CEDEAO – MALI, est-ce le début du dégel ?
OUF, il était temps ! La publication du décret 20-22-0335 / PT-RM du 06 juin 2022 fixant la durée de la transition et surtout sa lecture sur le plateau de télévision de l’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM) par le Lieutenant- Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement indique de l’importance de ce décret (lire la rubrique Humeur en page 2).
Toutefois, la signature et la publication de ce décret, le 06 juin c’est-à-dire deux jours après la conférence extraordinaire d’Accra, amène tout analyste à se poser la question : pourquoi ce timing car on savait que le gouvernement avait déjà élaboré son chronogramme avec ou sans la participation des experts de la CEDEAO ? La preuve, c’est l’annonce peut-être prématurée par le Premier Ministre de la durée de la transition de 24 mois faite devant le CNT. Pour ceux qui voient le verre à moitié vide, c’est-à-dire les pessimistes, le gouvernement excédé par l’atermoiement de l’organisation sous régionale, a pris sa responsabilité de publier son chronogramme, sans l’aval de celle-ci. Cela suppose qu’il a prévu les conséquences de son acte et qu’il a, envisagé les réponses aux éventuelles actions punitives contre lui. A contrario, ceux qui voient le verre à moitié plein, c’est-à-dire les optimistes dont nous faisons partie, la diplomatie sécrète a joué son rôle et le consensus a été obtenu sur la durée de la Transition, mais au lieu que cela soit à compter du 20 avril 2022 annoncée par le premier ministre au CNT, ce sera à partir du 26 mars 2022. Pour les amateurs de la magie africaine, la tenue vestimentaire du Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, qui était une tenue civile dénote que l’évènement est plutôt apaisant que conflictuel. Un autre facteur et pas des moindres qui militerait en faveur de cette thèse, le fléchissement tactique ou sincère en tout cas pragmatique, des positions des deux poids lourds de l’UEMOA à savoir Alassane Dramane Ouattara (ADO) et Macky Sall car, quoiqu’on dise les sanctions font très mal aux maliens mais pas seulement à eux. Les chefs-d’ état de la CEDAO en sont bien conscients. On oublie que la CEDEAO, malgré ses insuffisances est assimilable à un corps humain : le mal ressenti par un organe, se répercute sur chacun des autres avec plus ou moins d’acuité.
Désormais, les négociations entre le gouvernement et l’ancien président nigérian, Good Luck Jonathan le représentant de la CEDEAO, ne concerneront plus la durée de la Transition, mais sans doute sur les modalités de la mise en œuvre du chronogramme, notamment la tentative de rapprochement des points de vue des politiques maliens en vue d’une transition plus inclusive. Sur ce plan, il faut avouer que le gouvernement de Transition a péché durant ces douze mois qu’il est aux affaires. Souhaitons que la nouvelle donne nous amène à plus de cohésion nationale, cohésion sans laquelle les recommandations des ANR ne resteront que des vœux pieux.
Mais, contrairement à certains qui pensent que ce sommet extraordinaire fut un sommet pour rien, nous pensons pour notre part, qu’il a été un sommet de l’amorce du dégel entre le Mali et la Cédéao. Ce qui n’est pas rien pour notre organisation sous régionale qui traverse aussi une crise de confiance et de crédibilité.
Wamseru A. Asama