Le PM charge de nouveau la France pour déstabilisation et propagation du terrorisme au Mali.
Faut-il craindre des représailles de la part de l’Elysée ?
Dans un entretien accordé à RIA Novosti le 8 octobre2021, le premier ministre Choguel Maïga accuse la France d’empêcher l’entrée de l’armée malienne dans la ville de Kidal, mais également d’avoir livré celle-ci à des groupes armés non gouvernementaux. Ces propos surviennent dans un contexte de tensions entre Bamako et Paris, dues notamment à l’indignation affichée par la France face à la perspective d’une coopération entre le Mali et la société de sécurité privée russe Wagner.
Moins d’une semaine le premier Ministre jouait à la carte de l’apaisement. « La France et le Mali constituent des vieux couples. Il y’a par moment des scènes de ménage qui peuvent survenir mais je ne crois pas que ça va aboutir au divorce », a-t-il affirmé. Mais nous y voyons le contraire à cette nouvelle sortie.
Interrogé par l’agence de presse russe RIA Novosti sur un potentiel financement étranger de groupes terroristes dans son pays, le Premier ministre de transition a d’abord fait référence aux conséquences de la chute du pouvoir de Kadhafi en Libye, liée à l’intervention de l’OTAN en 2011 : « Vous savez, les terroristes d’abord sont venus de Libye. Qui a détruit l’Etat libyen ? C’est le gouvernement français avec ses alliés », a ainsi déclaré le chef du gouvernement.
Choguel Maïga a ensuite épinglé les liens entre des groupes armés et la France. « Arrivée à Kidal, la France a interdit à l’armée malienne d’y entrer. Elle a créé une enclave », a assuré le dirigeant. Selon lui, les Français ont « pris » deux adjoints du chef de l’organisation terroriste Ançar Dine afin de « former une autre organisation ». Les Français ont également, d’après le Premier ministre, « allés chercher les dirigeants du MNLA à qui on a « remis Kidal. »
« Le gouvernement malien jusqu’à présent n’a pas son autorité sur la région de Kidal. Or, c’est la France qui a créé cette enclave, une zone de groupes armés qui sont entraînés par les officiers français. Nous en avons les preuves », a résumé le chef du gouvernement lors de la même interview. Ces accusations rappellent des propos que tenaient, en 2019, Nicolas Normand, ex-ambassadeur de France à Bamako. Evoquant auprès de RFI les suites de l’opération Serval de janvier 2013 qui a précédé l’opération Barkhane, il déclarait : « Sur le principe, l’opération Serval de janvier 2013 était une excellente opération. C’est-à-dire qu’il fallait empêcher les différents groupes djihadistes réunis de déferler vers le sud et éventuellement vers Bamako. Le problème, c’est que la France a cru ensuite distinguer des bons et des mauvais groupes armés […] L’armée française est allée rechercher les séparatistes Touaregs du MNLA pour leur donner la ville de Kidal. Cela, c’est une erreur importante. »
Cette nouvelle sortie du PM constitue un nouveau coup de froid sur les relations franco-maliennes. La France ne lâche pas crise et continue de faire obstacle à l’arrivée de Wagner au Mali à travers des lobbys mises en place. C’est notamment la raison pour laquelle, le PM dénonce les pays tels que la France qui « bloquent, recourent au chantage, s’ingèrent dans les affaires intérieures » du Mali lorsque Bamako veut être « entouré » par d’autres Etats. « Ce chantage ne peut affaiblir notre détermination à protéger notre territoire, notre pays. Ce chantage ne sera pas une raison pour mettre fin à la coopération avec des partenaires fiables comme la Russie », a-t-il développé.
Ces déclarations fracassantes constituent une bombe lancée à l’égard de la France, toute chose qui ne resterait pas sans conséquence, d’autant plus que Paris est remontée en bloc suite au dernier incident diplomatique qui a conduit à la convocation de l’ambassadeur Joël Meyer par le gouvernement du Mali.
Oumar ONGOIBA