Les groupes armés du nord débarquent chez l’ambassadeur de la Russie au Mali.
Un lobby stratégique pour faire échouer le projet Wagner
Alors que le Mali revendique « le droit de coopérer avec n’importe quel partenaire » dans l’intérêt de la défense du pays, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), à l’instar de la France ne cesse de multiplier la pression pour y faire obstacle, notamment pour le cas de la société privée Russe Wagner.
Samedi 09 Octobre 2021, les groupes armés du Nord ont démarché l’Ambassadeur de la Russie afin de souligner leur inquiétude, ou du moins leur opposition à l’arrivée de Wagner.
Pour le porte-parole Moussa Ag Acharoutamane de la CMA l’option Wagner « n’est pas une solution », comptes tenus des résultats peu palpables déjà enregistrés avec les forces étrangères, notamment Barkhane, MINUSMA et G5-Sahel.
« Nous pensons que la priorité doit être donnée l’armée reconstituée qui est prévue dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Si on a des moyens, des coups de milliards qu’on peut donner, je pense qu’on doit d’abord le donner à nos forces de défense et de sécurité reconstituée », a affirmé le porte-parole en marge de la rencontre avec le diplomate Russe.
L’on comprend ainsi que la démarche est comparable à celle de la France qui se bat contre vent et marrée pour empêcher à Bamako de signer tout accord avec des paramilitaires Russes. Dans cette affaire, il faut donc voir un lobby coordonné dont l’Elysée serait au manœuvre. En dépêchant la CMA auprès de l’ambassadeur de la Russie, les partis entendent jouer sur la fibre sensible, c’est-à-dire mettre en garde pour la reconstitution d’une nouvelle rébellion au Nord du pays.
Quel impact cette rencontre pourrait engendrer sur l’arrivée de Wagner au Mali ?
S’il faut s’en tenir à la déclaration du Ministre des Affaires étrangères Russes, Sergueï Lavrov, la manœuvre semble être échouée d’avance car ‘’la Russie en tant qu’Etat n’a pas à s’insérer dans les relations entre le gouvernement du Mali et les sociétés privées de sécurité Russe.’’ En d’autres termes, l’Ambassadeur Russe au Mali ne dispose pas assez de compétence pour s’immiscer dans cette affaire.
Certes, la pression peut servir à la cause de la France et de la CMA, mais elle ne pourrait mettre en échec la détermination des colonels au pouvoir qui entendent rouler avec la Russie via Wagner.
C’est pourquoi lors de son interview à l’agence de presse russe RIA Novosti, évoquant l’attitude de la France et ses alliées à l’égard de la nouvelle politique de défense de notre pays, le PM Choguel Maiga a dénoncé un chantage, tout en rassurant que « ce chantage ne sera pas une raison pour mettre fin à la coopération avec des partenaires fiables comme la Russie. »
Oumar ONGOIBA