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SOMBRE PRESPECTIVE ET LIMITE DES ACTIONS DE LA CEDEAO DANS LA CONSTRUCTION D’UNE COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE SOUS-RÉGIONALE.(Préparé par : Boubacar Touré, juriste, Montréal, Québec, Canada)

1-L’intervention de la CEDEAO dans le règlement du récent conflit
géopolitique au Mali et l’imposition sur le Mali de sanctions économiques
et financières interpelle tous les panafricanistes africains à travers le
monde. Au moment où les pays de l’Union Européenne se sont mobilisés
dans un élan de solidarité pour appuyer l’aventure de la France contre le
Mali, c’est au même moment que des chefs d’États de la CEDEAO se
mobilisent par solidarité non pas pour défendre le Mali, mais pour
contribuer à asphyxier un pays frère membre fondateur de la fameuse
CEDEAO. Il est important de rappeler que ce qui se joue actuellement
au Mali dans lequel les chefs d’États africains de la CEDEAO sont piégés,
n’est rien d’autre que la configuration d’une nouvelle guerre-froide à
travers des repositionnements géopolitiques et géostratégiques. Ce
dessein machiavélique a eu un écho favorable et retentissant auprès de
certains pseudo-politiciens maliens qui ont également choisi d’être
solidaires dans la voie macabre de la trahison contre leur propre pays qui
leur a tout donné. Ces pitoyables politiciens rêvent de voir la transition
échouer dans le scénario du chaos. Nous tenons à remercier
publiquement un français (ami du peuple malien) qui nous a téléphoné
pour exprimer son soutien au combat du peuple malien en donnant une
nouvelle définition de la CEDEAO qu’il qualifie de « Communauté Des
Égarés de l’Afrique de l’Ouest ». Malgré ce douloureux épisode d’un
front commun contre le Mali, une prophétie est permise. Le Mali est
devenu le détonateur de l’éveil d’une conscience panafricaniste où se joue
actuellement le destin et l’avenir d’une Afrique libre et indépendante.
Nous comprenons maintenant la gravité de l’instrumentalisation de la
CEDEAO qui ne décide pas dans l’intérêt des peuples africains, parce
qu’elle exécute les directives et la volonté de ceux qui financent ses
activités à partir de l’extérieur de l’Afrique. Le Mali doit exercer les
attributs de sa souveraineté pour se retirer de cette organisation qui est
utilisée à d’autres fins contraires aux intérêts du peuple africain.
Concernant l’imposition des sanctions financières, le gouvernement doit
en toute urgence décider de se prémunir des conseils du professeur
Nicolas Agbohou et d’appliquer la méthode utilisée par le président
Laurent Gbagbo pour atténuer l’effet des sanctions financières durant la
crise Ivoirienne. Nous ne croyons pas que l’incapacité de la CEDEAO
d’arriver à un compromis avec les nouvelles autorités maliennes est liée
au délai de la durée de la transition proposée par la deuxième assise de

