En regardant dans le rétroviseur de l’histoire de notre continent, sans remonter à l’antiquité, on observera que c’est la traite négrière transatlantique qui a fondamentalement déstabilisé, déstructuré, ses états constitués, renaissants ou en formations. La preuve, jusqu’au moyen-âge bien d’états africains étaient stables et fonctionnaient normalement. Cette déstabilisation a créé l’anarchie dont les conséquences ont été d’interminables luttes fratricides, intercommunautaires : la colonisation avait ainsi obtenu un terrain favorable à son essor.
Pour conquérir un territoire, il a suffi aux envahisseurs européens de pratiquer la stratégie qui consiste à diviser pour régner. Ce qui leur a permis d’avoir des alliés et des mercenaires sur place leur épargnant ainsi, de faire venir des troupes d’Europe. C’est dire que ce ne sont pas la possession d’armes plus modernes et le nombre de leurs combattants qui ont été les facteurs déterminants de leur victoire sur les africains. En effet, sans occulter la qualité des armes européennes, nous pensons que la défaite des africains relève plutôt, d’une part par le manque de solidarité entre eux, leur acceptation de gré ou de force de se faire enrôler dans les forces coloniales et d’autre part, par la capacité des européens à transcender leurs différents et à faire jouer l’esprit de solidarité entre eux, face à un ennemi commun. C’est ainsi quand il s’est agi de lutter contre l’Almamy Samori Touré, qui, à l’époque avait l’armée la plus puissante de l’Afrique de l’ouest, les européens ont joué la solidarité entre eux en faisant taire leurs antagonismes.
Dans le livre, « Les Dogons de 1893 à 1960, la pénétration et la conquête françaises dans la Boucle du Niger et les pays de la Volta (2010 Éditions Amecom, Sogoniko Bamako-Mali),page 295 dernier paragraphe, l’historien malien Bakary KAMIAN, parlant de la défaite de L’Almamy face aux français note : « Lâché par les Anglais, ne recevant plus d’armes et munitions des Allemands et des Britanniques jouant de la solidarité européenne et appliquant l’embargo de Bruxelles sur les armes à destination de l’Afrique. Samori finit par tomber aux mains d’une armée française comptant 8250 hommes dont 360 européens, des milliers de porteurs, l’armement le plus moderne, au cours d’une intense campagne d’intoxication politique, de propagande intempestive »
Malheureusement, les évènements actuels montrent hélas que les africains n’ont pas beaucoup évoluer dans le sens de la solidarité. Toutes les conquêtes coloniales ont été faites par des mercenaires africains : tirailleurs et spahis. Des africains ont massacré d’autres africains. Inopportunément l’histoire veut se répéter sous nos yeux, de façon tragique. Des soi-disant présidents élus démocratiquement, mobilisent leurs citoyens soldats pour combattre leurs frères africains. Ils veulent faire de leurs soldats, les tirailleurs et les spahis du XXIème siècle !
Officiers de toutes les armées de la CEDEAO, vous n’êtes pas ces criminels en puissance, c’est-à-dire ces militaires sans formation politique, idéologique dont parle le Capitaine Thomas Sankara. Vous comprenez plus que tout autre les méfaits de la guerre et surtout si elle est fratricide et injuste. Vous savez également que depuis le procès de Nuremberg en 1945, l’idée selon laquelle que « Même le simple soldat qui sert dans les rangs dans l’armée de son pays n’est pas tenu d’obéir à des ordres illégaux » est actée dans la jurisprudence internationale.
Officiers de la CEDAO, la seule guerre qui vaille au Sahel aujourd’hui, c’est celle contre le terrorisme et non contre vos frères d’armes.
Officiers de la CEDEAO, « l’insubordination légitime », c’est votre droit, mieux, votre devoir. Refusez d’être des tirailleurs et spahis du XXIème siècle !
…sans rancune
Wamseru A. Asama
