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Transition phase II : Est-ce la fin de l’état de grâce ?

Chers lecteurs et lectrices, heureux de vous retrouver après ces quelques semaines de vacances que la plupart d’entre nous a mises à profit pour accomplir avec dévotion ses obligations religieuses pendant le mois sacré de ramadan et célébrer avec piété la fête de l’Aïd el Fitr. Même si notre équipe était en vacances, l’actualité, elle, ne s’est pas arrêtée et beaucoup d’évènements significatifs se sont produits à travers le monde pendant ces vacances. Examinons certains qui se sont produits chez nous  et qui nous touchent directement et voyons surtout quelle lecture pourrait-on en faire ?

Avec la dénonciation des accords de défense avec la France par le gouvernement de Transition, intervenue le lundi 02 mai 2022, on peut affirmer que c’est la reconquête de la souveraineté nationale qui se poursuit. Il n’y a rien à dire ici, le peuple dans sa grande majorité est en symbiose avec le gouvernement. De même, les populations se réjouissent de la montée en puissance des FAMA car elles constatent, notamment au centre du pays, que la peur a changé de camp. Aujourd’hui ce sont les terroristes qui sont sur la défensive. La tentative de la France ou des organisations internationales dites de défense des Droits de l’Homme, tendant à ternir les succès des FAMA en les accusant de massacres des populations civiles n’ont pas eu d’échos favorables auprès de l’opinion malienne, au contraire, ces accusations ont plutôt soudé le peuple aux FAMA. Bref, dans le domaine de la sécurisation des citoyens et de leurs biens, le progrès est notable.

Mais tout le monde sait que la lutte contre le terrorisme est multiforme et que la victoire contre lui ne peut être totale sans la cohésion sociale. Et cette cohésion sociale ne peut être obtenue que par le dialogue. Le peuple malien l’a toujours compris car, la recommandation au dialogue est revenuue à l’occasion de tous les fora,  conférences,  symposiums et autres concertations. Mais force est de constater que dans ce domaine les lignes n’ont pas bougé de façon significative. Au contraire, il semble que la fracture entre les acteurs politiques s’est agrandie et pire, on n’entrevoit pas le remblai de cette fissure dans un futur proche avec l’actuel commandant à bord de l’exécutif : il s’agit  du Dr Choguel Kokalla Maïga. Loin de nous, un quelconque désir de lancer l’anathème sur ses actions, nous pensons sincèrement qu’il a beaucoup contribué à la restauration de la dignité du peuple malien. Mais, nous demeurons septique quant à sa capacité de rassembler les maliens  pour cette nouvelle étape de la lutte du peuple malien, qui nécessite d’autres qualités que le courage, l’audace et l’allant qu’il possède.

Pour aller de l’avant, il est absolument nécessaire de renouer le dialogue avec tout le monde. Pour cela, il faudrait à la primature un homme ou une femme tempéré(e), rigoureux (se) dont le patriotisme est avéré, qui a de l’empathie, une grande capacité d’écoute et de dialogue, qui connaît le pays et les hommes et femmes qui animent la vie politique du pays. Aujourd’hui, les autorités semblent dire : qui n’est pas avec nous, est contre nous. Il faudrait qu’elles parviennent plutôt à dire : qui n’est pas contre nous est avec nous.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Outre ses détracteurs que l’on pourrait qualifier de naturels, c’est-à-dire les partisans du régime défunt et les partisans de la transition phase I, le Dr CKM s’est aliéné, le soutien de potentiels alliés aussi bien en politique que dans la société civile. Ainsi, au sein même de son mouvement, le M5-RFP, il y a une fracture. De même, la plupart des acteurs du mouvement démocratique le qualifie de négationniste et de revanchard. Par ailleurs, dans la lettre qu’il lui a adressée la semaine dernière, vendredi 06 mai 2022, le Secrétaire général de l’UNTM, non moins président du Conseil Economique, Social et Culturel (CESC) a, après avoir relevé plusieurs insuffisances dans ses actions, écrit : « La ligne rouge est la tentative de prolifération du négationnisme de la Révolution démocratique du 26 mars 1991 et de ses résultats sans lesquels aujourd’hui ne sera pas. Il ne faut plus que cela se répète ! » Et quid, la sortie récente de Mme Haïdara Aïchata Alassane Cissé dite Chato, membre du CNT ?  « Le Mali doit sortir de son isolement » ;  « il est temps d’arrêter les grandes déclarations pour trouver un accord avec la CEDEAO !» a-t-elle déclaré.  Sans oublier l’élimination apparemment sans explication,  à la HAC d’un journaliste désigné par les associations de presse, le scandale de la distribution des logements sociaux, et  la cherté de  vie qui n’est certes pas seulement propre aux maliens, mais qui devient de plus en plus difficile à supporter. Ce n’est pas pour rien que le président de Transition a, lui-même félicité ses compatriotes pour leur résilience face à la situation actuelle. Avec tous ces signaux, il est à craindre que des voix se fassent entendre de plus en plus fort. Et, la question que l’on se pose naturellement est : « Est-ce la fin de l’état de grâce pour la Transition dans sa phase II ? »

Pour notre part, nous avions depuis février dernier souligné notre sentiment quant à la conduite de la transition. En effet dans l’édito de Delta News N° 329 du 16 février 2022, en parlant de l’action du duo Assimi / Choguel pour le Mali, nous écrivions dans un style métaphorique : « Ce duo a relevé l’hippopotame affalé dans les berges boueuses du fleuve Joliba et lui a donné du tonus nécessaire pour qu’il arrive à surmonter tous les défis qu’on lui a posés. On ne peut que le remercier… » Puis nous poursuivions : « L’hippopotame est debout mais n’a pas encore acquis toutes ses forces pour affronter tous les obstacles qui sont devant lui. Il lui faut changer de tactique et pour cela, le premier ministre devrait faciliter la tâche à Assimi en se retirant. Ce sera alors, nous l’espérons, l’ultime acte III de la transition qui sera entamé. Cela va le grandir et, après 05, 10 ans et même davantage, le peuple malien s’en souviendra et l’investira sans problème s’il voudrait accéder à la magistrature suprême. Le peuple malien n’est pas ingrat et il reconnaît le mérite. C’est ce qui s’est produit avec le défunt président IBK qui avait été plébiscité en 2013. »

Hamidou Ongoïba

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