Pays Dogon : Chronique d’un maintien en enfer, relate Ginna Dogon
Le samedi 03 juillet 2021, l’Association Ginna Dogon a animé une importante conférence de la presse pour faire l’état des lieux de la crise sécuritaire et humanitaire au pays Dogon. La conférence était animée par le vice-président de Ginna Dogon, HAMIDOU ONGOIBA en présence de plusieurs dignitaires de l’association. Le président ONGOIBA a relaté une véritable chronique de descente et surtout de maintien du pays Dogon en enfer.
Le vice-président de Ginna Dogon a laissé entendre que son association n’a pas pour habitudes de réunir la presse pour parler du calvaire du pays Dogon ; mais la situation sécuritaire et Humanitaire de la zone a exigé la rencontre du jour.
Pour cela, il a cité la recrudescence des attaques et la crise humanitaire sans précèdent qui assaillent toute la contrée. L’association Ginna Dogon a ainsi décidé de se faire entendre par l’opinion nationale et internationale.
Monsieur Ongoiba dira que de 2012 à nos jours, les actes horribles des djihadistes ont coûté la vie à plusieurs centaines d’innocents à Ogossagou, Sobanedah et tant d’autres. Il soupire que si les mouvements associatifs et les autorités restent insensibles aux affres des citoyens, la crise ne fera que s’empirer.
Le vice-président a souligné la particularité de cette année qui est marquée par la recrudescence des attaques terroristes ; les kidnappings et autres agressions physiques comme les amputations, et autres barbaries d’un autre siècle.
Il dira aussi que les cercles Koro, Bankass et Douentza ont connu des atrocités et attaques horribles, après avoir signé des accords avec les imposteurs, les terroristes.
Dans ces localités, le vice-président de Ginna Dogon a fait savoir que des villages sont occupés, les écoles, les centres de santé sont fermés ; l’administration est quasi inexistante. Aussi, il est imposé aux habitants des zones agricoles, le paiement obligatoire de la somme de 25000 fcfa par hectare. Il a dénoncé que si cette servitude perdure, on ne saurait parler de citoyen dans cette zone.
Les villages qui refusent cet asservissement sont quotidiennement attaqués et mis sous embargo. C’est ainsi que Mondoro dans le cercle de Douentza est sous embargo depuis deux ans, malgré la présence des FAMA, déclare monsieur Ongoiba. Il en est de même pour Dinangourou dans le cercle de Koro, qui est sous embargo depuis le 2 mai 2021, avec des attaques et des morts.
Il a indiqué aussi que le dimanche 27 juin, des forains de Petaka, une commune située à 11 Km de de Douentza ont été attaques : le bilan est de 06 morts et 13 blessés. Pour rappel, de 2019 à nos jours, ce village a été victimes de dix attaques, causant 22 morts.
Le lundi 22 juin, entre Bandiangara et Sévaré, 5 personnes ont été enlevées dont un prêtre. Le prêtre et son véhicule restent introuvables ; les quatre autres personnes ont été libérées, explique le vice-président du Ginna Dogon. Et d’ajouter que le vendredi 02 juillet, les terroristes ont brulé le bureau du chef d’arrondissement de Dialassagou.
Pour illustrer l’ampleur de cette catastrophe, qui s’abat sur le pays dogon depuis 2012, le bureau national de Ginna Dogon à présenter le tableau sombre des statistiques de crimes commis uniquement dans le cercle de bandiangara entre 2018 et 2021.
Il faut noter au passage que ce bilan qui n’est pas exhaustif a été établi par l’association pour le développement du cercle de Bankass.
Ce tableau parle notamment de 476 personnes tuées dans toutes les communautés confondues ; 13 personnes enlevées dont 4 ont été relâchées après trois jours de captivité ; 202 personnes blessées ; 2961 déplacées ; 139 villages et hameaux victimes de l’insécurité ; 60 villages et hameaux déplacés ; 301 habitations brulées ; 4987 les greniers brulés ; 9228 animaux enlevés ; 141 matériels et autres engins brulés ; 73 écoles fermées ; et enfin 21 900 enfants déscolarisés.
A ses dires, depuis quatre hivernages, les activités agricoles et d’élevage sont réduites au strict minimum à cause des attaques des villages et hameaux.
Pour conclure, Hamidou ONGOIBA a invité le premier ministre à inclure dans son Programme d’Actions Gouvernementales, un genre de plan Marshall pour le redressement ou relèvement du centre de notre pays. Pour ce faire, Choguel peut compter sur l’accompagnement de Ginna Dogon et de ses associations sœurs comme Tabital pulaaku et Ir Ganda.
Aoua Togo et Zoumana Diarra stagiaires