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DÉFORESTATION, CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET EXPLOITATION ANARCHIQUE DES RESSOURCES …

Interview exclusive avec Mahamadou Diarra, Directeur Exécutif de l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa

Le Mali, comme bon nombre de pays africains, fait face à de sérieux défis environnementaux. Parmi eux, la déforestation, le changement climatique, et la gestion chaotique des ressources naturelles occupent une place prépondérante. Lors d’une interview exclusive avec notre rédaction, Mahamadou Diarra, Directeur Exécutif de l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa, nous a livré un diagnostic alarmant de la situation actuelle.

Déforestation : une menace constante pour l’écosystème

Chaque année, le Mali perd des centaines d’hectares de forêt, une situation en grande partie due à l’avancée du désert sahélien et à la mauvaise gestion des ressources naturelles, explique Diarra. La déforestation accélère la dégradation de l’environnement, mettant en péril les écosystèmes vitaux tels que le fleuve Niger, source de subsistance pour près de 70% de la population malienne.

La déforestation ne concerne pas uniquement la perte d’arbres, mais entraîne également une disparition des abeilles et d’autres insectes essentiels à la pollinisation des cultures. « Sans ces insectes, l’équilibre de l’écosystème est compromis, ce qui affecte directement l’agriculture et, par extension, la sécurité alimentaire, » avertit Diarra.

Changements climatiques : une vulnérabilité exacerbée

Le Mali, pays vulnérable face aux bouleversements climatiques, subit de plein fouet les conséquences des phénomènes naturels qui se produisent à des milliers de kilomètres. « Nous vivons dans un monde interconnecté. Une catastrophe naturelle aux États-Unis peut avoir des répercussions ici, » souligne Diarra, rappelant l’injustice climatique qui frappe des pays comme le Mali, incapables de réagir efficacement en raison de moyens limités. « Le manque de ressources et de logistique rend difficile la gestion des catastrophes naturelles, » ajoute-t-il.

Le changement climatique a aussi des répercussions sur les ressources naturelles. « Tout ce qui est rare voit sa valeur augmenter. Cela crée des tensions dans les communautés rurales, notamment dans les régions comme Mopti et Gao où 40% des conflits sont liés à la gestion des ressources naturelles, » explique Diarra.

Exploitation anarchique de l’orpaillage : une menace silencieuse

Outre la déforestation et les changements climatiques, une autre source de préoccupation est l’exploitation anarchique de l’orpaillage, qui génère des impacts environnementaux et sanitaires désastreux. « Chaque nouveau site d’orpaillage nécessite la déforestation et l’utilisation de produits chimiques, » explique Diarra. Ces substances, souvent toxiques, se retrouvent dans les sols et les cours d’eau, entraînant des malformations chez les enfants et des maladies graves telles que le cancer.

Défis structurels et institutionnels

En tant qu’ONG, Mali-Folkecenter Nyetaa se heurte à des problèmes de financement et de coordination. « Le Mali consacre une part importante de son budget à l’environnement, mais cela ne suffit pas. Nous dépendons en grande partie des financements internationaux pour mener à bien nos projets, » regrette Diarra. L’absence de coordination entre les acteurs du secteur environnemental est un frein majeur. « Nous avons mis en place le Réseau Climat Mali pour rassembler les parties prenantes, mais il faut une meilleure synchronisation des efforts pour avoir un impact significatif. »

Il insiste également sur l’importance d’un cadre réglementaire fort et suivi. « Beaucoup de lois existent déjà, mais elles ne sont pas appliquées, » déplore Diarra, évoquant l’exemple d’une loi sur la gestion des forêts qui date de l’ère ATT mais qui n’a jamais été mise en œuvre efficacement.

Des signes d’espoir, mais encore du chemin à parcourir

Malgré les défis colossaux, des initiatives locales montrent que le changement est possible. « L’autre jour, un collectif a planté des arbres autour de la colline de Koulouba, une action symbolique mais cruciale pour ralentir l’érosion et protéger l’environnement, » raconte Diarra. Toutefois, il est convaincu qu’il faut un changement profond des mentalités pour que de telles initiatives se multiplient et aient un impact durable.

Un appel à l’action

Face à la gravité de la situation, il est impératif que l’État malien, les ONG, et la population collaborent pour mettre en œuvre des solutions durables. La protection de l’environnement n’est pas seulement une question d’éthique, mais une nécessité pour la survie des générations futures.

Oumar ONGOIBA

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