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refondation soit 6 mois à 5 ans. La première assise avait entériné un délai
de 18 mois, prévu dans la Charte dont l’application est compromise par
l’insécurité terroriste grandissante, l’exode des populations et le risque
lié aux conséquences d’organiser des élections non crédibles et non
démocratiques. Nous avons beaucoup de réserve sur les questions de délai
de transition ou de la durée de mandat qui soulèvent le principe
d’interprétation de la modification constitutionnelle. Dans le cas en
espèce, la Constitution malienne de 1992 définit la durée et le nombre de
mandat qu’un chef d’État élu doit faire, stipulé à l’article 30. Cette
disposition à son tour soulève le principe de la règle d’application de la
procédure de modification du délai de transition et la durée du mandat
qui ne sont pas prévus ni par l’acte fondamental ni par la Charte. Ce
pouvoir revenait-il à une assise de refondation de décider, sans avoir
procédé au préalable à la tenue d’un référendum constitutionnel ? Ce
débat nous intéresse dans d’autres situations C’est le cas du Togo, où la
monarchie militaire règne depuis plusieurs années, mais la CEDEAO est
confortable avec ce fait accompli. Tout comme elle a été complaisante
avec la modification constitutionnelle sur le principe de trois mandats
successifs par les présidents Alassane Dramane Ouattara et Alpha
Condé. Nous reconnaissons cependant que la durée d’un mandat ne
garantit pas la performance d’un gouvernement en matière de bonne
gestion du pays. Le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) à
sa tête le Lieutenant Moussa Traoré, avait promis au peuple malien un
court mandat qu’il n’a jamais respecté et qui s’est transformé à 22 ans
de pouvoir dictatorial. Un autre régime militaire celui de Amadou
Toumani Touré (ATT) avait promis un court mandat de transition
d’environ 18 mois qu’il a respecté. Naturellement les contextes sont
différents par rapport à la situation actuelle que le Mali traverse. Tout
dépend aussi du bon sens, du leadership incarné et de l’honnêteté des
dirigeants. Ce conflit entre la CEDEAO et les autorités de la transition
malienne consacre l’échec de l’organisation sous-régionale dans la
construction d’une véritable communauté économique africaine fondée
sur la coopération et la solidarité. Cette confrontation a suscité au Mali
un élan de sursaut national et de patriotisme. Ensuite elle a entraîné
partout à travers l’Afrique, un capital de sympathie qui ressemble à un
mouvement populaire de soutien des panafricanistes, en un mot : une
révolution qui découle de l’émergence d’une nouvelle conscience sociale
des peuples africains opprimés. La CEDEAO menace d’avoir une force
en attente, dans quel but ? si elle prend le risque d’envahir le Mali comme
elle avait tenté de le faire en Gambie, une telle décision sera suicidaire et

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hasardeuse. Les populations africaines au (Mali, Niger, Burkina, Sénégal,
Guinée, Côte-d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Togo, Guinée-Bissau, Gambie),
ont les mêmes aspirations et les mêmes revendications, tels que : un État
de droit, le droit à la sécurité, à la justice, à la liberté, à l’égalité et au
bien-être socio-économique, des besoins élémentaires et des droits
fondamentaux que la CEDEAO n’arrive pas à garantir dans l’espace où
se trouvent les pays membres. Mais les chefs d’États de l’organisation
sont prompts à sévir contre des populations africaines, quand c’est pour

protéger les intérêts de ses pairs ou à servir la politique du néo-
colonialisme. Paradoxalement faut-il le rappeler, la CEDEAO, invoque

dans ses textes les principes de gouvernance, de démocratie et de respect
constitutionnel, il s’agit d’une métaphore qui ne s’applique pas à certains
membres du « syndicat des chefs d’États égarés » pour paraphraser
certains observateurs qui critiquent également, les conditions d’élections
controversées et chaotiques, (pour certains d’entre eux) en dehors des
normes de la régularité et de l’ordre constitutionnel. Si on avait prévu
dans les textes de création de la CEDEAO, un mécanisme d’imputabilité
sur la probité des membres et l’obligation de résultats concrets sur la
bonne gouvernance, certains chefs d’États n’auraient pas eu l’autorité
morale suffisante pour continuer à siéger au sein de l’organisme encore
moins avoir la qualité de continuer à représenter leurs populations ou de
parler au nom de celles-ci. La représentativité et le leadership de la
CEDEAO doivent être revus pour redorer l’image de cette noble
institution caractérisée par une « errance et un manque de sincérité »
dans son fonctionnement, ses initiatives et sa prise de décision. Dans la
crise malienne, les chefs d’États ont choisi de régler les conséquences du
problème sans s’attaquer aux causes qui résultent de la mauvaise
gouvernance. Nous pouvons attirer l’attention sur le bilan mitigé de la
CEDEAO et démontrer les différents échecs de son rôle d’intervention
dans la gestion de quelques conflits en Afrique où l’efficacité de sa
stratégie reposait sur la menace d’une sanction économique ou militaire.
L’organisation est souvent restée inaudible au désespoir des populations,
car elle se préoccupe uniquement de sauver un régime auquel la
CEDEAO est sympathique malgré les violations flagrantes de l’ordre
constitutionnel par ce pouvoir. Selon d’autres observateurs, « les
pratiques de l’organisation semblent indiquer une instrumentalisation »
qui a révélé les dessous obscurs dans le changement de nom du CFA à
ECO. L’organisme semble se dévier de sa raison d’être qui ne se justifie
que lorsqu’elle accepte d’écouter et de représenter valablement les
populations africaines contre les dérives des dirigeants corrompus ou les

