Il faut le dire : L’AES face à l’axe Alger-terrorisme

Le drone malien abattu par les autorités algériennes n’est pas qu’un engin de surveillance fauché en plein vol. C’est le symbole d’un acte hostile, délibéré, qui révèle une vérité que beaucoup pressentaient, mais que l’Algérie feignait de dissimuler sous les habits d’un voisinage fraternel : Alger ne veut pas la stabilité au Sahel, sauf si elle en tient les rênes. Et ce qui choque davantage, c’est le contexte précis dans lequel cet acte a eu lieu. À un moment où le Mali multipliait les gestes d’apaisement, tentant de rétablir un minimum de confiance, Alger a préféré sortir les crocs. À peine quelques semaines avant cet incident, le Président Assimi Goïta nommait l’un de ses hommes de confiance, son ancien Chef d’État-major, comme nouvel ambassadeur du Mali à Alger. Un signal fort, diplomatique, sincère. Mais apparemment mal interprété par le régime algérien, qui y a vu une ouverture pour frapper. Elle a attendu ce moment de désamorçage diplomatique pour appuyer sur la gâchette.
À ce jour, le régime algérien, dans un silence assourdissant, refuse de livrer les coordonnées géographiques précises du lieu de la frappe. Or, le Mali, lui, a fait preuve de transparence : il a fourni les données prouvant que son drone a été abattu dans son propre espace aérien. Que cache Alger ? Quelle ligne a-t-elle franchie, au juste, et pourquoi ce mutisme si ce n’est pour éviter d’exposer une incursion aux relents d’une revendication territoriale inavouée ?
Ce n’est pas une première. Le jeu trouble des autorités algériennes dans la région est un secret de Polichinelle. Mais cette fois, l’ambiguïté a laissé place à la confrontation. Et que l’on ne s’y trompe pas : la destruction d’un drone malien en pleine mission de sécurisation n’est pas un accident. C’est une agression. Et c’est aussi une tentative de sabotage de l’effort collectif de l’AES dans la lutte contre le terrorisme.
Quel est le vrai schéma de l’Algérie ? Se donne-t-elle pour mission de saboter l’AES de l’intérieur ? Espère-t-elle, par des alliances ciblées comme son projet énergétique avec le Niger, diviser les membres de l’Alliance des États du Sahel ? Si tel est le plan, le coup est raté : le communiqué conjoint de l’Alliance des États du Sahel (AES) condamne avec force les agissements terroristes – le mot est fort et juste – de l’Algérie.
Depuis trop longtemps, Alger manœuvre pour faire des pays sahéliens sa zone d’influence exclusive, une sorte d’arrière-cour stratégique où elle dicterait les équilibres à coups d’ingérences, de complicités douteuses et de deals obscurs avec certains groupes armés.
Mais les temps ont changé. L’AES n’est pas un terrain de jeu. Et les peuples du Sahel ne sont plus disposés à rester les pions du cynisme géopolitique algérien.
… Sans Rancune
Wamseru A. Assama


