19-21 Il faut le dire…Les maliens sont-ils encore capables de s’indigner ?
On peut sans risque de se tromper dire que cette dernière décennie (2012-2021) a été la décennie la plus humiliante pour notre pays. Rappelons quelques faits : mars 2012, à deux mois de l’élection présidentielle, le coup d’état le plus stupide que l’Afrique, voire le monde ait connu, exécuté par des militaires qui ont fui du front.
Suite à cette rupture, toute la classe politique malienne s’est transportée à Ouagadougou auprès du président Burkinabe hôte et tuteur des rebelles qui ont défait l’armée malienne, afin d’avoir une solution à leur problème. Quelle honte ! 2013 : face à l’avancée des jihadistes, le président de Transition a fait un appel à une force étrangère « amie », la France pour stopper cette avancée. Pour la première fois, le Mali, pays qui était sollicité pour amener la paix ailleurs, sollicite une aide, et à quelle armée ? Celle que les pères de l’indépendance avaient demandé le départ, immédiatement après l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. Quelle risée pour le pays de Modibo Keïta !
Dans la contre-offensive menée contre les jihadistes, « nos amis français » intiment à l’armée nationale de ne pas entrer à Kidal, pour des raisons qu’eux seuls « connaissent. Interdire à une armée nationale d’occuper une partie de son territoire, peut-on avoir pire humiliation ? En mai 2014, tombant dans une chausse-trappe tissée par les rebelles et leurs alliés, IBK et son premier ministre, Moussa Mara sont poussés à entreprendre une opération hasardeuse, de récupération de Kidal. Défaite cuisante pour notre armée nationale et, depuis, Kidal a pratiquement son autonomie et le gouvernement n’a aucune emprise sur la région en tout cas sur la ville de Kidal. Une des conséquences du désastre de 2014 est, qu’on a contraint le gouvernement à signer un accord inique en 2015, sans consultation du peuple ou de ses représentants, comme si « on voulait sauver les meubles, sinon le pouvoir !» Quelle déchéance !
Dans nos relations avec « nos amis français », leur jeune président se conduit avec condescendance vis de nos chefs d’état dont le Mali. Il a le comportement d’un ministre des colonies vis-à-vis des gouverneurs des colonies du siècle dernier. Dans tout cela comment réagissent les maliens ? La plupart s’en remettent à Dieu espérant qu’il viendra les sauver, oubliant que Dieu n’a pas le temps de s’appesantir sur le sort d’un peuple résigné. Ne dit-on pas « aide-toi, le ciel t’aidera ? » Quand est-ce que les maliens vont avoir le courage de s’indigner et prendre leur destin en main ? Aujourd’hui, on parle de la vie chère. A-t-on pensé par exemple, que la flambée des coûts des produits de première nécessité est en grande partie due à l’insécurité ? Ne pourrions-nous pas nous indigner pour prendre notre destin en main et proclamer qu’aujourd’hui notre première priorité est d’assurer la sécurité des personnes et des biens et les non les élections. Il suffit de sortir de Bamako pour le constater et tous les rares sondages le confirment.
Au lieu de s’enorgueillir sur leur passé « glorieux », les maliens sont-ils capables pour une fois, de s’indigner pour se mettre « debout sur les remparts », afin de sortir de cette série d’humiliations qu’ils subissent depuis plus d’une décennie ?
…sans rancune
Wamseru A. Asama