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ingérences extérieures dans les affaires africaines. Des dictateurs qui
n’hésitent pas à réprimer dans le sang leurs concitoyens pour se
maintenir au pouvoir comme ce fut le cas avec IBK. Ce sont toutes ces
dérives qui justifient les coups d’État successifs au Mali. Paradoxalement,
la CEDEAO a utilisé dans sa médiation un argument fallacieux, comme
celui du maintien au pouvoir de Ibrahim Boubacar Keita . Une exigence
qui relève d’un simple mépris envers le peuple malien, donnant ainsi la
perception que leur solution se résume en « perte et profit » pour tracer
ce qu’elle appelle la « ligne rouge ». On peut qualifier une telle rhétorique
comme un appui favorable à un régime qui a perpétré des crimes contre
23 citoyens innocents avec plus d’une centaine de blessés. Et ce, dans le
seul but de maintenir quelqu’un qui doit être traduit devant la justice
parce qu’il a failli à sa responsabilité constitutionnelle de protéger ses
propres citoyens. Quelle est la crédibilité de cette organisation qui prône
le respect des droits de l’homme dans ses textes fondateurs? Dans la crise
politique qui secoue le Mali, Plusieurs africains sont convaincus que la
CEDEAO n’a pas le monopole de l’initiative de la médiation ni des
solutions préfabriquées de l’extérieur, qu’elle propose comme celle de
recourir aux élections dans un contexte d’insécurité, en plus du mythe
des paramilitaires-Russes et la psychose qui a gagné des esprits mal
intentionnés qui sont devenus frileux à cause du nouveau partenariat
géopolitique entre la Russie et le Mali. Commençons par jeter un regard
sur cette organisation sous-régionale.
2- La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) La CEDEAO a été créée le 28 mai 1975 à Lagos. Les États
membres sont liés par un accord multilatéral dénommé Traité, signé à
Cotonou le 24 juillet 2993. C’est une organisation qui regroupe 15 États
après le départ de la Mauritanie. A l’origine de sa création, «les
responsables de la CEDEAO étaient conscients de la nécessité
d’encourager, de stimuler et d’accélérer le développement économique et
social des États membres en vue d’améliorer le niveau de vie des peuples.
Par conséquent, «ils ont pris en compte la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples et la déclaration des principes politiques de la
CEDEAO, adoptée à Abuja le 6 juillet 1991. Les chefs d’États et de
gouvernements ont également reconnu la nécessité de relever ensemble
les défis politiques, économiques et socioculturels actuels et futurs et de
mettre en commun les ressources de leurs peuples dans le respect de leurs
diversités en vue d’une expansion rapide et optimale de la capacité de
production de la région ». L’organisation est guidée par des principes

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fondamentaux dans tous ses rapports avec les pays membres, citoyens et
d’autres organismes externes. Ces principes sont consacrés par le Traité
de la communauté. Parmi les objectifs poursuivis, il y’a ces dispositions
suivantes qui n’ont pas connu de progrès significatifs : 3 – Promotion et
consolidation d’un système démocratique de gouvernement dans chaque
État membre tel que prévu par la déclaration de principes politiques
adoptée le 6 juillet 1991 à Abuja, – Maintien de la paix, de la sécurité et
de la stabilité régionale, coopération active entre pays voisins et
promotion et le renforcement des relations de bon voisinage, – Règlement
pacifique des différends entre les États membres, coopération active
entre pays voisins et promotion d’un environnement pacifique comme
préalable au développement économique, – Respect, promotion et
protection des droits de l’Homme et des peuples conformément aux
dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples,
2.1- Définition de traité : origine étymologique, issue du latin ‘’tractatus’’
du participe passé de ‘’tractere’’ traiter (un sujet), développer oralement
ou par écrit, négocier. Un traité est une convention écrite et signée
solennellement entre deux ou plusieurs États.
2.2- Traité international : On appelle « traité international » un accord
conclu entre plusieurs États ou entités ayant une personnalité morale en
droit international. Il est l’expression de volontés concordantes des
différentes parties en vue de produire des effets juridiques régis par le
droit international et contient des obligations que les États acceptent
expressément et volontairement de respecter. En principe un traité
international peut comporter n’importe quelle clause du fait que les États
sont souverains. Cependant le droit de certains pays impose que les
traités internationaux respectent les dispositions de la Constitution. Dans
la hiérarchie des normes juridiques les traités se situent entre la
Constitution et les lois. Le Mali a ratifié ce traité qui n’a pas de
suprématie sur le droit positif malien à cause du principe de convergence.
Que dit la Constitution malien.
2.3- Constitution du Mali du 25 février 1992 : En vertu de l’article 116,
les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour
chaque traité ou accord de son application par l’autre partie.

