La phrase de la semaine
« L’INA a été cédé au grand dam de tous les amoureux des arts et de la culture, cela s’est fait entre 2019 et 2020… » Ceci est une partie de la réponse que madame la ministre de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme, Madame Kadiatou Konaré a donnée à la série de questions de Magma Gabriel Konaté sur les actions de son département. Cette phrase est tombée comme un couperet dans la salle de session du Conseil National de Transition (CNT). Du coup, elle a éclipsé toute la réponse de la ministre. Et les réseaux sociaux, presse écrite et radios s’en sont emparé, faisant d’elle la phrase de la semaine.
Deux jours après la déclaration du ministre un article fumeux est apparu dans un journal en ligne de la place intitulée : « Construction du nouvel INA : ni vente, ni cession, ni bradage » et signé de la Direction de la communication du Consortium malien de Construction (CMC) dirigé par un certain Turc Kaoroba Mahrumi. Cet article, nous renseigne: « Courant 2020, une convention de partenariat a été signée entre le gouvernement du Mali et un entrepreneur malien, pour la construction de l’Institut national des arts (INA), sur un nouveau site sur la route de l’aéroport ». Puis, l’article indique : « L’ancien INA ne sera la propriété du nouvel acquéreur qu’après la remise officielle des clés des nouvelles infrastructures, en contre partie des coûts de réalisation estimés à des milliards de F CFA, d’investissements. »
Vous remarquerez que cet article, au lieu d’éclaircir la situation, nous révèle plutôt l’opacité qui entoure cette opération. En effet, la date de la conclusion n’est pas indiquée : « courant 2020 », n’est-ce pas vague ? Quant aux coûts de réalisation de l’édifice, on les estime « à des milliards de FCFA ». Aucune précision, quelle opacité ! Pour un patrimoine national a-t-on le droit de conclure, un marché de gré à gré ? Nous savions, le régime du président IBK prédateur, mais de là à brader un patrimoine national, vieux de près de cent ans, cela dépasse tout entendement ! Il faut rappeler que le seul établissement que le président poète et homme de culture sénégalais, Léopold Sédar Senghor, lors d’une de ses visites officielles au Mali, a exprimé le désir de visiter, c’était l’INA, car il avait eu à apprécier des œuvres artistiques d’anciens élèves de cet établissement.
La transition, a le devoir de dénoncer cette prétendue convention signée sans aucune transparence, dans un bureau opaque et par d’obscurs individus placés à des postes de responsabilités par un régime de prévarication. Si cela ne se faisait pas, alors, ceux qui dirigent cette transition seraient aussi coupables que les instigateurs de cette avanie portée à l’encontre du peuple malien. Et les maliens particulièrement les anciens de l’INA devraient se mobiliser afin de dénoncer cette « convention ».
Par ailleurs, nous suggérons à Madame la ministre d’inventorier tous les établissements du patrimoine national vendus ces dernières années et d’envisager de récupérer ceux qui sont dignes d’être préservés. Du reste, bien que Madame la ministre ait déclaré : « Nous allons veiller à ce qu’aucun de nos établissements, à ce qu’aucun de nos biens ne soit vendu, ne soit cédé. Et s’il y a des dispositifs réglementaires à prendre, nous allons les prendre », nous avons bien peur qu’il ne soit trop tard. Au fait, madame la ministre peut-elle nous rassurer que le palais de Koulouba fait toujours partie du patrimoine national ? Ne sait-on jamais !
…sans rancune
Wamseru A. Asama