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L’AES ANNONCE LES COULEURS : Le General Tiani évoque les perspectives de la création d’une monnaie commune

Dans un geste audacieux vers une plus grande autonomie économique, les militaires au pouvoir au Niger ont soulevé la possibilité de créer une monnaie commune avec ses voisins le Burkina Faso et le Mali. Cette proposition, décrite comme une « étape cruciale vers l’émancipation post-coloniale », vise à rompre les liens financiers hérités de l’ancienne puissance coloniale, la France.

Le général nigérien Abdourahamane Tiani, président de transition du Niger, a souligné lors d’une allocution télévisée que cette initiative découle d’un engagement partagé en faveur de la souveraineté des États du Sahel, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces pays en transition, aspirent à se libérer du franc CFA, symbole de l’influence économique persistante de la France dans la région. « La monnaie c’est un signe de souveraineté, nous sommes engagés dans un processus de recouvrement de notre souveraineté totale », précise le président de transition du Niger. Et de noter, « il n’est plus question que nos Etats soient la vache laitière de la France. La France nous a spolier plus de 107 ans, de pillages systématiques de nos ressources ».

La proposition de créer une nouvelle monnaie pourrait ainsi remplacer le franc CFA, qui est actuellement utilisé dans les huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), parmi lesquels le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Les critiques grandissantes à l’encontre du franc CFA, notamment de la part de ces trois pays sahéliens et de leurs alliés, pourraient accélérer leur départ de l’UEMOA.

Cette annonce intervient dans un contexte tendu, caractérisé par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qu’ils accusent d’être sous l’influence de la France. La CEDEAO a réagi fermement aux coups d’État militaires dans ces pays en imposant des sanctions économiques, ce qui a contribué à aggraver les tensions entre les États sahéliens et l’organisation régionale.

En novembre dernier, les ministres de l’Économie et des Finances de l’Alliance des États du Sahel avaient déjà discuté de la nécessité de créer un fonds de stabilisation et une banque d’investissement, soulignant ainsi leur volonté de renforcer leur indépendance économique.

Bien que les détails concrets de cette initiative restent à clarifier, elle marque néanmoins une avancée significative dans les efforts des États du Sahel pour affirmer leur souveraineté et se détacher des liens économiques hérités de la colonisation. Ce projet pourrait non seulement ouvrir la voie à une plus grande autonomie économique pour ces nations, mais aussi à une transformation plus profonde des dynamiques économiques et politiques de la région.

Oumar ONGOIBA

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