AES : Vers une adhésion imminente du Tchad ?


Depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la question de l’élargissement de cette organisation régionale suscite de nombreux débats. Parmi les pays qui pourraient prochainement rejoindre l’AES, le Tchad apparaît comme un candidat potentiel. Entre rapprochements stratégiques, enjeux sécuritaires et aspirations politiques, plusieurs éléments plaident en faveur d’une adhésion du Tchad.
Un rapprochement militaire significatif
La coopération militaire entre le Tchad et les États membres de l’AES s’est intensifiée ces derniers mois. En mai 2024, le Tchad a participé à des exercices conjoints avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces manœuvres visaient à renforcer la lutte contre les groupes jihadistes qui sévissent dans la région du Sahel. Pour ces pays, confrontés à une insécurité persistante, la mutualisation des efforts militaires constitue une priorité absolue.
Par ailleurs, le Tchad dispose d’une des armées les plus aguerries de la région et d’une expérience considérable dans la lutte contre le terrorisme. Son intégration au sein de l’AES renforcerait significativement les capacités opérationnelles de l’alliance. Une telle dynamique pourrait ainsi s’inscrire dans la volonté du gouvernement tchadien d’accroître son influence régionale.
Une coopération économique et énergétique croissante
L’axe N’Djamena-Niamey est un autre facteur clé qui pourrait favoriser l’adhésion du Tchad. En effet, le Niger et le Tchad entretiennent des relations économiques de plus en plus étroites, notamment dans le secteur pétrolier. En 2012, un protocole d’accord avait été signé pour l’acheminement du pétrole nigérien à travers le territoire tchadien. Cette collaboration a été renforcée récemment, et une adhésion à l’AES pourrait la consolider davantage.
D’un point de vue plus large, intégrer une alliance comme l’AES permettrait au Tchad de diversifier ses partenaires économiques et de bénéficier des initiatives communes en matière de développement, notamment dans les infrastructures et le commerce transfrontalier.
Une pression interne pour un choix stratégique
Au-delà des relations diplomatiques et économiques, des pressions internes émergent pour encourager le Tchad à rejoindre l’AES. En juin 2024, l’Alliance panafricaine « UMOJA-TOUMAÏ » a organisé une conférence appelant le gouvernement tchadien à accélérer le processus d’adhésion. Selon les organisateurs, l’AES représente une opportunité pour le Tchad de renforcer son autonomie stratégique et d’affirmer son rôle dans le Sahel.
Cependant, certains observateurs soulignent que le Tchad entretient également des relations étroites avec d’autres partenaires internationaux, notamment la France et les États-Unis, qui pourraient voir d’un mauvais œil un basculement trop marqué vers l’AES. Le président de transition, Mahamat Idriss Déby, devra donc naviguer habilement entre les différentes influences pour prendre une décision qui concilie les intérêts nationaux et régionaux.
Si l’adhésion du Tchad à l’AES semble probable à moyen terme, elle dépendra de plusieurs facteurs, notamment l’évolution de la situation sécuritaire au Sahel, les équilibres diplomatiques régionaux et les choix stratégiques de N’Djamena. Une chose est sûre : l’AES, qui se positionne comme une alternative aux organisations traditionnelles comme la CEDEAO, pourrait représenter une opportunité pour le Tchad de renforcer son ancrage régional et d’affirmer son autonomie.
Pour l’instant, le gouvernement tchadien n’a pas encore officialisé sa position sur cette question. Mais au regard des dynamiques actuelles, une annonce en ce sens pourrait intervenir dans un avenir proche.
La Rédaction