Interview : Mylmo joue des mots et se joue d’«Eux»
Dans ses deux chansons « Coup de Point d’Interrogation (CPI) » et « Entre le Camp et la Mosquée (ECM) », l’artiste Mamadou Soumounou alias Mylmo N Sahel décrypte la situation socio-politique du Mali.
Les derniers événements majeurs qui ont secoué la nation malienne ont interpellés plus d’un. Hommes politiques, acteurs de la société civile et artistes chanteurs, tout le monde a quelque chose à dire sur la situation.
En observateur avisé, l’artiste Mamadou Soumounou dit Milmo n’est pas resté en marge. A travers deux composition musicales, inspirées des annales de l’histoire et de l’actualité, le « Gandhi du rap malien » dénonce, interpelle, s’interroge et propose ses pistes face à l’impasse.
L’artiste s’exprime dans une interview au micro de notre reporter Fatoumata Djiguiba.
Journaliste : Du PCI à l’ECM, d’où vient cette inspiration musicale qui interpelle le peuple et ses dirigeants ?
Mylmo : « Coup de Point d’Interrogation (CPI) » et « Entre le Camp et la Mosquée » fait allusion à la Cour Pénale Internationale (CPI), d’une part. Et d’autre part, à l’Education Civique et Moral (ECM). Ce jeu de mots est en même temps une combinaison rationnelle qui pousse à s’interroger sur les problèmes du Mali dans leurs profondeurs.
L’objectif est de dénoncer mais aussi et surtout de proposer des solutions. Pour moi, ce qui importe c’est de donner mon avis. Milmo ne se prend pas pour un prophète, de même il n’est pas cet artiste politicien qui essaye d’aider une parti au détriment d’une autre. Je suis plutôt impartial et me range du côté des artistes de la vérité. Seule la vérité, amère fut-elle, peut suffire à remettre le pays sur le bon et droit chemin ; le chemin de la refondation!
Je tire ainsi mon inspiration en partant de la quête de vérité.
De YABE 2012 à Coup de Point d’Interrogation en passant par Entre le Camp et la Mosquée, vous répétez sans cesse que la solution n’est pas dans le changement des présidents mais qu’elle se trouve dans le changement du malien lui-même. Comment expliquez-vous cela ?
vous savez, le Mali a connu plusieurs coups d’Etat. Modibo Keita, Moussa Traoré, ATT et d’IBK, ils ont tous connu et posé des actes qui ont mis le pays en retard au lieu de le faire avancer. Ce qui prouve à suffisance que le problème n’est pas une question de président mais de comportement, d’éducation.
Il faut qu’on se remette en question pour aller au changement plutôt que de prendre les autres pour responsable de nos malheurs. Comme le disait Mahamat Gamdi « avant de vouloir changer le monde, change la petite partie mauvaise que toi-même tu as ».
Dans ces chansons, la description des faits selon vous, montre que le Coup d’Etat était une mise en scène et les acteurs sont le président IBK et la France. Selon vous, pour quel intérêt et au nom de quoi, ces derniers ont posé cet acte ?
C’est une question difficile mais elle mérite d’être répondue. On ne peut parler de l’enfant sans parler de son père. Aujourd’hui comme depuis toujours, la France se présente comme le père de la Nation malienne. Cette France s’est placée au centre du développement du pays, au point que les maliens eux-mêmes ne peuvent poser un seul acte sans son implication.
Dans la chanson ‘’CPI’’ il est question de se demander comment IBK a pu se laisser arrêter par les jeunes militaires alors que l’ONU et la France pouvaient lui venir en aide ?
Comment comprendre, comme par un coup de hasard que le premier ministre Boubou Cissé était chez IBK le jour du coup d’Etat, alors que la famille présidentielle avait pris ses dispositions pour se mettre à l’abri ?
Il y’a donc anguilles sous roche et la complicité de la France ne fait aucun doute. L’intérêt recherché ici pourrait se justifier par la préservation des intérêts de cette franche, qui craignait que des anti-impérialistes ne prennent le contrôle du pays. Il fallait donc trouver une solution à l’amiable en sauvant la tête de IBK, de sa famille et celle de la franche. Voilà en quoi, les actes posés peuvent être justifiés.
Vous dites que les évènements se déroulent Entre le Camp sur la Coline et la mosquée de Djidalabougou De quelle mosquée parlez-vous exactement ?
Mylmo : je traduis mes mots en transmettant un message qui ne porte atteinte à personne ; ni vouloir choquer aussi. La Mosquée de Djidalabougou est celle située au bord du fleuve dont tout le monde connait et parle.
Propos recueillis par Fatoumata DJIGUIBA