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« Souveraineté retrouvée », expression inappropriée ?

Pourquoi, depuis quelques semaines, cette expression suscite autant de débats sur les plateaux de télévisions, sur les  réseaux sociaux et  dans divers grins ?

A notre humble avis, cette polémique n’aurait eu aucun sens, si chacun avait essayé de s’informer et de comprendre ce que souveraineté veut dire en français puisque c’est la langue de communication avec laquelle ces débats ont lieu. Nos recherches  ont conduit à découvrir que tous les dictionnaires de langue française que nous avons consultés : Le Larousse, le Littré, Le Quillet, Le Robert etc., définissent  le mot souveraineté dans son sens étymologique par « autorité suprême ». Mais nous savons tous que le sens étymologique d’un mot est tout simplement une indication et que son sens se précise dans le contexte de son usage. Dans le cas d’espèce, on parlera de la souveraineté d’un prince sur un espace territorial donné, d’un roi sur un royaume, d’un peuple, d’une nation etc. Par extension, on parle de souveraineté alimentaire, économique, énergétique, financière, on parle de ministères de souveraineté ou régaliens dont le nombre est spécifique et variable pour chaque pays. Toutefois, des départements tels : l’Administration, la Justice,  la Défense et Sécurité, les Affaires Etrangères se retrouvent parmi les ministères régaliens dans tous les pays quelles que soient les circonstances.

Par contre, bien que l’émission d’une monnaie soit un acte de souveraineté pour un pays, celui-ci pourrait  volontairement  s’aliéner ce droit  au profit d’un regroupement, d’une union, politique ou économique dont il est membre. C’est le cas de l’euro pour les 27 pays de l’Union Européenne(UE). Toutefois, la Grande Bretagne, pendant tout le temps qu’elle était membre de l’UE, a toujours conservé sa monnaie (la Livre Sterling) car pour elle, émettre sa monnaie est un domaine hautement stratégique et régalien et pour rien au monde, elle ne pouvait se départir de ce droit.

 Dans le cas  de la polémique actuelle, il s’agit de souveraineté nationale. Et, voici comment elle se définit en Droit international, selon Larousse : « Droit absolu qu’a tout peuple indépendant de régler ses propres affaires sans en devoir aucun compte à quelque autre peuple que ce soit. »

Partant de cette définition, on pourrait certainement dire que tout peuple indépendant est souverain car il a le droit de régler ses propres affaires sans s’en référer à quelque autre peuple que ce soit ! Prise à la lettre, on s’aperçoit que cette définition est de la pure théorie : la souveraineté n’existe pour aucun peuple, aucune nation car aucun peuple, aucune nation ne vit isolé, comme Robinson Crusoé dans son île déserte ! La souveraineté en droit pour un pays, est, ce que représente l’asymptote d’une courbe en mathématique : la courbe tend vers la droite asymptotique sans jamais l’atteindre !

 Comment peut-on parler de souveraineté sans considérer les rapports de force entre les peuples, les nations ? Et, dans ce domaine, on constate que la souveraineté d’un pays ne peut être que partielle. Pus le pays est puissant économiquement, militairement, politiquement stable, bien organisé avec de fortes institutions, plus on peut dire qu’il est souverain. Mais on sait que la roue de l’histoire tourne et un  pays prospère peut retomber dans la précarité, dans le déclin, donc il pourrait perdre sa souveraineté. C’est dire que la souveraineté n’est jamais définitivement acquise. Pour les pays anciennement colonisés, notamment en Afrique très peu de pays peuvent se targuer d’être souverain en ce début du 21ème siècle.

A l’instar de certains pays d’Asie et d’Afrique, le Mali, pendant les premières années de son accession à l’indépendance avait bien exercé sa souveraineté dans bien de domaines : politique, économique, militaire (diversification des partenaires autres que l’ancien colonisateur), financier (création du franc malien), éducation (bien que l’enseignement était et est encore dispensé en français), agricole etc. Malheureusement, la rupture intervenue huit ans après l’indépendance est venue remettre en cause notre souveraineté dans bien des domaines et singulièrement ces dix dernières années et notamment notre souveraineté militaire : de pays pourvoyeur des Nations Unies en troupes de maintien de la paix, le Mali est devenu pays hôte de casques bleus.

Quand les maliens se retrouvent pour décider de dialoguer avec leurs frères « terroristes », leurs « amis » supposés être là pour les aider ont dit non ! Quand, on a dit à ceux qui sont venus nous aider à lutter contre le terrorisme que nous n’avions seulement besoin que d’un appui aérien et le renseignement, ils ont débarqué sur notre sol avec des troupes. Quand dans la contre-offensive, notre armée est arrivée aux portes de Kidal, nos « amis » ont dit : « stop », vous ne pouvez pas rentrer dans Kidal ! Quand, au cours des opérations militaires, on  a interdit aux Forces Armées Maliennes (FAMA) l’accès à certains sites. Quand pour leur déplacement on leur demandait d’aviser la mission onusienne au moins 72 heures à l’avance leur itinéraire dans leur propre pays ! Quand on a sommé notre président de la république à se rendre à Pô en France avec d’autres de ses pairs de la sous-région ! Quand, quand… ! N’est-ce pas là une perte de souveraineté dans plusieurs domaines ?

Peut-on imaginer aujourd’hui tous ces « quand » d’indignité cités plus haut ? Non.

Il est donc indéniable qu’avec l’équipe qui dirige cette Transition rectifiée, le Mali a retrouvé sa dignité et sa souveraineté dans bien de domaines, comme dans les premières années de l’indépendance. C’est dire que l’expression souveraineté retrouvée est bien appropriée et opportune. Cependant, pour les prochaines célébrations, au lieu d’une journée chômée et payée, à la place nous suggérons une journée où chaque citoyen va travailler une ou deux heures de plus que d’ordinaire.

Wamseru A. Asama

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