Dans le souci de faire briller l’or pour les maliens en général et pour les communautés en particulier dont le métal jaune est extrait de leur sol, Faraba Laye Kouyaté a accordé une interview au journal Malikura.info sur l’organisation de l’orpaillage traditionnel, le cas de Kalana.
Quelles sont les règles de fonctionnement de l’orpaillage traditionnel à Kalana ?
Dans la commune de Kalana, il n’y a pas de règles communes pour l’ensemble des sites d’orpaillage. Pour le moment, nous sommes en train de s’organiser pour qu’il ait des règles communes de gestion sur l’ensemble des sites d’orpaillage dans la commune. Pour l’établissement de ces règles de bases, nous voulons d’abord que l’or de notre commune brille pour la communauté, que nous soyons en mesure de connaître tous ceux qui viennent travailler dans nos sites d’orpaillage. Nous voulons aussi que nous les communautés autochtones fixent les prix de chaque pépite extrait de notre sol. Il ne faut pas que les étrangers viennent fixer les règles dans nos sites d’orpaillage. Quand vous venez travailler dans nos sites, la règle est que tu peux amener l’argent de l’or que tu as pu avoir parce que c’est le fruit de ton travail mais l’or doit rester, il ne doit pas sortir de notre commune. En terme clair, quand tu parviens à avoir de l’or, les mesures sont prises pour que cet or soit vendu sur le site. Cette mesure nous permet de connaître combien de quantité d’or est extrait sur l’ensemble de nos sites d’orpaillage à Kalana. Toutes ces précautions ont été prises parce que ces derniers temps ce sont les Burkinabés qui fixent les prix des pépites d’or ils sont venus envahir nos sites d’orpaillages et c’est eux qui possèdent beaucoup plus de raffineries que les maliens.
Quand un étranger vient travailler sur vos sites, quelles sont les conditions que vous lui imposez ?
A l’heure actuelle, les nouvelles décisions que nous avons pris stipule que chaque étranger qui vient travailler sur nos sites, la première condition est que à chaque puits qu’il va creuser, il sera associé à un villageois et c’est ce dernier qui va garder l’or de ce puits jusqu’à la vente au comptoir, après la vente, les 10% du village sont d’abord prélevés et le reste est divisé en trois parties.
Quel est la place et le rôle des Tomboloma et les chasseurs sur les sites d’orpaillage à Kalana ?
Les Tomboloma et les chasseurs travaillent ensemble pour la sécurisation des sites d’orpaillage. Ils contrôlent tous les puits qui sont creusés si le puits est en état de danger, ce sont les Tomboloma qui viennent arrêter les travaux et interdits à tous les travailleurs que personne ne descend dans ce puits. Pour les chasseurs, ils sont chargés de sécuriser l’ensemble des sites dans la nuit contre les voleurs, bandits et les malfrats de tout genre. Ils sont aussi chargés de juger, de trancher en cas d’infraction sur le site et d’appliquer la sentence. Mais il faut aussi savoir au cas où il y aurait des situations qui dépassent leur compétence ils font appel à la gendarmerie qui est leur collaborateur privilégié.
Comment les Tomboloma sont choisis par les villageois ?
Ils sont choisis très souvent par famille mais pas dans tous les cas parce qu’il y a des cas où les personnes sont choisies par leur moralité, les gens sérieux, honnêtes et travailleurs sont choisis par la communauté. Ils sont payés par le village. Par exemple : il y a un village, après le recouvrement des pourcentages du villages, on a eu 1kg 420 g en 5 jours, les villageois ont donné 420g aux Tomboloma ceux qui faisaient 10 millions de FCFA et ils sont plus de 50 personnes et chaque Tomboloma a eu 200000 000FCFA. La commune de Kalana a 31 villages, parmi eux il y a 20 villages qui possèdent des sites d’orpaillage et il y a deux mines industrielles.
Pouvez-vous nous citer quelques difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Parmi les difficultés, on peut citer le cas des chinois, nous nous sommes réunis pour combattre les chinois et je pense que cela a fait des échos. Les chinois ont été chassés de nos localités parce qu’ils avaient causé beaucoup de dégâts à l’environnement. Après cela, il y a les mossis, les Burkinabés sont là en train de prendre le monopole de l’or. Aujourd’hui ceux sont les mossis qui fixent les prix et c’est eux qui raffinent les pépites d’or. Les Burkinabés ont plus de raffineries d’or à Kalana, quoique tu fasses ton or va terminer dans les mains de ces mossis et ils vont fixer le prix. Aujourd’hui, sur 27 raffinages à Kalana les maliens n’ont que 3 raffinages, le reste des 24 raffinages sont pour les mossis. C’est pour quoi ils ont le monopole et leur prix est toujours le plus élevé, 80% de l’or de l’orpaillage du Kalana vont au Burkina Faso et les maliens n’ont que 20%. Il y a aussi le manque de contrôle des produits chimiques utilisés dans le traitement des pépites d’or, ces produits chimiques sont généralement vendus par les mossis et les chinois. Il n’y a aucun contrôle sur ces produits, les orpailleurs l’utilisent n’importe comment sans se soucier des conséquences qui pourraient en découler.
Quelle est la place de la Mairie dans cet orpaillage traditionnel ?
La Mairie à 30% des revenus générés dans ces sites. A Kalana, entre les responsables des sites et les autorités communales il y a une compréhension totale, chacun joue son rôle et il n’y a pas d’interférence. Dans les sites d’orpailleurs traditionnels les premiers décideurs sont les propriétaires terriens, c’est eux qui décident comment l’organisation et le fonctionnement doivent se faire.
Moribafing Camara