Diplomatie kaki du président nigérien Mohamed Bazoum : sincère ou chausse-trappe ?
Le général Mody Salifou, chef d’état-major général des Forces Armées Nigériennes(FAN) est venu dit-il transmettre au chef de l’Etat du Mali, les salutations amicales de son homologue du Niger, Mohamed Bazoum, mais aussi de lui rendre compte de ses entretiens avec le général Oumar Diarra son homologue des Forces Armées Maliennes (FAMa).
Il est surprenant que ce soit un homme en uniforme qui soit le missi dominici du président nigérien, un président « démocratiquement élu » auprès « d’une junte qui ne devrait avoir sa place qu’au front, en train de se battre contre les terroristes ! » Il est vrai que depuis la rectification de la Transition intervenue en mai 2021, jamais les autorités de la Transition ne furent en odeur de sainteté auprès des autorités nigériennes. Bazoum et son ministre des affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou n’ont exprimé que mépris envers les autorités de la Transition malienne, surtout après la rupture du Mali avec la France. Ils avaient même prédit la désagrégation du Mali après le retrait de Barkane !
Etant donné les relations actuelles entre les autorités des deux pays, tout observateur est amené à s’interroger sur l’objet et le timing de cette visite du général Mody Salifou. Il est venu dit-il s’entretenir avec son homologue malien et voir comment ils pouraient s’associer pour lutter contre l’ennemi commun qui est le terrorisme. Et qu’en est-il du timing ? N’oublions pas que l’armée nigérienne a subi une grande saignée lors de l’attaque terroriste d’Intagamey le 17 février 2023 et ce, malgré la présence des forces Barkane et de l’OTAN sur son territoire. Cet évènement aurait causé quelques remous dans la société civile nigérienne et fait naître un sentiment de frustration dans les rangs des FAN.
Pour le président Bazoum, nonobstant les relations inamicales qu’il entretient avec les autorités maliennes, le déplacement au Mali du général Mody Salifou pour demander une collaboration avec l’armée malienne pourrait amener un apaisement de l’opinion publique nigérienne ainsi qu’au sein des FAN. C’est donc pour lui, une simple diversion pour le besoin de sa politique intérieure.
Quant aux autorités de la transition, elles sont certes, conscientes « qu’un pays ne choisit pas ses voisins » et par conséquent que des dirigeants de pays voisins devraient faire violence sur eux- mêmes pour enterrer la hache de guerre entre eux. Mais est-ce le moment de collaborer franchement ? Nous nous en doutons. En effet, comment elles, si soucieuses d’une souveraineté retrouvée et à consolider, pourraient avoir confiance en des dirigeants qui ne les ont jamais portées dans leur cœur et qui plus est, sont hôtes de leurs « amis » qui les ont abandonnées « en plein vol » en pleine lutte antiterroriste ?
Aussi, il est fort à parier que l’accueil du général Mody Salifou par son homologue malien et l’audience que lui a accordée le président de la Transition, Assimi Goïta ne sont, tout au plus que les manifestations traditionnelles du « jatigui ya »malien. Et, sans doute, pour les autorités de la Transition malienne, cette diplomatie kaki, inédite, du président Mohamed Bazoum, n’est qu’une chausse-trappe dans laquelle elles ne peuvent tomber.
…sans rancune
Wamseru A. Asama