Édito - Il faut le direLa UnePolitique

Est-ce la fin de l’acte II de la transition ?

A observer de près, cette troisième transition ressemble à une pièce de théâtre composée pour le moment de trois actes dont les deux premiers sont joués.
En effet, après la rupture intervenue en août 2020, il a fallu attendre le 21 septembre de la même année pour voir la nomination des premières autorités : le Président de la Transition Colonel-Major à la retraite Bah N’DAW et son Vice-président, le Colonel Assimi GOÏTA qui seront investis le 25 septembre, investiture précédée de la publication de la charte de la transition adoptée le 12 septembre à l’issue d’une Concertation Nationale Inclusive (CNI) de trois jours.

Deux jours après, le 27 septembre 2020, Moctar OUANE fut nommé premier Ministre de la Transition et la semaine d’après, le 05 octobre, la liste des membres de son premier gouvernement fut publiée. Ensuite, il a fallu deux (02) mois presque jour pour jour, le 04 décembre 2020 au Conseil National de Salut du Peuple(CNSP) l’organe militaire dirigeant,
pour nommer un Conseil National de Transition(CNT) avec pour attribution de légiférer en lieu et place d’une Assemblée Nationale élue. On pourrait donc dire à juste titre que la date du 04 décembre 2020 a été le point de départ de la transition dans sa première phase ou encore dans son acte I, car, entre- temps le gouvernement Ouane ne s’attelait qu’à gérer les affaires courantes, notamment les frondes sociales.


Malgré la mise en place des organes de transition et conséquemment, la levée des sanctions de la CEDEAO, la situation sécuritaire, politique et socio-économique n’a pas positivement évoluée. Ce qui a amené l’Imam Mahmoud Dicko, « le faiseur de rois » à qualifier les autorités de la transition avec une phrase très expressive, ironique et assassine, lors d’un
meeting d’une plate -forme politique en mars 2021 au Palais de la culture nous citons : «Un président distant du peuple, un premier ministre froid et un vice-président, je ne sais pas, ça suffit !»


La seule lueur de décrispation politique a été la création par le premier ministre, d’un Comité stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles (COS), un cadre où se retrouvent tous les partis ou regroupements de partis. La gouvernance de la transition ressemblait à une hydre à deux têtes comprenant d’une part le duo militaro-civil ou civil car composé d’un colonel-major à la retraite et d’un civil et d’autre part le Vice-président Assimi GOÏTA et ses
compagnons du CNSP. Et, dans une telle situation on sait que c’est le fusil qui commande. C’est donc tout naturellement que le duo civil ou militaro-civil fut remercié marquant ainsi la fin de l’acte I de la transition. C’était le 24 mai 2021.


Le CNSP s’est finalement résolu à faire participer à la gouvernance ceux-là mêmes qu’il avait écartés : le Mouvement du 5 juin et rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Et, l’investiture du Colonel Assimi GOÏTA le lundi 07 juin 2021 en tant que président de la transition suivie de la nomination d’un des membres du M5-RFP en la personne du Dr
Choguel Kokalla MAÏGA comme premier ministre le même jour, a consacré on peut le dire :
le début de l’acte II de la transition.


Avec le duo Assimi / Choguel, le moins que l’on puisse dire c’est que l’ennui n’a pas sa place chez tout observateur ou analyste politique. Ce duo a relevé l’hippopotame affalé dans les berges boueuses du fleuve Joliba et lui a donné du tonus nécessaire pour qu’il arrive à surmonter tous les défis qu’on lui a posés. On ne peut que le remercier pour cela car comme l’a si bien dit le défunt professeur Ki-Zerbo : « nan dara an sara » : si nous nous couchons nous sommes morts. L’hippopotame est debout mais n’a pas encore acquis toutes ses forces pour affronter tous les obstacles qui sont devant lui. Il lui faut changer de tactique et pour cela, le premier ministre devrait faciliter la tâche à Assimi en se retirant. Ce sera alors, nous l’espérons, l’ultime acte III de la transition qui sera entamé. Cela va le grandir et, après 05, 10 ans et même davantage, le peuple malien s’en souviendra et l’investira sans problème s’il voudrait accéder à la magistrature suprême. Le peuple malien n’est pas ingrat et il reconnaît le mérite. C’est ce qui s’est produit avec le défunt président IBK qui a été plébiscité en 2013.


…sans rancune
Wamseru A. Asama

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page