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Mali/Guinée 14ème Édition de la Journée Africaine des Frontières : Les défis de stabilité et de développement aux cœurs des débats

À Djoulafoundo, à la frontière entre le Mali et la Guinée, la 14ème édition de Journée Africaine des Frontières tenue du 7 au 10 juin 2024 a marqué un tournant décisif dans le cadre de la coopération transfrontalière entre Bamako et Conakry, « deux poumons d’un même corps ». Placé sous le thème de : « La stabilité, la prévention des fragilités, et la promotion du développement », ce grand rendez-vous a été rendu possible grâce au Projet d’appui à la prévention des conflits et renforcement de la résilience économique des communautés transfrontalières de la Guinée et du Mali mise en œuvre par le PNUD, financé par le fonds de consolidation de la paix-PBF.

A l’occasion, les acteurs locaux des deux pays se sont engagés à transformer les frontières en ponts de coopération, de paix et de prospérité. Une journée qui redéfinit les frontières non comme des barrières, mais comme des passerelles vers un avenir meilleur pour les communautés transfrontalières.

Des défis majeurs

Les habitants de l’espace frontalier Djoulafoundo-Nafadji sont confrontés à des crises économiques et foncières persistantes. Parmi les principaux problèmes identifiés par la population figurent : la libre circulation des personnes et des biens, les prélèvements douaniers doubles, les conflits liés aux sites d’orpaillage illégal et les litiges fonciers concernant les terres agricoles. Ces défis menacent la stabilité et le développement de cette zone stratégique.

Des propositions robustes

Les habitants de cet espace ont proposé plusieurs solutions pour sortir de cette crise. Ils demandent notamment le renforcement des cadres de concertation locaux pour anticiper les conflits transfrontaliers, l’abolition des frais de péage doubles, une meilleure régulation de l’orpaillage, et la mise en place d’infrastructures communes telles que des écoles et des hôpitaux pour consolider la paix et promouvoir le développement.

Engagement pour la Paix et le développement

Seydou Ouane, Directeur National des Frontières du Mali, a souligné l’importance cruciale de cette journée : « Cette journée est d’une importance particulière. Elle permet de mettre la question des frontières au cœur des débats et de trouver des solutions communes aux problèmes communs de nos espaces frontaliers.» Il a mis en lumière le Projet d’Appui à la Prévention des conflits et renforcement de la résilience économique des communautés transfrontalières de la Guinée et du Mali, essentiel pour consolider la paix et soutenir les communautés frontalières.

Des frontières comme passerelles

Mme Aminata Sobra Bancoura, Directrice Générale Adjointe des Frontières et des Libertés Publiques de la Guinée, a rappelé que les frontières ne doivent pas être des barrières mais des passerelles : « La journée africaine des frontières est fêtée non pas parce que les frontières sont mises en place et que les populations sont séparées, mais parce que les frontières sont devenues des passerelles. » Elle a souligné l’efficacité des Groupements Locaux de la Coopération Transfrontalière (GLCT), qui jouent un rôle crucial dans la gestion pacifique des frontières.

Une culture de paix et de sécurité

Monsieur Oumar TRAORE, Président du GLCT Siguiri-Kangaba et non moins Maire de Kaniogo, a insisté sur l’importance de la paix et de la stabilité pour le développement : « On ne peut pas parler de développement sans parler de paix, de stabilité. Le vivre ensemble, une fois que c’est complètement acquis, il y aura le développement au niveau de nos frontières. ». Il a appelé les populations à cultiver le vivre-ensemble et à renforcer la paix et la tranquillité.

Une collaboration fructueuse

Le 1er Adjoint au préfet de Kangaba a exprimé sa gratitude aux autorités des deux pays pour leur engagement : « Cette rencontre transfrontalière est très capitale pour nos deux pays frères, surtout dans le domaine de la coexistence pacifique. » Il a évoqué le Plan Transfrontalier de Développement Local (PTDL) élaboré par le GLCT Siguiri-Kangaba, qui vise à promouvoir et coordonner les actions de coopération transfrontalière pour la période 2022-2026.

Moussa Sagara, a également mis en avant les défis sécuritaires et économiques : « Sans sécurité, il n’y a pas de développement. » Il a appelé à des initiatives communes entre les deux populations pour renforcer le vivre-ensemble, notamment dans le domaine du maraîchage.

Paix durable et développement intégré

Le préfet de Siguiri, Dr Maramani Cissé, a souligné l’impact positif des initiatives transfrontalières, en particulier pour l’autonomisation des femmes : « La vision est d’assurer l’indépendance et l’initiative des femmes. »

Monsieur Pierre Antoine – Archange du Secrétaire du Fonds pour la Consolidation de la Paix au Mali, a rappelé le soutien financier au projet d’appui à la prévention et à la gestion des conflits dans les espaces transfrontaliers du Mali et de la Guinée. Il a noté l’engouement des populations et des autorités pour ce projet, qui vise à soutenir les populations locales en particulier les femmes et les jeunes.

Appel à l’action

Sous le manguier central de la cour du chef de village de Djoulafoundou, les habitants des dix communes frontalières ont partagé leurs préoccupations et proposé des solutions. Un comité de huit personnes (quatre Maliens et quatre Guinéens) a été mis en place pour travailler avec le GLCT et les autorités des deux pays afin de résoudre les conflits inter et intra-communautaires.

Toujours sur la préoccupation récurrente des populations, les autorités ont appelé la population à se conformer aux lois, notamment en obtenant les vignettes pour leurs véhicules et en veillant à ce que les biens soient acquis légalement. Elles ont aussi souligné l’importance de développer des infrastructures communes (écoles, hôpitaux, terres agricoles) pour consolider la paix et le vivre-ensemble.

La 14ème édition de la Journée Africaine des Frontières a été un succès retentissant, marquée par une volonté commune de transformer les défis en opportunités. À Djoulafoundo, les frontières ne sont plus des lignes de division, mais des ponts vers un avenir partagé de paix, de sécurité et de développement. Cette journée est un témoignage vibrant de la coopération transfrontalière et de l’engagement des communautés locales à bâtir un futur meilleur pour tous. A noté que c’est la PNUD qui, à travers le projet d’appui à la prévention des conflits et renforcement de la résilience économique des communautés transfrontalière de la Guinée et du Mali a appuyé la Case des Associations (CASA) pour l’organisation de la journée africaine des frontières DJOULAFOUDO-NAFADJI à la frontière Mali-Guinée. Autres partenaires qui soutiennent le projet : Les gouvernements du Mali et de la Guinée à travers les Directions Nationales en charge des Frontières, le Fonds pour la consolidation de la paix et le GLCT Siguiri – Kangaba.

La journée Africaine des frontières a été initiée à la suite de la recommandation par les ministères africains en charge des questions des frontières le 25 mai 2010 en référence à la date de lancement du programme frontalier de l’Union Africaine. La commémoration de la journée africaine des frontières est l’opportunité d’éliminer les sources de tensions aux frontières des Etats, de faires des zones frontalières des espaces de paix, de sécurité, d’intégration pour un développement intégré.

Adam Maiga, Envoyée Spéciale

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