La Transition à la croisée des chemins !
Il y a dix jours, le 21 mai, la Transition sous sa forme rectifiée soufflait sa première bougie. Certes, douze(12) mois ne permettent pas de faire un bilan rationnel et objectif de la gouvernance d’un pays plongé dans un maelstrom de crises depuis une décennie, mais il n’en demeure pas moins que cette durée aurait dû permettre au moins, au citoyen lambda d’entrevoir le cap fixé par les autorités. On avait espéré qu’après les Concertations Nationales de la Refondation(CNR) qui ont eu un grand succès et qui ont produit des recommandations très pertinentes, que la machine de la refondation tant clamée allait se mettre en marche et même s’emballer. Force est de reconnaître que l’action gouvernementale reste en deçà des attentes du citoyen ordinaire.
Bien sûr, personne ne peut nier la montée en puissance des FAMA et l’espoir qu’elle a engendré auprès des populations maliennes. Mais, même ici il faut nuancer ces succès. En effet, le ratissage de nids de terroristes, seul ne suffit pas. Il faut un suivi, c’est à dire une occupation de terrain libéré, assaini. Dans l’une de nos précédentes publications, nous avions proposé la création d’un corps de jeunes volontaires de la république pour la paix et la réconciliation Nationale dont la mission sera d’aider les responsables locaux d’un terroir libéré, dans la gestion des affaires courantes mais aussi de recoudre le tissu social. Ce corps comprendra des agents de développement, des psychologues, des communicateurs, des agents de la santé et de l’hygiène publique, des agents de sécurité, des éléments des groupes d’auto-défense désarmés, etc.
C’est dire que bien que gigantesque, l’arbre que constitue la lutte contre le terrorisme, ne doit pas cacher la forêt constituée de réformes politiques et institutionnelles, de l’organisation des élections générales, de la promotion de la bonne gouvernance et de l’adoption d’un pacte de de stabilité selon le PAG. Dans ce domaine le défrichement de la forêt se fait attendre et naturellement si on doit chercher le coupable, il ne peut être que le chef des bûcherons : le premier ministre et par ricochet le président de la Transition.
La mise en œuvre du PAG gouvernemental nécessite nécessairement la participation de toute, sinon de la grande majorité de la classe politique. Il faudrait que chacun de ceux qui ont l’ambition de gérer ce pays sache raison garder et accepte de se mettre au Blonba, au Toguna, sous l’arbre à palabre ou répondre à l’appel de l’Ettboul, le grand tambour de rassemblement de nos frères Kel- Tamasheq. Et pour regrouper ce monde politique hétéroclite dans sa majorité, il faudrait une femme ou un homme affable, tolérant sans être laxiste, d’une grande capacité d’écoute et de dialogue, d’une patience d’ânier. La question fondamentale qui se pose naturellement à la Transition est : l’actuel locataire de la primature est-il cet homme ? La réponse à cette question revient aux vrais détenteurs du pouvoir, c’est-à-dire aux cinq colonels. On sait que dans les rangs du M5-RFP, il y a une crise qui ne dit pas son nom. Mais les colonels suivront-ils ces rumeurs pour remercier celui qui a toujours porté haut le drapeau de leur politique ? Ce n’est pas sûr. Mais en restant en place, l’actuel Premier Ministre pourrait-il lever le malaise à l’interne, avec la classe politique ?
Tous ces questionnements auxquels on pourrait en rajouter d’autres indiquent bien que la Transition est à la croisée des chemins et qu’il revient aux colonels d’avoir la main heureuse- le pied heureux devrions-nous dire- pour emprunter la voie du bonheur pour le peuple malien.
Que Dieu sauve le Mali !
…sans rancune
Wamseru A. Asama