La UneSécurité

Relance des hostilités au Nord : La culture, arme de choix contre l’intolérance et la violence

La reprise des hostilités depuis le début du mois de Septembre en cours entre les FAMa et les mouvements armés et leurs alliés terroristes soi-disant djihadistes dans le Nord du pays a provoqué une grande inquiétude au sein de l’opinion. Les ponts seraient-ils totalement coupés pour un retour au dialogue entre les signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger?

En tout cas, au stade actuel des affrontements, les parties semblent franchir un point de non-retour. Pour les plus avertis, le présent scenario qui se dessine sur le théâtre des opérations, cadre dans certaines mesures, avec les évènements de 2012, notamment la coalition entre la CMA et les groupes terroristes contre l’armée régulière. Le Mali doit tirer à cet effet les leçons de cette situation : Il importe de s’engager aussi sur le front du dialogue avec Iyad Ag Ghali en plus de l’offensive militaire. Une recommandation stratégique qui avait été déjà faite par l’association Ginna Dogon. En effet, en septembre 2012, Ginna Dogon avait dépêché une mission de haut niveau pour rencontrer, d’une part les populations assiégées du nord en vue de les écouter et de connaitre leurs préoccupations et d’autre part, échanger avec les groupes armés nationaux et étrangers pour s’informer de leurs motivations réelles.

Les recommandations faites à l’issue de cette mission s’articulaient autour de 05 grands points, parmi lesquels on peut citer : engager un dialogue direct avec les occupants pour le retour à la normale ; organiser des concertations avec les Comités de Crise et Cadres de Concertation des Notables, les leaders d’opinions (chefs coutumiers, ulémas, opérateurs économiques etc.), les élus des zones ; prendre des dispositions adéquates, humanitaires, pour soulager les souffrances des populations.

Et le rapport concluait : « le dialogue est possible avec les occupants. Plus le temps passe, plus les occupants vont pouvoir s’organiser… Une tentative de dialogue n’est ni couardise, ni lâcheté, ni démission ».

Pour rappel, au cours de toutes les grandes conférences tenues au Mali, depuis 2013, la grande majorité des maliens se sont prononcée, en faveur du dialogue avec les groupes armés terroristes de nationalité malienne, en occurrence Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa.  Cette main tendue à nos frères égarés est bien opportune surtout en ce moment où l’armée monte en puissance et que l’Etat malien est en position de force.   

Aujourd’hui encore, certaines communautés du Nord continuent d’affirmer à travers des communiqués que le dialogue pourrait sans doute être une solution durable en vue de surmonter les défis sécuritaires et humanitaires dans le pays. C’est donc dire que les forces vives de la nation, au premier rang desquelles, les autorités au pouvoir ne doivent pas écarter la piste du dialogue pour une retour à une stabilité et une paix durable.

Au Mali la culture a toujours été une arme contre la violence et l’intolérance. Elle est aussi un levier de raffermissement du vivre ensemble. En effet, si Ginna Dogon a pu se permettre d’effectuer un périple au grand Nord occupé, c’est grâce au « synankounya » (le cousinage à plaisanteries) qui est encore vivace et accepté par toutes les communautés.  Mme Oumou Sall Seck actuelle ambassadrice du Mali en république fédérale d’Allemagne, l’avait si bien compris lorsqu’elle était l’édile de la ville de Goundam. Elle avait exigé la présence du président de Ginna Dogon dans la délégation qui devait négocier la libération des militaires appréhendés au Nord en 2018. Elle a été bien inspirée, car cette présence du président de Ginna Dogon dans la délégation a permis de faire libérer plus d’otages que prévu.

Aujourd’hui encore, malgré les crépitements des armes, nous estimons qu’il est possible de renouer le dialogue en nous basant sur notre fond culturel.

Barou

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page