Édito - Il faut le direLa Une

Le Mali n’est pas un animal en laisse.

Le vendredi 17 décembre 2021,un communiqué du gouvernement français est tombé pour
annoncer que la visite du président français Emmanuel Macron au Mali les 20 et 21 décembre
est annulée. En terme diplomatique, cela signifie échec dans la préparation de cette visite
dans le pays de « coup d’état dans coup d’état » d’un président français, démocrate et porteur
de la bonne nouvelle partout dans le monde et notamment dans ses ex-colonies ! Selon les
sources bien informées, la France aurait à l’occasion de cette visite, proposé d’organiser un
mini –sommet auquel devrait participer le président tchadien, président en exercice du G5
Sahel et le président ghanéen, président en exercice de la CEDEAO. Le Mali aurait dit
« niet ! ». Ce mot qui dérange la France et ses alliés, car provenant de la Russie de Poutine,
cauchemar de « l’Occident démocratique. » Pour Macron, ce rejet de sa proposition par les
colonels de Bamako qui, à ses yeux n’ont aucune légitimité est inadmissible. On connaît la
suite.


A son arrivée à l’Élysée, Macron a fait croire au monde entier et singulièrement aux africains
que la politique de la France à leur égard sera en rupture d’avec ce qu’il avait héritée, c’est-à-
dire la nébuleuse françafrique. A la pratique on constate plutôt le contraire. Il n’y a qu’à voir
hélas, comment, en complicité avec des dirigeants africains francophones, il tente de saborder
l’Eco, la monnaie commune de la CEDEAO. Avec les chefs d’États des pays du G5 Sahel,
qui ne se rappelle pas de l’ukaze qu’il leur a adressé en leur enjoignant de se rendre à Pau en
France à une date qu’il a fixée sans consultations diplomatiques ? En outre, qui ne se souvient
pas de sa visite aux forces Barkhane à Gao le 19 mai 2017 immédiatement après son élection,
comme s’il se rendait dans un département de la France métropolitaine ou d’outre- mer ?
N’était-ce pas une preuve irrévérence à l’égard de notre président ?


Cependant, bien qu’il manifestait un certain mépris pour le président IBK et pensait pouvoir
le manipuler, il n’a pas obtenu tout ce qu’il voulait de lui. La preuve, ce n’est qu’au cours de
la transition dans sa phase 1, pilotée par la paire Moctar OUANE / Mbah DAOU qu’il a été
satisfait des avancées dans l’application des Accords d’Alger : en six mois, Mbah Daou a fait
plus que le président IBK en sept ans ! On comprend alors, pourquoi il a été surpris et déçu
de la déposition de cette première équipe de la transition.


Visiblement Macron et son Jean Yves Le Drian n’ont encore rien compris de la nouvelle
génération de dirigeants africains. Ils n’ont pas compris que les recettes qu’employaient leurs
prédécesseurs au 20 ème siècle et aux siècles précédents sont désuètes. Ils ont certainement été
abusés par certains de nos hommes politiques qui courent toujours à Paris à la recherche de
parrains croyant encore, que leur avenir politique se décide encore au Quai d’Orsay ou à
l’Élysée.

Le président français a, par son attitude de condescendance envers les maliens galvaudé,
l’estime que certains de nos compatriotes vouaient encore à la France. Il devrait savoir que le
Mali n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais un animal en laisse.

…sans rancune
Wamseru A. Asama

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