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2.3.1- Démission forcée ou volontaire du chef de l’État membre de
l’espace CEDEAO. Nonobstant le motif ou faute qui peut être invoquée,
les discussions qui sont survenues entre la CEDEAO et le M5-RFP sur la
destitution d’un chef d’État en exercice est régi par deux textes différents
qui ne résultent pas du principe de la hiérarchie des normes, car le
protocole de la CEDEAO prévoit le principe de « convergence ou
d’harmonisation » des dispositions pour éviter un conflit de superposition
des normes juridiques, même si l’art. 116 de la constitution malienne va
dans ce sens, c’est-à-dire «une autorité supérieure à celle des lois
maliennes».
2.3.2- Protocole de la CEDEAO A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne
gouvernance, (additionnel) au protocole relatif au mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix
et de la sécurité, il est stipulé ci-après :
Chapitre 1, section 1 : Les principes de convergence des textes : b)- Toute
accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes,
et transparentes. c)- Tout changement anticonstitutionnel est interdit de
même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au
pouvoir. Ces principes se retrouvent dans la Constitution malienne de
1992 aux articles 24 et 26
2.3.3- Article 24, stipule que tout citoyen, y compris le chef de l’État, toute
personne habitant le territoire malien a le devoir de respecter en toutes
circonstances la Constitution
2.3.4-Article 26, stipule que la souveraineté nationale appartient au
peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de
référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en
attribuer l’exercice.
NOTE : La crise politique malienne, révèle comme trame de fond, les
multiples actes de violation et de perversion de l’ordre constitutionnel
garantit par l’article 24 (d). Le président IBK avait prêté serment pour
garantir et protéger l’unité nationale, mais il n’a pas su prévenir la
menace qui pesait sur la cohésion sociale afin d’éviter la crise
intercommunautaire entre Donzos et Peulhs qui a fait plusieurs victimes.

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Proposition de stratégie du gouvernement de transition :
« Dans la recherche de voies et moyens pour atténuer les sanctions
financières contre le Mali, nous exhortons les autorités de la transition de
tenir compte de certaines analyses du professeur Nicolas Agbohou, mais
aussi des décisions courageuses que le président Laurent Gbagbo avait
prises durant la crise politique Ivoirienne, dont nous publions ci-après un
aperçu. Le président ivoirien avait réagi vigoureusement à la fermeture en
cascade des banques internationales dans son pays, pour asphyxier son
économie. Rappelons que les banques internationales fermaient les unes
après les autres en Côte d’Ivoire, dont notamment la plus importante d’entre
elles, la française SGBCI, filiale de la Société générale. Ensuite, la BICICI et
Citibank avaient ouvert le bal, suivies depuis par plusieurs autres. Une
conséquence de la guerre économique et financière que se livraient les
présidents ivoiriens proclamés Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Ce
dernier a décidé de réagir en prenant le contrôle de plusieurs établissements
bancaires internationaux ayant suspendu leurs activités. Aux grands maux,
les grands remèdes. A l’issue du Conseil des ministres, le président Laurent
Gbagbo a décidé de nationaliser les filiales ivoiriennes des banques françaises
SGBI et BICICI, anglaise Standard Chatered Bank, et américaine Citibank,
au motif qu’elles n’ont pas respecté le préavis de trois mois nécessaires avant
toute fermeture. Dans le communiqué officiel de son gouvernement, il est
stipulé que l’Etat, « prenant ses responsabilités vis-à-vis de son peuple et des
opérateurs économiques (…) a pris un décret afin que l’Etat de Côte d’Ivoire
prenne le contrôle par une prise de participation totale et complète dans le
capital de ces banques » Le président Gbagbo exerçait ainsi les attributs de
la souveraineté du pays. La direction générale de SGBCI comme les
précédentes , avait invoqué des raisons sécuritaires pour justifier de la
suspension temporaire de ses activités. « Nous sommes confrontés d’une part
à l’impossibilité de faire fonctionner quasi normalement les échanges de
compensation entre banques et d’autre part, à l’impossibilité à court terme
d’assurer l’approvisionnement de nos caisses en monnaies fiduciaires »,
avait-t-elle déclaré dans un communiqué. Des motifs auxquels la BICICI et
Citibank avaient ajouté, l’incapacité d’assurer la sécurité de leurs employés.
C’est dans ce contexte qu’il y’a eu les fermetures de banques en cascade dont
notamment Access Bank et la Bank of Africa (BOA) qui ont suspendu leurs
activités, comme la Bourse régionale des valeurs mobilières ( BRVM) . Cette
situation avait plongé les Ivoiriens dans la psychose. Les épargnants se sont
rués dans les établissements pour retirer des liquidités. Les files d’attente
devant les guichets et aux portes d’entrée des banques ont pris des

