Édito - Il faut le direLa UnePolitique

Mali : faut-il avoir peur du désengagement militaire de la France ?

Depuis l’annonce du départ de Barkhane et de Takuba du Mali, des voix s’élèvent, bien peu il est vrai au Mali, pour exprimer leur inquiétude. Certaines pour exprimer leur doute sur la capacité de nos forces armées et de sécurité d’assurer la protection des biens et des personnes, d’autres pour la perte de leurs emplois suite au désengagement militaire français. Face à ce sentiment, la question naturelle qui se pose est : faut-il avoir peur du désengagement militaire français au Mali ?

Pour répondre à cette question initiale, il suffit de répondre correctement à cette question à deux volets : quel était l’objectif de cet engagement militaire et quel est son bilan ?

Au départ, dirigeants maliens et français étaient apparemment d’accord que l’objectif fondamental de l‘intervention militaire française en 2013 était de libérer le territoire malien de l’emprise terroriste et de préserver l‘intégralité territoriale du Mali. Pour atteindre cet objectif, la France a monté l‘opération Serval. Cette opération a été une réussite militaire et a donné satisfaction aux maliens jusqu’aux portes de Kidal, où les français ont dit halte à l’armée malienne. Et, depuis ce jour, le pouvoir central malien n’a aucun pouvoir réel sur ce qui est devenu une enclave « indépendante », ou du moins « autonome » au sein de la République du Mali. Cet état de fait est resté une arête au travers de la gorge du Mali. Par ailleurs, au lieu de se limiter à l’appui aérien et aux renseignements comme l’avait sollicité le gouvernement de transition de l‘époque, sans demander l‘avis des maliens, les français ont de façon unilatérale
mobilisé des troupes au sol. C’était une deuxième arête au travers de la gorge du Mali !


D’autre part, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, sans consulter les autorités maliennes, l’opération Barkhane a pris la place de Serval avec en prime une augmentation du nombre de soldats ! Malgré cela, l’insécurité s’est métastasée au centre du pays jusque- là épargné, avec des conflits intercommunautaires de violences inédites. Ensuite, ce fut la création du G5 Sahel, de Takuba, alors l’insécurité s’est propagée dans toutes les régions du Mali et même au-delà ! L’expérience a prouvé que l’accentuation du terrorisme a été proportionnelle à l’augmentation des effectifs des forces armées présentes sur le territoire national : triste constat !


A travers ce qui précède, la réponse à la question à deux volets est évidente : le bilan des forces militaires étrangères et singulièrement françaises sur le sol malien est globalement négatif. Néanmoins, à l’allure de l’évolution actuelle des succès des FAMA, il n’y a pas de doute : l’espoir est permis dans le domaine de la sécurisation du territoire national. Quant à ceux qui se soucient de la perte de leur emploi, qu’ils songent que ces forces armées n’ont pas
toujours été là et qu’il faudrait bien que chacun s’adapte à la nouvelle donne.


Cependant, les succès sur le théâtre des opérations ne devraient pas nous amener à occulter les aspects politiques et économiques de la crise. C‘est pourquoi, concomitamment aux opérations militaires, le gouvernement de transition devrait conformément aux vœux du peuple malien à travers les différents fora, ouvrir un dialogue avec nos frères armés « terroristes » et tous les partis politiques, initier des projets de développement local et d’autre part, renouer avec nos frères africains. C’est ainsi et seulement ainsi, que nous parviendrons à reconstruire la cohésion nationale et déjouer toutes les manœuvres de déstabilisation et d’isolation de notre pays.


En tout état de cause, on peut dire que le départ des forces armées françaises du Mali ne devrait provoquer ni inquiétude ni peur chez les maliens. Il devrait plutôt nous rasséréner et nous amener à plus de responsabilité avec comme slogan la devise d’un parti politique de la place : « Par Nous, Nous Pouvons ! »

…sans rancune
Wamseru A. Asama

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page