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SANCTIONS ET TRANSITIONS

Réflexions sur la gestion des Coups d’État par la CEDEAO

La question à laquelle la CEDEAO est confrontée ne se limite pas à la fréquence des coups d’État, que nous condamnons tous unanimement. Elle concerne principalement la manière de les aborder lorsqu’ils surviennent dans les pays membres. Nous sommes d’avis que les sanctions sévères automatiques ressemblent davantage à une punition collective qui affecte principalement les populations innocentes, aggravant les difficultés économiques des pays déjà en crise. De nombreuses personnes qualifient ces sanctions d' »injustes ».

En outre, la mission première de la CEDEAO est l’intégration de nos États en vue d’accélérer le développement économique et de réaliser le bonheur et la prospérité de nos populations. Les sanctions, prises sans évaluer leur impact sur les populations et le développement des États membres, vont à l’encontre de cet objectif majeur de la CEDEAO. Les statistiques sur la performance des pays membres ayant subi des sanctions mettent en évidence leur impact négatif, y compris pour les pays membres dont les échanges ont diminué avec les pays sanctionnés.

La démocratie ne se réalise pas de manière spontanée ; elle est un processus qui passe nécessairement par une phase d’apprentissage. Elle ne peut malheureusement pas être imposée de l’extérieur par la force, y compris par la CEDEAO, qui ne peut pas se substituer aux populations et prendre des décisions à leur place. C’est aux populations d’imposer la démocratie à leurs dirigeants. La CEDEAO doit tenir compte de leur volonté dans ses prises de décisions en organisant des consultations sur le terrain impliquant tous les acteurs.

En ce qui concerne la gestion post-coup d’État, l’objectif de la CEDEAO devrait être le retour rapide du pays à l’ordre constitutionnel normal par le biais d’élections libres et transparentes. La CEDEAO devrait également convenir avec les autorités militaires des délais de transition, des organes à mettre en place, des textes fondamentaux de la transition, ainsi que d’un programme d’activités de la transition. Il est essentiel que tous ces éléments soient élaborés de manière consensuelle avec tous les acteurs concernés dans le pays membre.

Les sanctions ne devraient être qu’un outil de dissuasion, utilisé en dernier recours. Des incitations pourraient également être envisagées en apportant un appui financier au pays membre pour l’organisation des élections et la réalisation des réformes, le cas échéant. L’association de sanctions et d’incitations pourrait constituer une approche plus efficace pour obtenir des résultats des transitions post-coups d’État.

La finalité de l’intervention de la CEDEAO doit être d’accompagner les pays pour réussir leurs transitions dans les délais les plus courts possibles en revenant à l’ordre constitutionnel normal. Sanctionner les États membres ne devrait pas être un objectif pour la CEDEAO, comme c’est le cas actuellement. Les transitions prolongées peuvent donner l’impression d’encourager les coups d’État. C’est une chose de les accepter lorsqu’ils sont soutenus par les populations, mais les faire durer sans contrainte de délai n’est pas normal. Le respect des délais convenus doit faire partie des critères d’évaluation du succès d’une transition.

Sur le plan économique, les transitions prolongées peuvent avoir un coût élevé en raison de l’incertitude qu’elles génèrent, notamment par la baisse des investissements (certains choisissent de différer leurs investissements) et la fuite de capitaux vers l’extérieur. L’incertitude, par nature, accroît le risque pour les investisseurs.

Opinion du Citoyen Lambda

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