ULTIME MÉDIATION EN VUE DE LA CEDEAO
L’AES appelée à négocier en tant qu’entité
La soixante-cinquième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO s’est tenue le 7 juillet 2024 à Abuja, en République Fédérale du Nigéria, 24H après la tenue du sommet de l’AES. Cette session a été marquée par des discussions intenses et des décisions cruciales, notamment concernant la situation préoccupante avec l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
La Conférence a exprimé sa profonde déception face au manque de progrès dans les interactions avec les autorités des pays membres de l’AES. Malgré les efforts entrepris, les avancées espérées n’ont pas été réalisées. La Conférence a donc instruit le Président de la Commission de la CEDEAO de faciliter une approche plus vigoureuse, conformément aux décisions prises lors du Sommet Extraordinaire du 24 février 2024. La Conférence a également insisté sur la nécessité de soutenir tous les efforts de médiation en cours pour mettre fin aux tensions entre la République du Bénin et la République du Niger. La médiation est essentielle pour rétablir la stabilité et promouvoir la coopération régionale.
Pour renforcer les discussions entre la CEDEAO et l’AES, la Conférence a désigné Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Président de la République du Sénégal, comme Facilitateur de la CEDEAO. Il sera assisté par Faure Gnassingbé, Président de la République Togolaise. Cette double médiation vise à garantir une coordination efficace et une progression substantielle des négociations. En cas d’échec, la Conférence a souligné l’importance de tirer toutes les leçons et d’appliquer strictement les dispositions organisationnelles. Cela inclut l’imposition de visas pour les ressortissants de l’espace AES entrant dans l’espace CEDEAO, la non-reconnaissance des passeports et cartes d’identité biométriques CEDEAO pour ces pays, ainsi que la suspension des avantages liés à l’entreprenariat et aux candidatures internationales pour leurs ressortissants.
Toutefois, l’AES doit d’ores et déjà appliquer ses propres textes en prévision de la double médiation annoncée par la CEDEAO. Cette médiation doit se dérouler entre la CEDEAO et l’AES en tant qu’entité collective, et non avec chacun des États membres de l’AES de manière isolée.
Invité au sommet, le Groupe d’Initiatives pour une Médiation à l’Africaine (GIMA) a recommandé une coexistence pacifique entre la CEDEAO et l’AES comme premier pas pour sortir de la crise actuelle. La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO réaffirme son engagement à travailler de concert avec les pays de l’AES et à soutenir toutes les initiatives visant à promouvoir la paix, la sécurité et la coopération régionale. Les décisions prises lors de cette session témoignent de la volonté collective des États membres de surmonter les défis actuels et de bâtir un avenir prospère pour la région.
A noter que lors de leur 1er sommet à Niamey, le président Abdrahamane Tiani avait déclaré les pays de l’AES avaient irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO.
Oumar ONGOIBA