Le sous-préfet de Nigari et son régisseur échappent de justesse aux terroristes ; au même moment des véhicules et des civils sont enlevés sur le même axe qui relie Bandiagara à Sevaré. Jadis appelé route des poissons, ce tronçon sonne beaucoup mieux sous le vocable « Route de la mort ».
Le lundi 21 juin, dans la matinée, un groupe de bandits armés a intercepté le véhicule du sous-préfet de Nigari. Ce dernier, en compagnie de son régisseur, avait quitté Bandiagara pour Sevaré. « Les assaillants ont récupéré le véhicule et tous les documents officiels qui s’y trouvait, avant de relâcher le sous-préfet et le régisseur, tous deux habillés en tenues civils », nous confie une source locale.
Au même moment poursuit la source : « un véhicule de transport en commun a été intercepté et emporté sans ses occupants ».
Elle continue « la semaine dernière, sur ce même axe, deux personnes ont été enlevés alors qu’ils se rendaient à Sévaré. »
Une nouvelle méthode qui suscite des interrogations
Pour les habitants des localités avoisinant l’axe Bandiagara-Sevare, cette manière de procéder, qui consiste à cibler uniquement les véhicules sans toucher à ses occupants, est une première et cela suscite des interrogations, nous dit un habitant. Cependant, notre interlocuteur précise que l’inquiétude est que les assaillants piègent ces véhicules et les utilisent contre les FAMAs et les forces étrangères.
A la question de savoir pourquoi après une trêve de plusieurs mois, l’axe Sevare-Bandiagara replonge dans la tourmente, notre interlocuteur ajoute : « le chef djihadiste principal qui avaient instruit à ses hommes d’épargner l’axe Bandiagara-Sevaré est mort en début du mois aux alentours de Kona, à la suite d’une attaque. Dès lors, les assaillants ont décidé de reprendre les hostilités sur l’axe Bandiagara – Sevaré ».
A qui la faute ?
Depuis 2018, l’axe Sevaré-Bandiagara en passant par Bankass, considéré comme stratégique, était sécurisé tant bien que mal par les hommes de Youssouf Toloba, chef d’Etat-major de Danan Ambassagou. Malgré cela, on assistait parfois à des attaques contre des véhicules de transport en communs et des particuliers. Mais avec l’arrivé de Boubou Cissé à la primature, les checkpoints de Danan-Ambassagou ont été tous démantelés.
Cette mesure qualifiée « d’orgueil mal placé » a provoqué des situations chaotiques ; toute chose à l’origine de l’appellation « la route de la mort », attribuée à une route jadis baptisée « Route des poissons ».
Par ailleurs, il faut rappeler qu’avec le renversement du président IBK, les attaques avaient cessées sur cet axe. Mais avec le coup d’état, les terroristes ont repris leurs hostilités. Est-ce une manière de lancer un défi aux nouvelles autorités de la transition ?
Oumar ONGOIBA