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Massacre de Thiaroye : Une mémoire collective à raviver pour les Maliens ?

Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, est un épisode sombre de l’histoire coloniale française en Afrique. Ce drame a vu des soldats africains, connus sous le nom de tirailleurs sénégalais, exécutés sommairement par l’armée française dans le camp de Thiaroye, au Sénégal. Parmi ces victimes, il est probable que des Maliens figuraient, bien que cette dimension reste encore peu explorée.

Un massacre effacé de la conscience collective ?

Le massacre de Thiaroye est souvent abordé comme une tragédie commune des peuples de l’Afrique de l’Ouest ayant servi dans les rangs de l’armée coloniale française. Pourtant, les spécificités nationales des victimes restent peu explorées. Si certains pays, comme le Sénégal, tentent de raviver la mémoire de cet événement, la reconnaissance est encore trop timide dans des États voisins comme le Mali ou encore le Burkina, le Bénin etc.

À l’époque, le Mali faisait partie de l’Afrique-Occidentale française (AOF). De nombreux soldats originaires des régions maliennes actuelles avaient combattu sous le drapeau français, certains perdant la vie sur les champs de bataille européens ou africains. Des thèses avancent que ce massacre aurait été déclenché par des révoltes de certains soldats, notamment maliens, qui réclamaient le paiement de leurs primes légitimes. Ce contexte de revendications économiques souligne le poids de l’injustice et des discriminations que ces hommes ont subies.

Ce silence persistant autour de la participation des Maliens à ce drame interroge. Pourquoi leurs sacrifices ne sont-ils pas plus reconnus dans le récit historique national ? Cette invisibilisation ne pourrait-elle pas être interprétée comme une double peine infligée à ces soldats : d’abord victimes d’une violence extrême, ensuite effacés de la mémoire collective ?

Pourtant, rendre hommage à ces tirailleurs, en explorant les archives militaires et en identifiant les Maliens parmi les victimes, permettrait de raviver une page méconnue de l’histoire nationale. Intégrer cet événement au récit malien ne consiste pas uniquement à se souvenir ; c’est également un moyen de réclamer justice et d’éveiller les consciences sur les sacrifices consentis.

Dans notre prochaine publication, nous parlerons de l’interpellation des historiens et autorités maliennes, de leur rôle dans cette quête mémorielle.

Nous y reviendrons !

Oumar ONGOIBA

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