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dimensions alarmantes, surtout au quartier Plateau d’Abidjan en
particulier.
Les autorités maliennes pourraient s’inspirer de la stratégie du président
Laurent Gbagbo qui reposait sur une tentative de déjouer la tactique de
l’étouffement. Examinons le rôle et la duplicité de la CEDEAO impliquée
dans cette malheureuse expérience : Dès le début de la crise postélectorale
opposant les deux présidents proclamés après le second tour du 28 novembre,
la communauté internationale et la CEDEAO (Communauté économique
des Etats d’Afrique de l’Ouest) en particulier, favorables à Alassane
Ouattara, ont choisi la stratégie de l’étouffement économique pour
contraindre le président sortant Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à son
rival. Le 26 janvier, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

(BCEAO), commune aux 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-
africaine (Uemoa), a ordonné la fermeture de sa direction et agences

nationales en Côte d’Ivoire après que, la veille, Laurent Gbagbo eut annoncé
par décret leur réquisition. Une fermeture qui a peu à peu paralysé le système
bancaire ivoirien.
Acculé, privé de liquidités et de la signature des comptes d’Etat, à la
recherche d’un moyen de payer les fonctionnaires et les militaires, de
financer sa politique et de rassurer ses concitoyens, Laurent Gbagbo a pensé
trouver la parade en nationalisant les filiales des banques internationales qui
avaient cessé leurs activités. « L’objectif fondamental du Président de la
République (…) est d’assurer la continuité de l’ouverture de ces banques afin
de préserver les emplois et d’assurer l’accès des citoyens et des opérateurs
économiques à leurs avoirs étant entendu que ces avoirs ne sont pas la
propriété de ces banques », indique le communiqué publié à l’issue du
Conseil des ministres, qui promet que « chaque citoyen et chaque opérateur
économique pourra avoir accès à ses comptes bancaires dans les plus brefs
délais ». Dans ce duel, la crise ivoirienne a franchi un nouveau sommet. Nous
recommandons aux autorités de la transition d’agir vite et d’assumer leur
responsabilité conformément aux attributs de la souveraineté »


CONCLUSION : La CEDEAO ne résistera pas à la fracture et à l’implosion,
car les africains ont perdu confiance à l’organisation sous-régionale qui est
allée trop loin dans sa décision. Dans les différentes crises impliquant le
Libéria, la Côte-d’Ivoire, la Guinée Bissau, la Gambie et maintenant le Mali,
la CEDEAO a toujours fait prévaloir dans sa médiation, l’utilisation de

