Aujourd’hui, l’analyse du texte est si importante aux yeux des critiques, des enseignants, des élèves et étudiants, au point que la plupart d’entre eux oublient ses éléments paratextuels. Ces éléments qui portent sur les titres, la préface, les illustrations, la prière d’insérer, l’avant-propos, pour ne citer que ceux-là, sont appelés le « paratexte », le « seuil » ou le « vestibule » du texte, pour reprendre les mots de Gérard Genette. Dans cet article, l’étude se focalise sur le paratexte de l’essai intitulée « L’Afrique des défis et les défis de l’Afrique » de Daouda Nama Tékété.
Le paratexte est un néologisme de Gérard Genette issu de « para » qui signifie « à côté de » et de « texte » comme pour dire « à côté du texte », le « contour du texte », « l’entourage du texte ». Pour Adama Coulibaly, professeur à l’Université de Cocody / Abidjan, « le paratexte présente, encadre, isole, introduit, explique un texte donné ». Pour plus d’éclaircissement, il affirme ceci : « le paratexte renvoie à tout ce qui entoure le texte sans être proprement le texte ». D’une part, il s’agit du titre de l’œuvre, les titres des chapitres, les remerciements, la dédicace, la préface, les illustrations, les couleurs, la biographie, le résumé, la postface, l’avant-propos (appelés le péritexte). D’autre part, les interviews, les correspondances, les entretiens (appelés l’épitexte).
« L’Afrique des défis et les défis de l’Afrique« de Daouda Nama Tékété est un livre de 165 pages, en format A5. La première et la quatrième de couverture associent plusieurs couleurs et types d’écriture. Sur la première de couverture, sont dessinés un ciel bleu et un baobab au tronc marron et aux feuilles vertes. Les écritures sont en couleurs blanche, jaune, noire et rouge. Le blanc est utilisé pour écrire le nom de l’auteur et une note de représentation auctoriale sur le baobab. Cette couleur serait le symbole de la pureté de la vision de l’auteur sur le baobab. La couleur jaune, qui avoisine celle de l’or, est utilisée pour mentionner le titre de l’œuvre, écrit en lettres capitales. Le rouge et le noir sont unis dans le logo de Prostyle éditions.
Sur la quatrième de couverture, sont rédigés le titre de l’œuvre en jaune, le résumé de l’œuvre et la biographie de l’auteur en blanc. À cela s’ajoute la photo de l’auteur qui, portant des lunettes, est habillé en veste de couleur verte. Cette photo de l’écrivain Daouda Nama Tékété est placée dans un fond marron. En bas, à gauche se trouve l’ISBN du livre (978-99952-78-20-5) en couleur noire avec un fond blanc, puis à droite le logo de Prostyle éditions. Sur la première et la quatrième de couverture, nous constatons l’utilisation de l’écriture en graphie romaine et celle de l’italique. La police de thème du titre du livre est Louguiya FR et celle de la note explicative sur le baobab est Tiranti Solid LET. La multiplicité des couleurs et les types d’écriture peut s’interpréter comme la diversité des défis (défi d’une éducation positive, défi de la gouvernance, défi de l’identité, etc.) pour le continent africain.
Sur les pages préliminaires l’auteur adresse des remerciements à ses parents et amis, en prenant le soin d’accentuer le nom d’un certain Niaza Coulibaly. Il dédie le livre à ses parents et à des figures panafricanistes lorsqu’il écrit : « A la mémoire de : Feus Modibo KEITA, Kwamé N’KRUMA, Patrice LUMUMBA, Sékou TOURE, Cheik Anta DIOP, Thomas SANKARA […] ». La dédicace est suivie d’un avant-propos de trois pages non signé, même s’il représente une sorte de préface. Une riche bibliographie et une table des matières se trouvent à la fin du livre. Il n’y a pas de grande variété dans la formulation des titres des neuf chapitres qui composent le livre. Cependant, le titre de l’œuvre se différencie des autres par son caractère poétique. La formule « L’Afrique des défis et les défis de l’Afrique » constitue, en poésie, une figure de style appelée le chiasme.
Pour terminer, il est important de signaler que le paratexte peut être antérieur (annonces, prospectus…), original (les informations accompagnant la première édition), ultérieur (les informations apparaissant dans une seconde édition) ou tardif (éléments autour du texte pour une édition lointaine). Celui que nous avons analysé dans « L’Afrique des défis et les défis de l’Afrique » est original. Il joue un rôle d’information (indication générique), d’explication (la valeur du baobab) et de séduction (le titre, les illustrations, les couleurs…).
Modibo Ibrahima KANFO