Impact de la fermeture de l’USAID : L’Afrique et le Mali face à un bouleversement majeur

La décision de l’administration Trump de suspendre ou de fermer l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), appuyée par Elon Musk, provoque une onde de choc à travers l’Afrique. Ce retrait brutal de l’une des principales sources de financement du continent est un coup dur pour des millions de personnes vulnérables et remet en question l’influence américaine dans la région.
L’USAID était un pilier essentiel dans plusieurs domaines clés. Primo, la santé publique : de la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose aux campagnes de vaccination, des millions d’Africains bénéficiaient des programmes de l’USAID. Au Bénin, l’agence était le principal financeur de ces initiatives vitales ; secundo, la sécurité alimentaire : l’aide humanitaire de plus d’un milliard de dollars promise en 2024, dont 823 millions via l’USAID, est gelée. Des pays en crise comme la Somalie ou le Soudan du Sud sont particulièrement vulnérables ; tertio, éducation et gouvernance : des milliers d’écoles et de formations professionnelles risquent de fermer, sapant des décennies d’efforts pour renforcer l’État de droit et lutter contre la corruption.
L’arrêt brutal de ces financements accentue une précarité déjà alarmante. Avec plus de 60 % de l’aide extérieure américaine transitant par l’USAID, l’Afrique pourrait être plongée dans une spirale de crises humanitaires et économiques. Rien qu’en 2023, l’agence avait alloué 17,4 milliards de dollars au continent.
Le cas particulier du Mali
Au Mali, pays déjà fragilisé par des crises multiples, l’impact de cette décision est particulièrement préoccupant. La suspension des programmes de prévention du paludisme et du VIH/Sida, ainsi que les campagnes de vaccination contre la polio expose la population à des résurgences épidémiques. L’aide de 5 millions de dollars allouée aux cantines scolaires et aux infrastructures éducatives dans les régions de Gao et Tombouctou risque de disparaître, privant des milliers d’enfants d’un accès à l’éducation. En outre, les projets de lutte contre la malnutrition à Gao, Mopti et Ségou sont stoppés, alors que l’insécurité alimentaire atteint déjà des niveaux critiques.
La disparition des emplois liés aux ONG et aux projets communautaires va aggraver le chômage, toute chose qui pourrait, si des mesures nécessaires ne sont pas prises, alimenter l’instabilité. De plus, le Mali, confronté à des tensions diplomatiques avec certains partenaires européens, voit s’éloigner une aide précieuse, au nom de la souveraineté, au moment où elle est la plus nécessaire.
Face à cette crise, Bamako cherche des alternatives. Le gouvernement envisage de renforcer ses relations avec la Russie et la Chine, tout en tentant d’exploiter des ressources internes.
Une décision controversée
La fermeture de l’USAID suscite une levée de boucliers parmi les experts et les ONG internationales. Certains contestent la légalité de cette décision, soulignant que l’agence a été créée par le Congrès et ne peut être supprimée par une simple directive présidentielle. De son côté, Elon Musk, désigné pour superviser cette transition, a qualifié l’USAID d’« organisation criminelle », sans fournir de preuves tangibles, alimentant ainsi les critiques. Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre. De nombreux gouvernements africains dénoncent un désengagement américain qui pourrait anéantir des décennies de progrès en matière de développement. Ce vide risque également de remodeler les alliances géopolitiques du continent, avec une possible montée en puissance de la Chine et de la Russie.
Quelles perspectives pour l’Afrique et le Mali ?
Dans ce contexte troublé, plusieurs recommandations s’imposent. L’Afrique doit explorer des modèles de développement moins dépendants des financements étrangers, comme l’« Entrepreneuriat avec Zéro Capital Extérieur ». Les dirigeants africains doivent engager des discussions avec Washington pour obtenir des exemptions ou un retrait progressif des programmes cruciaux. Face au retrait américain, l’Afrique doit élargir son réseau de partenaires internationaux afin de maintenir ses acquis en matière de développement.
L’arrêt brutal de l’USAID représente un véritable séisme pour l’Afrique et en particulier pour le Mali. Entre menaces humanitaires et repositionnements géopolitiques, le continent est à un tournant décisif. La capacité des États africains à s’adapter à cette nouvelle donne sera déterminante pour l’avenir de millions de personnes. L’urgence est de bâtir des solutions durables afin d’éviter que cette décision ne plonge l’Afrique dans une crise encore plus profonde.
Oumar ONGOIBA