Le Mali est-il démocratique ou ploutocratique ?
Il faut le dire…
Bien que rien de définitif ne soit encore établi, tous les partis politiques, aussi bien « grands » que « petits », ont les yeux rivés sur le dimanche 27 février 2022, date des élections présidentielle et législatives selon le calendrier édicté par la CEDEAO, organisation régionale des états de l’Afrique de l’Ouest et que la junte des colonels qui, à l’époque n’avait d’autre choix que de l’entériner.
Jusqu’ici, et ce, malgré la rupture intervenue le 25 mai 2021- rupture à l’issue de laquelle, le Colonel Assimi Goïta est devenu l’Homme fort, le seul maître à bord du bateau Mali – le nouveau gouvernement faisant écho à son mentor, répète à satiété que ‘le délai de la transition sera respecté ! » Bien que dubitative, sur le respect du délai, la classe politique toutes obédiences confondues se mobilise en prenant les tenants du pouvoir au mot. Et, déjà, à travers certains leaders actifs ou d’honneur de partis ou d’associations politiques, la valse des billets banque a commencé. A ce rythme, il faut être sûr que d’ici février 2022, il y aura beaucoup d’abandon et que seuls, les « vrais cracks » demeureront en course. On sait que les activités politiques coûtent chères et que les maliens dans leur grande majorité, ne sont pas habitués à cotiser pour leurs formations ou associations politiques depuis fort longtemps. On peut dire qu’après les premières élections post-dictature de 1992 – élections qui ont porté au pouvoir le Parti Africain pour la Justice et la Solidarité (PASJ), communément appelé ADEMA – il n’y a jamais eu dans ce pays une élection quelle qu’elle soit, dans laquelle l’argent n’a pas joué un rôle prépondérant et le plus nanti est souvent le gagnant. Le phénomène est si courant qu’il n’offusque plus personne particulièrement les jeunes qui n’ont connu que ce mode d’élection où l’argent est roi et le débat d’idées absent dans les campagnes électorales.
Malheureusement dans ce maelström des activités politiques nulle pensée de la situation sécuritaire pour nos politiques. Et pourtant, chaque jour, des dizaines de maliens auxquels ils sont sensés solliciter leur vote, meurent sous les balles terroristes ou sont réduits en esclavage dans des zones interdites aux autorités administratives ou militaires par ces mêmes « fous de Dieu. » Alors, serait-il superfétatoire de demander à ces hommes politiques, quel Mali voudraient-ils gérer ? Est-ce là, la démocratie pour laquelle beaucoup de maliens sont morts ?
Trente ans après, on a abouti à un constat amer : au lieu d’être démocratique, le pays se retrouve plutôt dans un état ploutocratique à la malienne, c’est-à-dire un état dans lequel la majeure partie du pouvoir de décision est détenu par un groupe privilégié de fonctionnaires, de militaires gradés et d’hommes d’affaires corrompus, véreux, qui se sont opaquement enrichis. Leur statut de nouveaux riches, leur confère une influence politique et sociale disproportionnée. Les maliens ont compris que « les promesses des fleurs n’ont pas tenu l’espoir des fruits » et qu’il faudrait se ressaisir dans leurs choix futurs de leurs dirigeants avec la conscience très nette de la pertinence d’un proverbe bien de chez nous, qui dit : « le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits ».
…sans rancune
Wamseru A. Asama