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sanctions ciblées et la menace militaire qui constituent un des outils
principaux de son arsenal dans la recherche de solutions. La préméditation
du recours aux mécanismes de l’UEMOA pour renforcer les sanctions
économiques contre le Mali visent à créer la paralysie l’économie
malienne pour susciter un mécontentement populaire avec l’objectif de
déclencher une répression des forces de sécurité. Le gouvernement ne
tombera pas dans ce scénario classique qui lui est tendu. Nous sommes
entrés dans un contexte sensible dans la gestion de cette crise et la
population a besoin d’être informée et rassurée régulièrement. C’est

pourquoi, nous recommandons au gouvernement de désigner deux porte-
paroles officiels dont l’un sera chargé des activités du gouvernement et

l’autre chargé des opérations militaires. Concevoir un programme de
communication, assorti de l’organisation d’une conférence de presse
conjointe et hebdomadaire. Pour contrecarrer les velléités de propagande
des médias-mensonges dont l’objectif est d’instrumentaliser des
scénarios de violations des droits de l’homme sur le théâtre des opérations
militaires contre le terrorisme. A cet effet, nous recommandons de
présenter tous les djihadistes et terroristes capturés et de rendre leurs
dépositions publiques sur leurs soutiens logistiques. Pour revenir à
l’organisation sous-régionale, tous les africains déplorent l’approche de la
CEDEAO qui va à l’encontre de la recherche de la paix. et la stabilité. La
Cour de justice de la CEDEAO qui est l’organe judiciaire, chargée de veiller
à l’interprétation et à l’application des lois, des protocoles et des conventions
de la communauté est interpellée. Certaines dispositions des textes de la
CEDEAO relatifs au maintien du chef de l’État en exercice, la paix et la
sécurité, le respect des droits de l’homme, la démocratie et la bonne
gouvernance, doivent faire l’objet d’une clarification de la Cour de justice de
cette organisation. De plus les textes de la CEDEAO consacrent le principe
de convergence entre ses principes et ceux de la Charte africaine. Il s’agit à
notre avis, d’une conformité qui donne l’ouverture à un recours judiciaire
contre la décision de la CEDEAO et contre le président IBK devant la Cour
africaine des droits de l’homme et des peuples. Sous le régime de ce dernier,
la mauvaise gouvernance s’est caractérisée par plusieurs malversations
financières et la corruption, mais également par une crise démocratique et
institutionnelle. En dehors de jouer le rôle de pompier la CEDEAO doit
consolider et renforcer le mécanisme de prévention, un troisième outil qui
consacre une démarche structurante et respectueuse des intérêts du peuple
africain. L’organisation doit veiller à s’investir dans l’anticipation et la
proactivité dans le cadre de la prévention des conflits en intervenant en
amont avant que les problèmes surgissent. La CEDEAO doit instaurer des

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principes d’imputabilité et de responsabilité des chefs d’États qui doivent
justifier certaines dérives contraires à leurs engagements au sein de
l’organisation. C’est au regard de cette perspective que la CEDEAO doit
rebâtir sa crédibilité pour l’avenir. Le peuple malien et les autorités de la
transition ont décidé de s’affranchir de la politique néocolonialiste pour se
libérer définitivement. Notre combat s’inscrit dans un enjeu géopolitique et
le prix du sacrifice à payer sera très élevé, si les maliens ne contribuent pas à
l’effort de ce sacrifice. Un ami du peuple malien qui soutient notre révolution
suggère aux maliens qui ont des salaires d’accepter non pas une réduction
statutaire de leur rémunération, mais d’autoriser que la moitié de leur salaire
soit affectée (aux besoins et dépenses récurrentes) pour atténuer les
conséquences des sanctions. En contrepartie, le gouvernement adoptera des
mesures d’accompagnement comme la gratuité des coûts d’eau et
d’électricité ou du carburant. Mettre en place un mécanisme de contrôle des
prix relatifs à l’inflation et son impact sur les coûts de la vie, afin d’ éviter la
cupidité et la spéculation sur certains produits. Nous invitons le peuple
malien à faire preuve d’union sacrée, de sacrifice et de solidarité dans les
circonstances, à soutenir le combat de libération. Nous maliens de l’extérieur
exprimons notre soutien à ce combat patriotique et tenons à rassurer nos
frères et sœurs de demeurer calmes, sereins et de ne pas céder à la panique.
Nous remercions tous les mouvements panafricanistes de leur soutien au
combat du peuple malien, car c’est également leur combat et ils doivent
maintenir la pression sur leurs propres chefs d’États égarés de la CEDEAO.

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