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Mali : pourquoi Hamidou Boly, le représentant de la CEDEAO, a-t-il été sommé de partir ?

Personnage central dans les négociations entre l’organisation ouest-africaine et les autorités de transition, Hamidou Boly a appris ce 25 octobre qu’il avait 72 heures pour quitter le Mali. Bamako l’accuse de tentative de « déstabilisation ».

« Déstabilisation contre la transition »

« Nous n’avons pas de problèmes avec les décisions qui ont été prises ces derniers temps par la CEDEAO, explique Abdoulaye Diop à Jeune Afrique. Les faits qui lui sont reprochés n’ont rien à avoir avec l’organisation. C’est plus grave : l’intéressé est impliqué dans des activités de déstabilisation contre la transition, nous avons des preuves. Il est en contact avec des groupes issus de la société civile et avec des partis politiques qui visent à déstabiliser la transition en cours. C’est à cet agenda qu’il répond, non à celui de la CEDEAO. » Le ministre précise que les autorités maliennes ont déjà informé, il y a plusieurs mois, la présidence et la commission de l’organisation des « activités » de leur représentant au Mali.

LE CONTRE-PIED

Selon nos informations, Hamidou Boly était dans le viseur des autorités maliennes depuis longtemps. Ses prises de positions ont souvent dérangé le pouvoir de transition. « Cela remonte à la période du Comité national pour le salut du peuple [CNSP, constitué après le coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2020], bien avant que les autorités officielles ne soient nommées. Il n’a jamais été conciliant, et à chaque fois que des propositions étaient faites, il en prenait le contre-pied », con e à Jeune Afrique un cadre de l’ancien gouvernement. Le franc-parler d’Hamidou Boly en agaçait plus d’un. « Dans les négociations entre les autorités de transition et la communauté internationale, on disait souvent que le représentant de la CEDEAO nous heurtait », poursuit cette source.

Bras de fer

Arrivé au Mali en juillet 2019, ce professeur burkinabè agrégé des Cames s’était pourtant montré à l’aise dans son costume de diplomate au plus fort de la crise. Au lendemain du second coup d’État, le 24 mai, c’est lui qui a accueilli la délégation de la CEDEAO, conduite par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, dépêché en urgence à Bamako. C’est à ses côtés que celle-ci s’est rendue à Kati pour s’entretenir avec l’auteur du nouveau putsch, Assimi Goïta, et rencontrer le président déchu, Bah N’Daw, et son Premier ministre, Moctar Ouane, tous deux mis aux arrêts.

Dans son communiqué, Abdoulaye Diop a réaffirmé la « volonté du gouvernement à maintenir le dialogue avec la CEDEAO ». L’organisation ouest-africaine qui, depuis le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta, s’est montré ferme avec les nouvelles autorités, n’avait pas réagi en n d’après-midi ce lundi 25 octobre. Alors que l’exécutif malien ne cache plus sa volonté de reporter le scrutin exigé par la communauté internationale le 22 février prochain, cet incident ne devrait pas améliorer leurs relations.

B Camara

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