Édito - Il faut le dire

Les cent jours du CNSP

Il y a une tradition établie dans la presse française depuis le 19ème siècle : celle d’évaluer, de faire le bilan des cent premiers jours d’un nouveau pouvoir.  Cette pratique s’est répandue à travers le monde et le Mali ne fait pas exception. On considère que les cent jours sont ce qu’on appelle la période de grâce pout tout nouveau pouvoir, c’est pourquoi dans les cent premiers jours, l’opinion publique, la presse notamment reste indulgente aux bévues du nouveau pouvoir. Après les cent jours on suppose que le nouveau pouvoir a eu le temps de s’installer et qu’il est donc entièrement responsable des actes qu’il va poser.

Ayant pris le contrôle de l’appareil d’état le 18 août 2020, ce mercredi 25 novembre est le centième jour de l’accession au pouvoir du Comité National de Salut Public (CNSP). Quel bilan peut-on dresser de ses actions ?

L’une des réussites du CNSP et de son gouvernement est sans doute la remise en marche de l’école. Le problème de l’école étant celui de tout le monde, le retour des élèves en classe a largement contribué à baisser la tension sociale. Bien que cette trêve obtenue soulève d’autres problèmes, nous pensons qu’elle permettra au gouvernement et au monde de l’éducation de pouvoir revisiter toutes les conclusions des séminaires, ateliers et publications sur l’école et de les réactualiser. Dans le domaine de la sécurité, c’est un peu le statuquo. Les violences au centre n’ont pas cessé mais les FAMA semblent plus motivées.

Sur le plan politique, le CNSP a réussi à diviser le M5-RFP son allié naturel, ce qui lui a permis de mettre en place des organes de transition : présidence et gouvernement. Mais, cette façon cavalière de mettre en place les organes de transition n’est pas du goût de la classe politique dans sa grande majorité, c’est pourquoi on n’a vu apparaître une coalition atypique : les partis de l’ex-majorité ont rejoint le M5-RFP dans son renoncement à prendre place dans le Conseil National de Transition (CNT), organe appeler à jouer le rôle de l’Assemblée Nationale dans les conditions annoncées par le CNSP. C’est donc le blocage. Dans le domaine politique, il semble que le CNSP sous-estime tellement la classe politique qu’il pense conduire le pays sans elle. Il néglige même son allié naturel le M5-RFP qui a les mêmes objectifs que lui à savoir : la lutte contre la mauvaise gouvernance. N’étant pas lui-même, parti politique, on se demande comment le CNSP compte résoudre les problèmes politiques sans la classe politique ? On ne peut pas dire que toute la classe politique est pourrie. Et, même si cela est, on devrait pouvoir trouver des alliés d’un moment et à notre avis, le M5-RFP malgré son incohérence est son meilleur allié du moment.

Par son ambition de vouloir occuper tous les rouages de l’état sans partage, le CNSP s’isole politiquement et il n’est pas sûr qu’il réussisse dans son dessein de réaliser une transition qui conduira à la mise en place d’institutions qui contribueront à la refondation de l’état.

 …sans rancune

Wamseru A. Asama

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