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Sommet de l’Etat: les relations entre le Président et le Premier ministre n’ont guère été paisibles au Mali. La crise divise généralement le Tandem !

Au sommet de l’Etat, au Mali, il n’y a pas de duo politique heureux. Les tensions entre le Président et le Premier ministre sont inéluctables quelle que soit la couleur politique (démocratie), quels que soient les contextes (transition).
Dans les régimes présidentiel, semi présidentiel et militaire africains où le chef du gouvernement n’a qu’un rôle réduit et où le chef de l’Etat dispose de l’essentiel du pouvoir exécutif, les disputes sont fréquentes notamment à cause des difficultés à s’accorder sur la gestion du pays. Au Mali, avec notre régime semi-présidentiel, les épiements, les tempêtes entre Koulouba et la Primature apparaissent au grand jour. Souvent pour toujours.
Le tandem Goïta-Maïga a beau être soudé, comme furent ceux que formaient Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keïta, Amadou Toumani Touré et Ousmane Issoufi Maïga ou encore entre Ibrahim Boubacar Keita et Abdoulaye Idrissa Maïga, il ne se soustrait pas à la norme. Choguel Kokalla Maïga est la fidélité incarnée, Assimi Goïta le concerte. Leurs rapports sont francs et sympathiques, mais cela n’exclue en rien les désaccords. Qu’ils s’agissent des Assises nationales reportées sine die, des tensions avec la Cédéao et la France. En réalité, chaque crise divise. Maïga est fluctuant, politiquement. Il est aussi adepte du risque. Goïta est austère et stratège, militairement. Maïga choisit de s’exposer, Goïta avance à couvert.
Pour l’instant, des deux côtés, les rapports de force s’équilibrent. Mais, déjà, le report des Assises nationales, les tensions géopolitiques croissantes dans le Sahel et l’usure du pouvoir n’excluent pas l’apparition des hauts et des bas dans leurs relations. Le tandem n’est guère un long fleuve tranquille. En fait, il ne l’a jamais été.

La solidité des liens n’empêche pas les rivalités
En 1969, Moussa Traoré et Yoro Diakité se séparent violemment, pourtant compagnons d’armes et membres du CMLN, Comité militaire de Libération nationale. Accusé de coup d’Etat contre Moussa Traoré, Yoro Diakité meurt en détention à Taoudéni. En 2000, Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keïta rompent brutalement. En 2011, Amadou Toumani Touré et Modibo Sidibé se séparent froidement, malgré la force de leurs liens. En 2012, Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra ont formé un tandem marqué par les éclats. En 2017, Ibrahim Boubacar Keita et Abdoulaye Idrissa Maïga forment un des couples éphémères, alors que le premier considérait le second comme un de ses fidèles et probes soutiens. Sous la 3eme République, entre le Président et le Premier ministre, leurs relations sont caractérisées par l’imprévisible. L’objectif n’est pas d’opposer à tout prix les deux chefs de l’exécutif, mais de donner à comprendre que la solidité de leurs liens n’empêche pas les rivalités, surtout si le Premier ministre a des ambitions présidentielles.

Être porteurs d’avenir
Les tandems ont souvent opposé le président et son chef de gouvernement. Entre Ibrahim Boubacar Keita et Alpha Oumar Konaré, la confiance s’est dégradée lorsqu’IBK a commencé à rêver de Koulouba. L’ambition présidentielle de Mandé Sidibé, Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré sous son dernier mandat, rendait suspicieux ses rapports avec le chef de l’Etat. En revanche, pas d’objectifs présidentiels chez Ousmane Issoufi Maïga, Diango Sissoko ou Younoussi Touré. Donc, les agacements étaient contenus. Mais, un Premier ministre qui lorgne en direction de Koulouba est un chef de gouvernement à problèmes. Assimi Goïta et Choguel Kokalla Maïga n’en sont pas encore là. Certes, il n’y a pas de rivalité ouverte entre le Président et son chef de gouvernement. Mais l’extrême imprévisibilité du contexte sécuritaire actuel, le populisme ambiant et les tensions avec la Cédéao n’excluent aucune hypothèse. Leurs désaccords viendraient de la malédiction d’avoir deux chefs pour le même pays. En attendant, Goïta et Maïga doivent être porteurs d’avenir, de changement pour le Mali, sans esprit triomphant et revanchard. Car c’est périlleux. Nul doute qu’ils ne doivent pas être insensibles à la mauvaise gestion et à l’impunité, cause de la crise du Mali. Mais sans déni.
Pour finir, 3 questions :
Quand en est-il de la satisfaction des besoins sécuritaires, éducatifs ou sanitaires des Maliens ? Quand en est-il du sentiment d’appartenance à la nation ?
Qu’en est-il aussi de l’organisation des élections libres et transparentes ?

Mohamed Amara
Sociologue

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