PACTE DE STABILITÉ SOCIALE ET DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE : Le Syndicat national de la santé alerte et appelle à des engagements concrets

Dans une atmosphère empreinte de détermination, le Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille a tenu une conférence de presse à la Bourse du Travail le 8 avril 2025. Objectif : porter à la connaissance de l’opinion publique les profondes difficultés qui gangrènent le secteur sanitaire malien, malgré la signature d’un pacte social censé garantir la stabilité.
Prenant la parole en premier, le Pr Losséni Bengaly, secrétaire général du syndicat, a rappelé que cette sortie médiatique était attendue de longue date. Il a souligné que le syndicat, affilié à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), regroupe un large éventail de professionnels de la santé publique, privée, communautaire et sociale, présents sur l’ensemble du territoire national.
Depuis le renouvellement de son bureau exécutif, il y a moins d’un an, le syndicat a entrepris une réorganisation interne tout en essayant de respecter les engagements du pacte de stabilité sociale et de croissance économique, signé entre le gouvernement, le patronat et l’UNTM. Ce pacte prône la résolution des conflits sociaux sans grèves, en favorisant le dialogue. Or, comme l’a déploré le Pr Bengaly, les promesses faites tardent à se concrétiser, et certains dossiers demeurent sans issue.
Un cas emblématique
La situation du personnel du Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose a été citée comme exemple criant d’injustice : trois mois d’arriérés de salaires, absence de contrats valides, tentatives de licenciements irréguliers et refus d’inscription à l’INPS pour des agents ayant plus de dix ans d’ancienneté. Grâce à l’intervention du syndicat et de l’UNTM, une ébauche de solution a été trouvée. Le ministère de la Santé a promis des contrats à durée indéterminée (CDI) et le paiement des salaires en souffrance. Mais la vigilance reste de mise. « L’option du dépôt de préavis de grève est écartée pour le moment, grâce à l’engagement de Mme la ministre », a précisé le secrétaire général.
Tensions à l’Hôpital du Mali
D’autres dysfonctionnements préoccupent le syndicat. À l’Hôpital du Mali, la Direction a tenté d’imposer un représentant au conseil d’administration, court-circuitant ainsi le processus démocratique de désignation syndicale. Pire encore, dans un autre service, un médecin généraliste a été maintenu à un poste de responsabilité au détriment d’une spécialiste plus gradée, revenue de formation. Pour le syndicat, il s’agit d’un non-respect des règles professionnelles élémentaires : « Ce n’est pas une fonction politique, c’est une fonction technique où le grade prime », a martelé Pr Bengaly.
Plus grave, le secrétaire général du comité syndical de l’hôpital de Bafoulabé a été destitué de façon unilatérale avec l’implication du médecin-chef, qui a installé un bureau parallèle non reconnu par la base. Le syndicat national exige la retraite immédiate du médecin-chef de cette affaire.
Des dossiers anciens, des promesses non tenues
Parmi les autres revendications figurent la prise en charge des agents contractuels payés sur fonds propres depuis 2009, ainsi que l’amélioration générale des conditions de travail dans les structures de santé. « Nous attendons la concrétisation des engagements pris par les autorités. Nous voulons des actes, pas des discours », a insisté le secrétaire général.
Un pacte de stabilité à l’épreuve des faits
Pour sa part, le Pr Amadou Maïga, secrétaire aux revendications du syndicat, a exhorté l’UNTM à jouer pleinement son rôle afin de faire entendre les voix des travailleurs. Il a appelé le gouvernement et le patronat à honorer leurs engagements pour éviter d’attiser des mouvements sociaux qui pourraient ébranler la stabilité du pays.
Quant à Ibrahim Sory Pamenta, secrétaire aux relations extérieures, il a insisté sur la nature tripartite du pacte social, rappelant que son application intégrale nécessiterait des ressources considérables. « Ce pacte n’interdit pas la grève, mais privilégie le dialogue. Malheureusement, sa mise en œuvre se heurte à des difficultés majeures », a-t-il regretté.
Au terme de cette conférence de presse, le message du syndicat national de la santé est clair : le dialogue ne doit pas être un alibi pour différer indéfiniment les solutions. Sans avancées concrètes, la tentation de la radicalisation pourrait renaître. Les autorités sont donc interpellées à agir vite, car dans un secteur aussi vital que celui de la santé, chaque jour de retard coûte cher à la nation.
Oumar ONGOIBA