutôt aux décideurs politiques. Ce n’est pas leur droit à la
liberté de participer aux débats politiques qui en cause, mais leur ingérence et
substitution aux autorités africaines. Leur rôle deviendra utile aux moments de
choisir leurs dirigeants dans les bureaux électoraux. Ils peuvent aussi militer au
sein de la société civile et agir comme contrepoids à l’action des pouvoirs
publics, mais refuser de servir les intérêts étrangers au détriment de leur pays
respectif. Selon Ismaël Diallo, ces sommets sont inopérants « la France décide
unilatéralement que les sommets avec les chefs d’État africains ne sont pas
bénéfiques et utiles. Pour M. Diallo c’est une insulte à nos chefs d’État et au
peuple africain. Il dit que cette démarche est dangereuse et nocive lorsque la
France convoque, des jeunes de la société civile pour participer à un sommet.
Pour lui c’est « une suprême insulte, une erreur de lecture et de méthode » une
remise en question par la France de ses rapports officiels avec les dirigeants des
États africains » M. Diallo soutient que « Le temps a changé, les dirigeants
Français ne peuvent plus s’approprier le droit de donneur de leçon avec une
mission civilisatrice ». Nous invitons, tous les jeunes africains qui ont participé
au sommet de Montpellier, à une réflexion honorable et sérieuse sur la « leçon »

Boubacar Touré, juriste, Montréal, Canada

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