Le drone tactique qui redéfinie les opérations militaires au Sahel
L’industrie de défense turque connaît une dynamique particulière, accentuée davantage dans le domaine des drones, avec les drones de combat. Le protagoniste indéniable de ce succès story est le Bayraktar TB2, qui a captivé l’attention des observateurs après son utilisation lors de l’opération « Bouclier du printemps » en Syrie au printemps 2020 et au Sahel dans la lutte contre le terrorisme.
Développé par Baykar, une entreprise spécialisée dans la mécanique et fondée par Selçuk Bayraktar, le fils du fondateur, le Bayraktar TB2 a su se démarquer grâce à sa conception simple et efficace. Ancien du MIT américain, Selçuk Bayraktar a réussi à obtenir le soutien des forces turques pour son entreprise, renforcé par son mariage avec la fille cadette du président turc, assurant ainsi un soutien politique à long terme.
Le drone, dont le développement a commencé en 2012, mesure 6,5 m de long, a une envergure de 12 m et une hauteur de 2,2 m. Sa structure en composites offre une portance significative. Avec une vitesse de maximal de 222Km/h, une altitude opérationnelle de 5 486,m ; un rayon d’action de 150 Km et une endurance maximale de 27 heures, le Bayraktar TB2 se distingue par son acoustique discrète et sa capacité à résister au brouillage électronique.
Le contrôle du drone se fait uniquement via une liaison Line of sight (LOS) sur une distance maximale de 300 km, piloté depuis une cabine conteneurisée climatisée. Cette cabine, équipée d’un filtrage NBC, peut accueillir trois opérateurs et intègre tous les systèmes nécessaires au pilotage et au combat. Le TB2 dispose d’une charge utile maximale de 150 kg, répartie entre des capteurs et des armements turcs, tels que les MAM-C (6,5 kg) et les MAM-L (22 kg) à guidage laser.
Le succès commercial du Bayraktar TB2 est indéniable, la Turquie étant son client historique avec plus de 230 drones commandés. D’autres pays tels que le Qatar, la Libye, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, le Maroc, l’Éthiopie, le Kirghizstan, la Somalie, le Pakistan, la Pologne, Djibouti, le Togo, le Burkina Faso, le Mali le Niger, le Nigeria, le Rwanda, les Émirats arabes unis, le Bangladesh, la Roumanie, l’Albanie et la Serbie ont également fait l’acquisition de ce système.
La simplicité de conception, l’efficacité opérationnelle et la rapidité de production ont été des facteurs clés de ce succès à l’export. La capacité de production annuelle du TB2 est actuellement de 200 unités, mais Baykar avait prévu de la porter à 500 en 2023, soulignant ainsi sa volonté de répondre rapidement à la demande croissante.
Malgré cette réussite, Baykar ne reste pas inactif, travaillant sur trois programmes majeurs. L’Akinci, un drone MALE lourd, connaît déjà un succès commercial en dehors de la Turquie. Le TB3, une version alourdie du TB2 pour les opérations aéronavales, et le drone de combat à réaction MIUS, baptisé Kizilelma, sont également en développement. Ces projets témoignent de l’ambition continue de Baykar dans le secteur des drones.
Cependant, le succès du Bayraktar TB2 pourrait également attirer l’attention des concepteurs de systèmes antiaériens. En Ukraine, par exemple, au moins 14 drones ont été confirmés comme perdus, soulignant les défis auxquels le système pourrait être confronté. Néanmoins, la flexibilité financière du remplacement de la machine plutôt que du système de contrôle pourrait maintenir l’avantage compétitif de Baykar sur le marché.
En conclusion, Baykar a réussi à s’imposer sur le marché des drones en proposant des solutions simples et efficaces avec le Bayraktar TB2. La rapidité de développement et de production a été un élément clé de son succès, bien que des défis subsistent, notamment face à une concurrence accrue et aux développements futurs du secteur des drones de défense.Oumar ONGOIBA
