Décès du président ATT : le Mali perd un homme d’exception
Le Mali est en deuil. Amadou Toumani Touré dit ATT est décédé dans la nuit du lundi 9 et mardi 10 novembre en Turquie à l’âge de 72 ans. L’ancien président avait subi une opération du cœur à Bamako avant d’être évacué en Turquie.
« Amadou Toumani Touré est décédé dans la nuit de lundi à mardi en Turquie, où il était évacué pour des raisons sanitaires », a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) Oumar Touré, neveu du défunt.
Amadou Toumani Touré avait subi récemment « une opération du cœur à l’hôpital du Luxembourg de Bamako, qu’il a créé. Tout semblait aller bien », a indiqué sous couvert d’anonymat un médecin de l’hôpital. « On a décidé ensuite de l’évacuer sanitairement. Il a voyagé sur la Turquie très récemment par un vol régulier. Malheureusement, il est décédé dans la nuit de lundi à mardi », a-t-il ajouté.
Amadou Toumani Touré est né le 4 novembre 1948 à Mopti, dans l’ancien Soudan, l’actuel Mali. Rapidement, il intègre l’armée au sein du 33ème Régiment des commandos parachutistes et devient commandant.
En mars 1991, après les manifestations populaires réprimées dans le sang, il participe au coup d’Etat contre Moussa Traoré, prend la présidence du Comité de transition pour le Salut du Peuple et assure les fonctions de chef de l’État pendant la transition démocratique.
Élection présidentielle de 2002
En 2001, il demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée. Il décide de se lancer dans la vie politique en posant sa candidature pour l’élection présidentielle de 2002. Il est élu président de la République le 12 mai 2002 avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire Soumaïla Cissé, ancien ministre, obtient 35,65 % des voix.
Deuxième mandat (2007-2012)
Amadou Toumani Touré est réélu président de la République le 29 avril 2007 dès le premier tour. Il obtient 71,20 % des votes tandis que son principal concurrent Ibrahim Boubacar Keïta, ne recueille que 19,15 % des voix, et conteste, comme les autres candidats de l’opposition réunis au sein du Front pour la République et la démocratie, les résultats en raison de fraudes.
Coup d’état militaire de 2012
Dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, il est renversé par un coup d’Etat. Les mutins dirigés par le capitaine Amadou Sanogo dénoncent la gestion du conflit au nord Mali entre l’armée et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Le 8 avril 2012, exilé à Dakar, au Sénégal, depuis le coup d’Etat, il annonce officiellement sa démission. Son expatriation coïncide avec l’arrivée au pouvoir de l’actuel président sénégalais, Macky Sall. Il est le premier dirigeant à l’international à avoir réagi, mardi matin, à sa disparition.
Retour au pays en 2017
Menacé d’un procès pour « haute trahison« , accusé de passivité d’Etat pour ne pas avoir fourni suffisamment de moyens à l’armée dans sa lutte contre l’insurrection au nord-Mali, il ne revient au pays que cinq ans plus tard, en décembre 2017.
L’année précédente, l’Assemblée nationale avait, à une écrasante majorité, rejeté toutes poursuites à son encontre. Alors président du pays, Ibrahim Boubacar Keïta dit « IBK », l’avait invité à partager, à la résidence présidentielle, « un déjeuner entre frères« .
Notre rédaction avec TV5 – Reuters et Le Monde